Il y a quelques années, je me suis aperçue que mis à part Lucy Maud Mongmery avec Anne la maison aux pignons verts et Émilie de la Nouvelle Lune, je ne connaissais absolument rien à la littérature canadienne. Des auteurs québécois oui, bien sûr j’en avais lu plusieurs, mais je pouvais difficilement nommer un auteur d’une autre province.
Alors, lorsque la Canadienne Alice Munro a gagné le prix Nobel de littérature en 2013, je me suis empressée d’acheter un de ses recueils de nouvelles et je l’ai ajouté à ma longue liste de « à lire ». C’est trois ans plus tard que j’ai finalement ouvert le livre, prête à plonger dans l’univers d’Alice Munro.
Au moment où j’ai commencé son recueil Amie de ma jeunesse, je venais de lire plusieurs romans américains et je m’attendais à rester dans le même ton avec le même genre de références socioculturelles. Quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver dans un univers si proche et pourtant si différent du mien. Ni littérature québécoise, ni littérature américaine, j’avais l’impression de plonger dans un nouveau monde et de rentrer à la maison en même temps. Ce n’était assurément pas une pâle copie de la littérature américaine, les nouvelles avaient leur propre système de référence socioculturelle. Soudain, il n’y avait plus de distance entre francophones et anglophones, il y avait juste une expérience canadienne, une parmi tant d’autres possibles.
J’ai aimé ces voix de femmes, de l’Ontario à la Colombie-Britannique, qui nous offrent des petits bouts de leur histoire, profondément enracinée dans les grands espaces. Les grands espaces de la campagne canadienne, que ce soit au Québec ou en Ontario, ont tous quelque chose qui se ressemble, qui font de nous des bâtisseurs, un point d’union dans notre identité. Il est intéressant de voir les différents thèmes de l’œuvre : voyage, mariage, carrière, religion, éducation et bien d’autres encore, abordés à travers le regard de femmes. Le XXe siècle apparaît soudainement différemment, bien que toujours pris dans ce mouvement de balancier entre la tradition et la modernité. Alice Munro ajoute aussi une nouvelle facette aux thèmes du divorce et de l’adultère, montrant qu’il n’y a pas toujours un coupable, que parfois ce sont juste de mauvaises circonstances. Les nouvelles de ce recueil présentent presque toutes une narration double, complexe, mais fluide, qui restitue vraiment le sentiment de se faire raconter une histoire.
Bref, ce fut une magnifique découverte de la littérature canadienne pour moi. Il me tarde déjà d’aller lire d’autres nouvelles de cette auteure et de continuer de découvrir toute la richesse littéraire que nous offre le Canada. Et vous, quel roman canadien vous a marqué?
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