Auteur : Vanessa Coutu

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La chute d’une société : Maître Glockenspiel de Philippe Meilleur

Lauréat du prix Robert-Cliche en 2017, Philippe Meilleur présente un premier roman digne du journaliste satirique en lui. Fondateur du site Le navet, il possède une facilité déconcertante à parodier le monde qui l’entoure. Son œil aguerri de journaliste lui permet de critiquer socialement, dans son roman qui tend vers l’allégorie, l’univers dans lequel nous vivons. Créé en 1979 pour honorer la mémoire du grand avocat, juge et homme politique disparu l’année précédente, le prix Robert-Cliche, le plus prestigieux de la relève du roman québécois, a aidé à lancer de brillante façon la carrière de plusieurs auteurs importants de notre littérature. Maître Glockenspiel est plus qu’un miroir sociétal, c’est une dystopie totalitaire qui a la capacité de nous faire réfléchir sur notre monde. Dès les premières lignes, on se demande dans quel univers on vient d’atterrir. « Si Maître Glockenspiel rêvait depuis longtemps d’être assassiné, l’envie n’avait jamais été aussi forte qu’aujourd’hui. Perché au balcon du dernier étage de son palais, l’empereur astiquait sa bombe nucléaire préférée, Klaria. » Maître Glockenspiel… Personnage plus grand que nature, …

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Les écorchés de Montréal-Nord

J’explorais les dernières sorties littéraires sur le site des Libraires et j’ai été subjuguée par cette illustration de Stephen Mackey représentant une jeune fille sous un voile blanc. Tout était énigmatique. Et définitivement intéressant. Je n’ai pas pu résister à l’achat du recueil. Sixième recueil de nouvelles de Suzanne Myre, L’allumeuse livre les récits de la survivance d’enfances étranglées et vécues par des personnages écorchés mais bien vivants. Suzanne Myre m’était tout à fait inconnue. Très prolifique nouvelliste, elle a huit livres publiés en moins de quinze ans où elle explore l’homme sous toutes ses facettes. Elle a d’ailleurs remporté de nombreux prix et été finaliste au Prix des libraires du Québec. Dans ce dernier ouvrage, Suzanne Myre nous fait visiter Montréal-Nord, quartier où elle a grandi, quartier qui n’est pas suffisamment exploré dans notre littérature. L’allumeuse Parmi les douze nouvelles du recueil, la nouvelle éponyme est définitivement la mieux ficelée, la plus touchante et la plus satisfaisante. L’allumeuse donne le ton à l’œuvre entière : elle met en scène « Montréal-Mort » et elle dépeint l’enfance dysfonctionnelle de la petite …

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Toucher les collégiens par des essais québécois

Étant enseignante de littérature au collégial, je devais intégrer à mon corpus du cours de Littérature québécoise un essai québécois. Étant incapable de n’en choisir qu’un seul, j’ai décidé de créer un recueil comprenant près d’une dizaine d’extraits d’essais québécois. L’essai n’étant pas toujours un genre littéraire accessible pour de jeunes adultes ou même intéressant, le fait d’en lire plusieurs sur des sujets variés ne pouvaient que leur donner un aperçu du genre et, ainsi, leur ouvrir les portes de celui-ci. Mon but n’était vraiment pas de le leur faire aimer nécessairement, mais bien que l’« essai » soit maintenant un concept tangible et démystifié. Le blogue tient d’ailleurs à initier notre communauté littéraire à l’essai de façon annuelle par le biais de notre défi littéraire #jelisunlivrequébécoisparmois : vous trouverez les recommandations des fileuses ainsi que leurs lectures ici, ici, là et là. Un recueil qui choque Durant l’été, j’avais fait un blitz de lecture d’essais québécois, ayant des coups de cœur pour plusieurs d’entre eux. Ces lectures ne m’ont pas laissée de marbre et j’ai tenté …

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Entre amour, obsession et jalousie : les sœurs du Musée des espèces disparues

Ayant seulement une petite sœur, je trouvais que le premier roman de Nina Berkhout, Le musée des espèces disparues, me parlait tout particulièrement. Plus on vieillit, moins on se voit sans cette sœur qui a toujours été présente pour nous, dans les bonnes et les pires situations. On ne l’échangerait pour rien au monde et on ne lui souhaite que du bonheur. Comment se déroulerait une vie où l’on voit cette sœur, toujours près de nous, s’éloigner, s’embourber et disparaître? Comment réagirait-on? C’est ce qu’a représenté Nina Berkhout dans son roman, et ce, avec une délicatesse teintée d’espoir, mais aussi d’un peu d’amertume. Le poids familial L’idée centrale de l’œuvre est le développement de la relation entre deux sœurs que tout oppose, Vivienne et Édith (pour Vivien Leigh et Édith Piaf, vouant ces enfants à un destin difficile déjà tracé d’avance par le choix de leur prénom). L’une est semblable à la mère, l’autre au père. Une mère névrosée, nostalgique d’une vie qu’elle n’aura jamais; un père collectionneur, passif, retiré dans l’art et la création. Édith, narratrice, …

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Nous avons tous une dépendance

Il existe différents types de dépendances… les petites, les fortes, les dangereuses, les bénignes, celles que l’on cache aux autres, celles contre lesquelles on se bat… Et une addiction, aussi minime soit-elle, peut changer une vie à tout jamais. Surtout si vous en perdez le contrôle. Addiction, cette bande dessinée française, est parue en avril dernier chez Akileos. Je venais tout juste de terminer ma lecture du premier roman de Stéphane Larue, Le plongeur, et le sujet de la dépendance me semblait encore une fois un choix de lecture à explorer. Avec Josep Busquet au scénario et Pedro J. Colombo aux illustrations, Addiction attire le regard par sa première de couverture, une femme nue coincée dans un labyrinthe qui s’effrite. Une métaphore toute bleue de l’addiction, représentative de l’oeuvre, car déjà, l’absence d’issues de l’illustration est flagrante. Chacun sa dépendance La bande dessinée représente la vie de six personnages piégés, dépendants, intoxiqués. Ils ont tous perdu le contrôle de leur addiction, au point où la lecture de l’oeuvre ne nous fait que suivre leur longue descente aux …

Élise Gravel, Bibliothérapie, la courte échelle, Le fil rouge, le fil rouge lit, Le moustique, les livres qui font du bien, les petits dégoûtants, littérature, Littérature jeunesse

Tomber en amour avec le petit moustique dégoûtant

J’ai découvert Elise Gravel avec Ada, la grincheuse en tutu. Puis, je me suis acheté Olga et le machin qui pue, destiné à un public plus âgé, qui m’a tout autant charmée. Je suis une amoureuse des livres jeunesse et une petite collection m’a fait de l’œil, collection écrite par Elise Gravel, auteure-illustratrice québécoise prolifique. Les petits dégoûtants, c’est la collection d’Elise Gravel pour faire aimer les petites bestioles et bêtes moins appréciées aux enfants : le ver, la mouche, la limace, le rat, l’araignée, le pou, le crapaud, la chauve-souris, la coquerelle, et le dernier en lice, le moustique. Le moustique Son atout : ses illustrations sont parfaites. Elles rendent les moustiques très attachants, presque humains. Ils parlent, mangent, ont des familles, ils sont personnifiés et cela permet aux enfants (et même aux adultes) de les aimer. Elise Gravel nous renseigne sur leur univers. Elle répond à toutes les questions possibles qu’un enfant peut se poser : Pourquoi ils boivent du sang? Pourquoi quand ils nous piquent ça fait des boursouflures? Pourquoi? Pourquoi? Elle alterne entre la vulgarisation et …

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Le Chercheur d’âme, autopsie d’une lutte sanglante

Steve Laflamme a décidément un don pour la littérature policière, ses connaissances et sa passion pour cette noirceur littéraire font de ce premier roman Le Chercheur d’âme un morceau de viande bien ficelé, dégoulinant de sang, barbarement tranché, mais extrêmement savoureux. Dès la première phrase de la première partie, on sait que la lecture ne se fera pas sans nous torturer autant que les victimes de notre tueur : L’homme insère ses doigts gantés dans la plaie et déchire la peau. Déjà, nos dents grincent, la souffrance se peint sur notre visage ; pourquoi lire de telles scènes d’horreur ? Pour Xavier Martel. Le sergent-détective créé par Laflamme est le point central de ce roman: un enquêteur magané par la vie, qui lui-même pourrait sombrer dans la folie qui anime le tueur en série qu’il recherche. Et pourtant, il est attachant, avec un humour noir et des références qui font sourire. Il est le maître sur le terrain et on prend un malin plaisir à le suivre partout. Son retour dans de futures œuvres est inévitable tant …

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La nécessité des petites tempêtes

Après Tu peux toujours courir et La théorie du drap contour, Valérie Chevalier nous sert avec brio un road novel fragmenté. Les petites tempêtes nous fait découvrir l’univers de Raphaëlle et celui de toutes les personnes qui croisent son chemin dans de courts chapitres de quelques pages. Son père, sa meilleure amie Chanterelle et des hommes de tout type (un ancien amoureux, un mannequin, un amant, une relation stable, un amour d’été, etc.) C’est l’histoire de l’amour qui va et qui vient, comme une ballade où l’on regarde défiler le paysage. Raphaëlle est une âme en construction, une identité en quête de soi: les hommes qu’elle rencontre la forgeront et ils lui rappelleront également la place de l’art dans sa vie. L’artiste Ce que Valérie Chevalier fait de façon sublime: intégrer l’art à son oeuvre. L’art, c’est comme l’amour: il n’a de valeur que dans les yeux de celui qui le regarde. (p.165) Peu importe où dans le monde se situe notre narratrice, Paris, Vermont, Montréal, l’art la suit et reflète son état d’esprit. Les petites tempêtes …

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Et si on avait un autre chien? Quand douceur et réflexion s’entremêlent…

Dans le coffret d’avril du Fil rouge, nous avons reçu le petit mot habituel de Marjorie et Martine: S’offrir un moment de tranquillité. Elles nous suggéraient de prendre le temps de contempler la beauté d’une oeuvre et de se laisser bercer par des phrases qui nous touchent. Je pense que le recueil entier de Jean-Paul Beaumier est construit de ces petits moments de tranquillité, de réflexion et de douceur. Et si on avait un autre chien? est un recueil comprenant dix-neuf nouvelles, parcourant l’éventail des relations et émotions humaines. Jean-Paul Beaumier maîtrise l’art de la nouvelle efficace, l’art de la nouvelle douce; il l’a perfectionné par ses cinq recueils précédents.  Le Créateur Beaumier nous livre une parcelle de son quotidien créatif, par l’entremise d’un narrateur également écrivain. Tout est matière à création dans cet univers, et surtout, les relations interpersonnelles. On surprend le narrateur durant l’acte d’écrire, on découvre qu’il ne faut pas « craindre de retrancher tout ce qui est superflu, d’écrire au plus près de l’os ». Il explique ce qui fait une bonne nouvelle et effleure son …

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Prix littéraire des collégiens 2017 : ce que des étudiants ont pensé Des femmes savantes de Chloé Savoie-Bernard

Enseignante de littérature dans un cégep, j’ai motivé un groupe de douze étudiants à participer au Prix littéraire des collégiens 2017 au cours de la session d’hiver. Toutes les deux semaines, nous nous rencontrons pour discuter des œuvres sélectionnées, pour les décortiquer et les critiquer et ainsi en déclarer une gagnante du Prix littéraire des collégiens 2017. Des femmes savantes de Chloé Savoie-Bernard était la lecture pour la cinquième et dernière rencontre du Prix. Les étudiants n’ayant que très rarement lu des recueils de nouvelles, ils ont découvert ce genre et accroché par la brièveté de celui-ci. Ils ont trouvé que la nouvelle se prêtait bien au message que l’auteure voulait passer, l’essentiel étant dit directement et sans détour. La majorité des participants au prix étant des filles, elles ont vécu différentes émotions en lisant : « Ça nous rentrait dedans. » Une lecture simple et facile, mais percutante et très vulgaire : « Ça ne remonte pas l’estime. » Savoie-Bernard utilise un langage cru, représentatif des actions de ces femmes, toutes aussi crues. Ce sont des femmes en détresse, malades …