En ces bois profonds, publié aux éditions Tête première, est le dernier roman de l’écrivain et journaliste culturel François Lévesque. Une fois de plus, l’auteur nous fait cadeau d’un récit plutôt lugubre, mais bien campé dans la réalité.
Retour aux sources du mal
En ces bois profonds raconte l’histoire d’une adolescente née d’une relation incestueuse. Elle habite avec sa mère, Isabelle-Marie, qui croyait avoir fui le village de Rivière-Aux-Hiboux pour toujours, mais qui est appelée à y retourner, à des fins légales, lorsque l’aïeule s’enlève la vie, leur léguant maison, argent et horreur en héritage.
Certains lacs et rivières avaient inspiré des légendes
Le lac Misiginebig n’avait, quant à lui, inspiré que terreur.
Le neuvième roman de Lévesque nous transporte dans l’atmosphère sinistre d’un lac, au cœur de la forêt boréale, où a eu lieu, plusieurs années auparavant, le suicide collectif de gens manipulés par leur gourou Nicolas Jones.
C’est la jeune narratrice qui nous raconte sa version de l’histoire. Les autres points de vue sont accessibles par les quelques dialogues entre elle et sa mère ainsi qu’un journaliste qui enquête sur leur histoire. D’une page à l’autre, le lecteur remet des éléments de l’histoire en question. Ce qu’elle nous raconte est-il réel ou bien altéré par les effets de la drogue ou de la maladie mentale?
Une fois sur les lieux du drame qui a fait les manchettes des journaux il y a plusieurs années, la jeune fille ne semble pas vraiment apeurée par ce qu’elle y découvre. Elle est en quête de son identité, aussi horrible soit-elle.
Encore une fois, comme dans son roman précédent, La Noirceur, l’auteur utilise un style très cinématographique.
Mon avis
Si vous feuilletez mon exemplaire du roman, vous verrez que j’ai plié plusieurs coins de page, annoté plusieurs passages. Ce qui m’a plu, plus précisément, ce sont les procédés narratifs et les transitions entre les phrases. Par exemple, on croit que le récit s’enligne plus vers un côté paranormal, on s’attend à un retournement sinistre, mais la phrase suivante chute dans la réalité.
En sortant de ma chambre, j’ai entendu un bruit étouffé en provenance de celle de ma mère, située de l’autre côté du couloir.
De l’autre côté du monde.
La porte s’est entrouverte, et j’ai instinctivement fait un pas en arrière en refermant ma propre porte.
Cela se produisait presque chaque matin. Et chaque matin ou presque, je tendais l’oreille, appuyée contre ma porte, et j’écoutais. J’écoutais l’homme du moment qui quittait la chambre de ma mère à pas feutrés. Il s’éloignait… puis, lorsque, enfin, j’entendais la porte d’entrée se refermer, je sortais.
Lorsque j’ai reçu le roman, je n’étais pas d’humeur à lire une histoire aux événements sinistres et inquiétants. J’avais envie d’humanité, de vrai. Vu le peu de pages du roman, je me suis quand même lancée dans ma lecture. Et je n’ai pas été déçue, car dès les premières pages, j’ai tout de suite accroché à l’histoire qui s’ancre rapidement dans le déroulement de vie réaliste de cette adolescente vivant avec une mère monoparentale « ni vraiment danseuse, ni vraiment serveuse ». Le scénario n’est pas d’une originalité nouvelle (une jeune fille souffrant d’épilepsie, retour au village où l’inévitable est attendu) et j’avoue avoir vu venir quelques éléments de l’histoire , mais il est très bien construit et efficace; je l’ai lu d’une traite, sans m’ennuyer une seule seconde. Comptant moins de 200 pages, ce roman possède le format idéal pour ceux et celles qui désirent essayer le roman noir sans s’engager dans une trop longue lecture.
Quels romans d’horreur conseillez-vous aux lectrices et lecteurs qui veulent tenter le genre pour la première fois?
Le fil rouge remercie les éditions Tête première pour le service de presse.