Littérature québécoise
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Entrevue avec Charles Quimper, auteur de Marée montante

En avril, nous avons lu, avec notre groupe du samedi de nos clubs de lecture, le roman Marée montante de Charles Quimper publié chez Alto. Nous avons eu la chance de lui poser quelques questions concernant son processus de création et son roman pour offrir à nos abonnées avant la séance. On a donc décidé de partager le tout avec vous aussi!

Les abonnées ont été unanimes; nous avons été chamboulées par ce roman, des plus touchants, qui raconte l’histoire d’un père qui a perdu sa petite fille Béatrice. Il y a un flou dans le roman entourant la mort de la petite fille, on ne sait jamais vraiment les raisons de son décès, mais l’important n’est pas là. Marée montante, nous entraine littéralement dans le courant de l’eau de la douleur du père. On navigue avec lui dans ses moments d’égarement, de folie, de grande noirceur et surtout, de pure tendresse. Ce roman, très court, est dense et, malgré la dureté du thème, on se sent ému. Au fond, on sent que ce roman est une poétique ode à l’amour parental.

Voici donc les questions, et les réponses, que nous avons posées à l’auteur avant notre rencontre avec nos abonnées:

L’inspiration pour ce roman vous a habité pendant 10 ans, comment l’idée a-t-elle évolué au fil du temps ?
L’idée a pris son temps à germer : pendant de longs moments, l’histoire n’était que fragments, que pensées notées ici et là, sans nécessairement posséder une direction bien précise. Puis, lentement, une histoire s’est imposée d’elle-même, a pris forme de façons qui m’ont souvent surpris, souvent étonné.

Comment s’est déroulée la rédaction au fil des années ? J’ai écrit certains passages des dizaines et des dizaines de fois, pesant délibérément sur chaque mot, presque sur chaque syllabe. À l’inverse, à d’autres moments, les idées me venaient en torrent, provenant d’on ne sait où.

Le drame du roman est probablement l’un des plus difficiles à surmonter, comment avez-vous réussi à trouver les mots justes pour décrire et raconter ce drame ?
Je crois que la beauté y est pour beaucoup. À travers ce prisme, même la pire des choses peut devenir attendrissante et le ton se faire juste.

Le roman est teinté aussi de grande douceur et de tendresse quand le père s’adresse à sa petite Béatrice, comment avez-vous vécu la rédaction de ces passages plus tendres ?
La tendresse vient aisément à nous face à un enfant, c’est un sentiment instinctif, c’est facile d’être affectueux lorsqu’on s’imagine s’adresser à un enfant.

La mer, comme l’eau, jouent un rôle important dans ce roman. Quel est votre rapport avec ces deux thèmes ?
La mer m’habite depuis toujours. Quand j’étais enfant, j’ai découvert une livre intitulé Le monde du silence par Jacques-Yves Cousteau à la bibliothèque municipale. Je regardais les images des fonds marins pendant des heures, complètement fasciné. J’ai grandi près du fleuve également, mes sœurs et moi allions souvent sur ses berges durant notre enfance.

En fin de compte, nous ne connaissons pas vraiment les circonstances quant au décès de la petite fille, qu’elle se noie dans un lac, une rivière, un fleuve, cela n’a pas vraiment d’importance. Pourquoi avez-vous décidé de laisser ce flou planer tout au long de l’œuvre ?
Je crois que ce flottement, ce flou quant à l’histoire est le même qui réside dans la tête du personnage principal. Ce n’est pas un homme qui va très bien, ce n’est pas un narrateur très fiable, ses pensées sont décousues.  Le doute persiste dans le livre car il persiste dans son propre esprit.

En entrevue, vous dites être père, est-ce que le fait d’avoir des enfants est devenu un vecteur d’empathie et de compréhension vis-à-vis d’une telle situation ? Croyez-vous que cela vous a aidé à comprendre ce que peut représenter la perte d’un enfant ?

Être père m’a apporté beaucoup d’empathie envers mon personnage endeuillé.  Je le comprends dans sa folie, dans son égarement, son sentiment de culpabilité, son impuissance comme parent. On se sent tous, à divers moments, plus ou moins ainsi.

Je ne peux pas comprendre ce que c’est que de perdre un enfant, je ne l’ai jamais ressenti dans mes os, jamais porté sur mes épaules. Je l’ai seulement imaginé du mieux que je le pouvais, le plus honnêtement possible. Bien sûr, comme nous tous j’ai vécu des deuils fulgurants, dévastateurs. Ce genre d’événement  altère presque notre ADN, modifie  presque la structure de nos cellules. J’ai pigé dans ces expériences pour en façonner une histoire qui me semblait honnête et vraie, au niveau de l’émotion.

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Le fil rouge est un blogue littéraire créé par deux amies, Marjorie et Martine, toutes deux passionnées par la littérature et par les vertus thérapeutiques de celle-ci. Notre approche face aux bouquins est liée à la bibliothérapie, car nous pensons sincèrement que la lecture procure un bien-être et que les oeuvres littéraires peuvent nous aider à cheminer personnellement. Nous tenons aussi à partager notre amour pour les bouquins, l’écriture, la création et sur les impacts positifs de ceux-ci sur notre vie et notre bien-être. Notre mission première est de favoriser la découverte de livres et de partager l’amour de la lecture, car ceux-ci peuvent avoir des impacts sur nos vies et sur notre évolution personnelle. Que ce soit le dernier roman québécois qui fait parler de lui, le vieux classique, le livre de cuisine ou bien même le livre à saveur plus psycho-pop, chez Le fil rouge, on croit fermement aux effets thérapeutiques que peuvent apporter la lecture et la littérature. Voilà pourquoi les collaboratrices et les cofondatrices se feront un plaisir de vous faire découvrir des bouquins qui leur ont fait du bien, tout simplement.

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