Littérature étrangère
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39 longueurs dans une piscine en Grèce

Elle nage 39 longueurs, une pour chacune des années de sa vie. Elle nage et réfléchit. Fait le point sur son existence. Kat est en Grèce, son pays natal, avec sa fille, adolescente éprise des premiers émois amoureux et érotiques. Kat pense à sa relation avec le père de sa fille, à leur séparation et à l’infidélité. Elle pense à son rapport à sa fille, à la maternité et avec ce que cela a eu comme impact sur son couple. Sur son identité de femme. De l’autre côté de la piscine, il y a sa fille, magnifiquement pure, qui se fait courtiser par un jeune homme et qui a encore en elle toute l’espérance naïve des relations amoureuses.

Kat, en nageant, tente de trouver le moment exact/précis où son couple s’est brisé. Elle cherche la parole, le geste, le regard qui est venu changer l’entièreté de leur avenir. Bien convaincue de l’importance de plonger dans ses souvenirs pour trouver la nuance qui vient expliquer ce besoin si grand de venir en Grèce, avec sa fille. De prendre du recul face au quotidien.

Marianne Apostolides ajoute une forme d’écriture fort intéressante à ce roman en écrivant comme Kat nage. On sent dans la brièveté des mots les mouvements de bras, de respiration et de jambes du personnage. Pour apprécier ce court récit, il faut se laisser vaguer complètement au gré des mots. En intégrant très fréquemment le « / » entre les termes, entre les définitions, les émotions, on sent réellement le mouvement et les pauses du corps en connivence avec celui de la pensée.

Parfois, on lit une phrase et on ne la comprend pas. On relit et toujours pas. Je pense que c’est ainsi que l’histoire se doit d’être, comme en nageant, on suit le fil de l’eau et parfois il y a des pauses. Et on sent les pauses dans l’écriture, la vitesse des mots ralentir, du ton et des propos aussi. Ainsi, le fil de l’histoire se rend à destination, toujours. Kat arrive toujours de l’autre côté de la piscine. Elle nous entraîne dans un petit moment anodin de sa vie, son défi personnel de nager 39 longueurs, et ainsi, on a la chance de se plonger dans son intimité et de mieux comprendre les tourments qui l’ont amenée à se séparer du père de sa fille.

Bref, ce court petit roman d’introspection m’aura bien plu, précisément pour cette justesse de l’écriture. Ainsi, je ne peux passer sous silence le travail extraordinaire de Madeleine Stratford, la traductrice, car elle a su garder de la version originale ce mouvement relié à la nage dans l’écriture. J’ai refermé le livre éprise d’une envie de me retrouver au bord d’une piscine en Grèce, encore une fois.


Le fil rouge tient à remercier les Éditions La peuplade pour le service de presse

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Lectrice invétérée, Martine est bachelière en études littéraires et la cofondatrice du Fil rouge. Créative et inspirée, elle a l’ambition de faire du Fil rouge un lieu de rassemblement qui incite les lectrices à prendre du temps pour elles par le biais de la lecture. Féministe, elle s’intéresse aux paradoxes entourant les mythes de beauté et la place des femmes en littérature. Elle tentera, avec ses projets pour Le fil rouge, de décomplexer et de dédramatiser le fait d’être une jeune adulte dans une société où tout le monde se doit de paraitre et non d’être. Vivre sa vie simplement et entourée de bouquins, c’est un peu son but. L’authenticité et l’imperfection, voilà ce qui lui plait.

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