Littérature québécoise
Comment 1

Le retour de la bête à Goudreault

*La deuxième partie de cet article est écrite par Karina L. Gazaille qui était présente au lancement montréalais du roman.

Alors que dans le premier roman de David Goudreault, La bête à sa mère, on a fait la connaissance d’un jeune homme accidenté de la vie, victime d’une enfance orageuse et qui a bifurqué sur le mauvais chemin; on a maintenant affaire à un homme tout aussi fragile, mais aussi fier de se considérer comme un tueur en série.

J’ai encore tué quelqu’un. Je suis un tueur en série. D’accord, deux cadavres, c’est une petite série, mais c’est une série quand même. Et je suis jeune. Qui sait où les opportunités me mèneront? L’occasion fait le larron, le meurtrier ou la pâtissière. C’est documenté.

Ceux qui ont lu premier tome ne seront pas étonnés de retrouver, cette fois-ci, la bête dans l’aile psychiatrique d’un pénitencier. En quête de reconnaissance, notre carencé émotionnel tente maintenant de monter dans la hiérarchie criminelle. Il subit et commet des gestes d’une grande violence, essayant tant bien que mal de faire sa place dans l’univers cruel de la vie carcérale. En plus d’être une histoire sur le thème de la criminalité, La bête et sa cage est une histoire d’amour, bien que dérangeante. Fabulant encore sur une relation idéalisée avec sa mère, il croit maintenant avoir trouvé l’amour avec une agente correctionnelle. Il est déconnecté; sa perception de la réalité est complètement tordue.

Elle était belle ce jour-là, plus belle à chaque jour qui passait. Elle portait ses cheveux détachés, c’était rare et révélateur. Elle me demandait, encore, personnellement, comment j’allais. La femme amoureuse est un livre ouvert à la page du cœur. Je lisais en elle. Déchirée, elle ne savait plus comment poursuivre notre relation sans entraver ses ambitions professionnelles. Elle s’attachait, j’allais faire le nœud.

Ce deuxième roman de la série est violent, dérangeant, et ce, sans pour autant manquer d’humour. Le personnage principal est complexe et il est presque impossible de ne pas voir la petite bête blessée au cœur du psychopathe. L’auteur a une plume brillante; il a la qualité de faire confiance à l’intelligence de ses lecteurs et il possède une imagination qui fait sourire. Bien que les thèmes de son histoire soient rudes; son indéniable sens du rythme, son humour noir et ses formules plus punchées les unes que les autres allègent la lecture et rendent le tout très divertissant. Je vous conseille de lire ce roman dans lequel chacune des phrases, des idées, vous feront pâlir de jalousie de ne pas les avoir écrites vous-mêmes!

David Goudreault a une plume intelligente, drôle et incisive; c’est documenté.

 

Karina :

« 27 avril, à l’Escalier, Montréal.
Je suis au lancement de La bête et sa cage. Je me procure deux exemplaires, un pour moi et l’autre pour mon ami qui arrive plus tard. En entendant que celui-ci arrive, je m’assois à une table pour commencer ma lecture de la bête. Mais, que vois-je? David Goudreault faisant une entrevue à la table en face de la mienne. À la fin de celle-ci, il se dirige vers moi pour me serrer la main et me jaser. C’est ce que j’aime de David, c’est qu’il réussit à nous faire sentir unique. Il est souriant et facile d’approche. Après les dédicaces, le voilà sur scène où nous avons droit à quelques extraits de son p’tit nouveau et à plusieurs remerciements.
Je venais tout juste de lire La bête à sa mère. Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas lu un livre avec une telle passion! J’étais complètement absorbée par l’histoire. Déjà que je suis en amour avec l’auteur (j’ai souvent écouté ses vidéos de slam et j’admire ses engagements sociaux). J’avais cependant quelques petites attentes. En fait, quelques lecteurs-trices m’avaient beaucoup parlé de la cruauté du personnage envers les animaux, et je ne sais pas pourquoi, mais je m’attendais à plus. Quoique je me dis que c’était juste assez, ne retrouvant pas d’exagération. Ainsi, mon amour pour cet homme ne fait que s’agrandir, à la suite de la lecture de son premier roman. Malgré que son personnage soit totalement détestable, la lecture est facile. En fait, elle est fluide et remplie d’humour.
J’étais très impatiente de retrouver ce personnage fascinant. Goudreault a une écriture poignante. Il nous fait vivre diverses émotions avec son personnage sans nom que nous surnommons la Bête. Il réussit à nous le faire détester par ses propos sexistes, machistes, sans dessins, sans morales, mais à vouloir à la fois le serrer fort dans ses bras pour le réconforter. Au final, on réussit à avoir pitié de celui-ci, tellement ses perceptions de la nature humaine sont dérangeantes. La seule chose qu’il semble comprendre est les animaux. Après tout, c’est sur eux qu’il a le plein contrôle.
La Bête est maintenant en prison. Pour lui, c’est une nouvelle aire de jeu, disons un peu plus structurée. Il a enfin la chance d’être un vrai criminel, mais surtout un vrai « toffe ». Sauf que son impulsivité lui causera bien du tort. Ses partenaires de cellule utiliseront sa folie pour mettre à jour leur plan, mais tête dure comme il est, la Bête se mettra encore plus dans le trouble.
Ce que j’apprécie de Goudreault, autre la construction de son personnage et sa magnifique plume, c’est sa façon à lui de réussir à nous faire réfléchir sur nos systèmes gouvernementaux. Dans le premier tome il est question des centres jeunesses (autrement dit, la Direction de la Protection de la Jeunesse (DPJ)), dans ce deuxième tome, le milieu carcéral et bientôt il sera question du milieu de la santé mentale. En fait, nous pouvons constater que nous ne pouvons enlever le travailleur social de l’auteur/poète.
Je suis déjà impatiente de retrouver la Bête, cette fois dans le milieu psychiatrique. »

 

Le fil rouge remercie Groupe Librex pour le roman.

This entry was posted in: Littérature québécoise

par

Kim se contente de peu mais de beaucoup de livres. Elle se passionne pour les mots; les laids autant que les beaux. La lecture est son activité favorite depuis qu’elle a lu Martine à la foire. Bien qu’elle aime diversifier ses lectures, elle a un penchant pour les romans québécois et les romans qui parlent de gens qui lisent des romans. Elle aime aussi les arts visuels, les visites au musée, le café, le chocolat, son gecko nommé Toytoy en l’honneur d’un panda et sa tortue nommée Vicky en l’honneur d’une Vicky. Grande anxieuse aimant relever des défis en surpassant la peur d’avoir peur, elle aspire à une vie sereine. En plus d’être collaboratrice chez Le fil rouge, elle travaille en tant qu’éducatrice spécialisée dans une garderie, animatrice dans un centre de loisirs et tutrice en alphabétisation au Y des femmes de Montréal. Entre ses engagements et ses lectures, on peut la croiser au gym, dans un cours de bodypump, focussant sur la position de ses genoux. On la décrit comme une fille rêveuse, empathique et créative.

Un commentaire

  1. Ping : Mettre un terme à la Bête | Le fil rouge

Laisser un commentaire

Entrer les renseignements ci-dessous ou cliquer sur une icône pour ouvrir une session :

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s