Littérature québécoise
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Retrouver son coeur d’enfant avec Dialogues d’hommes et de bêtes

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Lire Dialogues d’hommes et de bêtes, c’est faire un retour dans le temps. C’est remonter à ces doux moments de l’enfance, juste avant le dodo, où on se laisse bercer par une histoire de souris, de lièvres ou de grenouilles.

C’est aussi remonter jusqu’à la fin des années 40, où certains de ces Dialogues ont été interprétés à la radio nationale. En parcourant les textes de théâtre, je me suis imaginée à cette époque, dans le salon d’une chaumière de la campagne québécoise, assise tout près d’un poste de radio qui crachote, des voix douces livrant ces contes et ces fables où animaux de cirque, rats, oiseaux et plantes s’animent.

Ces histoires ne sont pas du tout enfantines. Elles sont intemporelles et de tous âges : Félix Leclerc amène le lecteur à réfléchir sur l’envie et le désir, le jugement et le respect, le rêve et l’amour aveugle. Le chansonnier de la Haute Mauricie, – aussi comédien, romancier et poète – fait l’éloge de la nature, en utilisant de magnifiques images et métaphores.  Son écriture est sincère et universelle.

J’ai quelques textes préférés dans le recueil, mais celui qui m’a le plus touchée est La nichée. Sa forme est un peu différente des autres, s’apparentant plus à une nouvelle qu’à une pièce de théâtre et il met en scène des êtres humains plutôt que des animaux. Il raconte l’histoire d’un couple d’agriculteurs, pauvre et sans éducation, ayant décidé d’adopter huit frères et sœurs, convaincu de pouvoir leur apporter, malgré tout, un peu de bonheur. L’homme témoigne du moment où il a rencontré les enfants pour la première fois:

Personne bougeait.

J’ai sorti le gros argument :

  • L’homme qui vous aime, c’est moi.

À cette parole-là, tous, moins les deux dans les berceaux, sont venus se prendre à mes doigts. Six qu’ils étaient. Seulement dix doigts que j’ai et j’en avais assez… Six branches greffées à mon vieux tronc. Six branches vertes, claires, neuves, qui ne demandaient rien qu’un petit peu de brise le long de leur jeune vie.

L’homme s’est vite épris de la vie de famille.

On marchait dans le bonheur comme on marche dans le jeune trèfle un matin de juin. Parce qu’on était heureux, ma femme et moi.

FEMME. Mais c’était beaucoup d’ouvrage.

HOMME. Oui, mais on était heureux.

Leur troisième enfant est malentendant et l’homme éprouve une affection particulière pour lui. Un jour, le jeune est retrouvé mort dans les eaux froides du fleuve. Le père est dévasté.

C’était bien lui. Lui que j’avais aimé. Je l’ai aimé. Fini. Han han. Sa visite à la maison finissait là. Parti. Il a possédé tout. Un cœur d’homme, c’est pas facile à avoir. Un cœur d’homme dur, à barbe de broche, à épaules de bois, à mains comme des rames, c’est plus difficile encore. Il a possédé le mien.

Peu à peu, les enfants grandissent et prennent leurs distances. Certains ne reviendront plus à la maison. Malgré tout, le père est serein, confiant d’avoir donné tout ce qu’il avait à ses enfants.

On avait un bagage d’amour à semer quelque part. On l’a épuisé.

Dialogues d’hommes et de bêtes est parfait pour une petite pause à l’ombre d’un arbre, une chaude journée d’été. Ou lors de votre prochaine visite dans le salon au décor rétro de grand-mère, assis sur la berçante tout près du poste de radio empoussiéré. Peu importe le lieu ou le moment, cette lecture vous fera assurément sourire.

Quel livre vous rappelle votre enfance?

Dialogues d’hommes et de bêtes est publié chez Fides, dans la collection Biblio.

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