Dans le coffret d’avril du Fil rouge, nous avons reçu le petit mot habituel de Marjorie et Martine: S’offrir un moment de tranquillité. Elles nous suggéraient de prendre le temps de contempler la beauté d’une oeuvre et de se laisser bercer par des phrases qui nous touchent. Je pense que le recueil entier de Jean-Paul Beaumier est construit de ces petits moments de tranquillité, de réflexion et de douceur.
Et si on avait un autre chien? est un recueil comprenant dix-neuf nouvelles, parcourant l’éventail des relations et émotions humaines. Jean-Paul Beaumier maîtrise l’art de la nouvelle efficace, l’art de la nouvelle douce; il l’a perfectionné par ses cinq recueils précédents.
Le Créateur
Beaumier nous livre une parcelle de son quotidien créatif, par l’entremise d’un narrateur également écrivain. Tout est matière à création dans cet univers, et surtout, les relations interpersonnelles. On surprend le narrateur durant l’acte d’écrire, on découvre qu’il ne faut pas « craindre de retrancher tout ce qui est superflu, d’écrire au plus près de l’os ». Il explique ce qui fait une bonne nouvelle et effleure son processus créatif dans chacune d’entre elles.
Chaque nouvelle apporte sa sensibilité, sa sincérité et sa justesse. Dès les deux premières nouvelles, j’étais conquise par sa plume. C’est pas juste donne le ton avec brio, tout comme Retourne jouer. La famille, les enfants, les animaux, la mort, les souvenirs: toutes ces thématiques s’entremêlent dans le recueil. Elles se succèdent, se complètent, s’alternent et se balancent: Beaumier a su livrer l’équilibre idéal.
Les mots se répètent en boucle dans la tête de Thomas. À chaque coup de pelle qu’il donne dans le sol durci, il se retient pour ne pas la frapper, lui crier que ce n’est pas vrai, pas vrai, sa mère ne va jamais mourir, personne ne va la mettre dans une boîte et l’enterrer dans une allée de garage. Retourne jouer, p.19
La langue est forte et permet de saisir chacun des personnages de l’auteur, tous finement représentatifs du rôle qui leur a été attribué.
Des scènes de la vie ordinaire, une incursion dans le quotidien où on assiste à l’existence humaine dans toute son honnêteté, sa justesse, avec ses travers, mais dans toute son humanité.
N’étant pas friande de nouvelles, celles-ci ont toutefois su me charmer avec les nombreux clins-d’œil entre elles et la présence apaisante et incontournable de l’animal de compagnie, ici nommé Utopie, qui ponctue le récit, se retrouvant subtilement dans chacune des nouvelles.
Y a-t-il des recueils de nouvelles qui ont su vous plaire de cette façon?
Merci aux Éditions Druide pour le service de presse.