J’étais chez une merveilleuse amie. Depuis quelque temps, j’essayais de lire plus d’essais. Je voulais toucher à tout, développer ma pensée critique, m’informer davantage. Ce livre se trouvait entre deux autres, dans sa bibliothèque, et je lui ai demandé si je pouvais l’emprunter. Acheter, c’est voter. Le cas du café, de Laure Waridel, est un livre que je n’avais pas encore lu. Si j’étais déjà conscientisée au commerce équitable, je n’avais pas pris le temps de vraiment en comprendre les enjeux. J’avais cependant envie d’en savoir plus et ce livre me donnait l’occasion de le faire.
Le titre, tout d’abord, vaut la peine qu’on s’y arrête. À lui seul, il résume toute la pensée du livre de Waridel. « Acheter, c’est voter » signifie, tout simplement, que nous avons, en tant que consommateurs, un énorme pouvoir. Et même si nous avons souvent l’impression de ne pas avoir le choix et d’être pris dans un système trop grand et trop complexe, c’est nous qui faisons pencher la balance, c’est nous qui, par nos achats, contrôlons le marché. Si tous les consommateurs décidaient qu’ils changeaient leur façon de consommer, qu’ils optaient pour des voies alternatives ou qu’ils n’achetaient plus certains produits, non seulement le monde s’en porterait rapidement mieux, mais le système n’aurait pas le choix de changer. Nous avons, consommateurs, beaucoup plus de pouvoir que nous le pensons.
Ensuite, pourquoi avoir choisi le café? Parce que, dit-elle, il est presque exclusivement cultivé dans les pays du Sud et majoritairement consommé au Nord. Aussi, parce que presque tout le monde en boit et qu’il est, par cela, un produit de très grande valeur commerciale. La culture du café, lorsqu’elle est faite de manière conventionnelle, est aussi la source de beaucoup d’exploitation, puisqu’elle demande un grand potentiel humain.
Ainsi, sans que nous le réalisions, le café que nous buvons quotidiennement nous relie aux écosystèmes de même qu’à ces hommes, ces femmes, ces enfants qui cultivent, récoltent, dépulpent, font sécher, sélectionnent, emballent et transportent les grains au goût amer. Il nous relie aussi à ceux et celles qui en font le commerce, le torréfient, le moulent, l’emballent et le vendent. Le choix de notre café, tout comme celui des autres produits que nous consommons, a une incidence sur la planète et ses habitants. Nous, être humains, sommes liés d’un bout à l’autre de la planète. Notre survie dépend des écosystèmes, dont nous influençons l’état tous les jours. Voilà pourquoi nous pouvons utiliser le pouvoir de nos choix de consommation pour contribuer à un partage plus équitable des ressources et à un plus grand respect de l’environnement. Voilà pourquoi acheter, c’est aussi voter.
Le livre de Waridel est très complet et extrêmement bien documenté. L’auteure nous invite, à travers les chapitres, à parcourir le contexte mondial actuel et à nous informer sur ce qu’elle appelle la « route conventionnelle » du café, dans laquelle il y a beaucoup trop d’intermédiaires, et où les gens qui cultivent le café, au début de la chaîne, ne sont pas suffisamment payés. Elle explique aussi l’histoire du commerce équitable et nous présente l’exemple de la coopérative UCIRI (dans l’état d’Oaxaca au Mexique), qui a mis en place le développement d’un commerce comme celui-là.
J’ai énormément appris à travers la lecture de ce livre, qui n’est ni alourdi par les chiffres et les statistiques, ni trop complexe. La verbalisation de l’auteure est en effet efficace et nous permet de bien suivre l’argumentaire qui est développé. J’ai découvert notamment le processus complet de transformation du café depuis sa cueillette jusqu’à la vente (non, les grains de café ne sont pas bruns lorsqu’ils poussent, mais bien verts), l’importance du couvert forestier, et la lecture m’a aidée à démystifier les processus de certification équitable.
Mais ce qui donne peut-être la plus grande chaleur au livre, ou qui contrebalance la recherche scientifique menée par l’auteure, c’est l’importance qui est accordée au côté humain. La théorie et l’argumentation sont entrecoupées de témoignages personnels de Laure Waridel, qui a partagé le quotidien de familles paysannes au Mexique, et ainsi, nous nous retrouvons au coeur d’une journée typique d’un cueilleur de café mexicain ou dans une famille prenant part au commerce équitable.
Bref, de cette façon, dans son livre, Laure Waridel nous invite à voir ce qui se passe au-delà de notre tasse de café et, plutôt que d’encourager un système d’échange qui perpétue les inégalités entre consommateurs du Nord et producteurs du Sud, à nous initier au commerce équitable, dans le but de chercher à développer un système d’échange alternatif. Et au final, c’est l’importance des gens, tout autour de la planète, qui ressort.
Chacun de nos choix a un effet sur la vie d’autrui et sur l’environnement. […] Si les étiquettes apposées sur ces objets nous permettaient de voir ces gens, nous ferions sans doute nos achats bien autrement.
Tout comme la démocratie, qui ne se limite pas à aller voter de temps à autre, la mondialisation de la justice sociale et environnementale n’est pas qu’un discours. Elle exige de passer de la pensée à l’action quotidienne. […] À nous de prendre le pouvoir au quotidien afin de construire le monde dans lequel nous souhaitons vivre et que nous souhaitons offrir à nos enfants. Un geste à la fois!
Et vous, tentez-vous de déjouer le processus de consommation traditionnel en favorisant des voies alternatives? La lecture de ce livre peut certainement vous aider à comprendre les enjeux du commerce équitable, comme il l’a fait pour moi.
Super article, que j’ai enfin pris le temps de lire!
C’est chouette que tu aies choisi de parler du commerce équitable ici. Ton texte me donne envie de revisiter le livre. 😉
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