Le grand marin, premier roman de Catherine Poulain, c’est l’histoire de Lili, une Française qui abandonne tout pour aller pêcher à Kodiak, en Alaska.
En moins de deux minutes, ma libraire m’avait convaincue que ce roman était ce qu’il me fallait, mais je n’arrivais pas à m’expliquer mon engouement pour celui-ci, n’ayant jamais eu d’intérêt particulier pour le monde de la pêche hauturière, un milieu d’hommes solitaires, âpre et dur.
Malgré tout, j’étais pressée de me plonger dans ce livre, curieuse de comprendre ce qui peut bien motiver une Française à tout laisser derrière elle pour travailler illégalement sur des bateaux de pêche au bout du monde. Je crois que j’étais attirée par la singularité de l’histoire. Je voulais savoir comment Lili allait faire sa place parmi ces hommes. Je voulais savoir comment elle allait survivre à l’épreuve physique redoutable à laquelle les pêcheurs s’astreignent.
En lisant Le grand marin, il ne faut pas s’attendre à une histoire remplie d’intrigues, puisque ce livre n’est que le récit du quotidien de Lili dans ce lieu isolé du reste du monde. Celle-ci se fait embaucher comme matelot pour la pêche à la morue noire et au flétan sur le Rebel, où elle est la seule femme à bord. Elle fait ses preuves, apprend à la dure les rudiments de la vie sur un palangrier et, de retour au port, elle traîne dans la ville et dans les bars avec ses compagnons dans l’attente de rembarquer sur un bateau. Elle tombe même en amour avec celui qu’on appelle Le Grand Marin.
Bien que la vie d’un matelot soit plutôt répétitive, j’ai lu ce livre avec avidité. Le rythme est soutenu, les phrases sont courtes et chaque mot est bien choisi. J’ai été rapidement happée par le style de l’auteure qui relate avec force l’acharnement au travail des matelots malgré l’épuisement, le sang des poissons, le danger, le froid, le vent et la douleur. En voici un extrait :
Mais chaque matin à présent, le skipper nous réveille en criant. Il nous faut sauter dans nos cirés humides, moi dans mes bottes encore trempées. Pas le temps pour un café, le vent nous gifle, le ciel blanc nous éblouit. On n’a pas le temps de comprendre que l’on se retrouve plongés dans le froid et l’action, on passe d’un sommeil de brute à un demi-sommeil aveugle. Les mains gonflées ont du mal à se déplier, ces bras et poignets qu’il faut réveiller, forcer à reprendre vie. Les gestes sont mécaniques, rien ne compte plus que la ligne qui remonte, à laquelle il faut veiller et qu’il faut délester de sa prise. Pêcher, sans relâche.
Sans aucun doute, la force de ce roman réside dans les descriptions vives et vigoureuses de l’auteure. Elle nous fait ressentir magnifiquement l’exaltation du pêcheur lorsqu’il affronte la mer et sa solitude et sa détresse lorsqu’il pose les pieds au sol.
En prenant connaissance de la biographie de l’auteure, nous devinons que ce roman doit être en partie autobiographique. Catherine Poulain est une aventurière dont la vie est remplie d’expériences hors du commun. J’espère qu’elle continuera à écrire pour nous plonger dans ces univers loin de notre quotidien comme elle a su si bien le faire dans ce premier roman très réussi.
Et vous, avez-vous déjà été pris par surprise par un livre qui traitait d’un sujet plutôt rebutant aux premiers abords?
J’ai abordé ce livre avec le même doute que toi, pour finalement avoir l’impression de me retrouver embarquée moi aussi à bord d’un chalutier, au milieu des vagues, des poissons et des odeurs d’alcool. La plume de Catherine Poulain est d’une sincérité désarmante, je trouve.
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Si vous avez aimé, vous allez surement aussi apprécier la suite de l’article; une entrevue avec l’auteure. La voici : https://chezlefilrouge.co/2017/08/31/entrevue-avec-une-grande-aventuriere-catherine-poulain-auteure-du-roman-le-grand-marin/
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