Ayant seulement une petite sœur, je trouvais que le premier roman de Nina Berkhout, Le musée des espèces disparues, me parlait tout particulièrement. Plus on vieillit, moins on se voit sans cette sœur qui a toujours été présente pour nous, dans les bonnes et les pires situations. On ne l’échangerait pour rien au monde et on ne lui souhaite que du bonheur.
Comment se déroulerait une vie où l’on voit cette sœur, toujours près de nous, s’éloigner, s’embourber et disparaître? Comment réagirait-on? C’est ce qu’a représenté Nina Berkhout dans son roman, et ce, avec une délicatesse teintée d’espoir, mais aussi d’un peu d’amertume.
Le poids familial
L’idée centrale de l’œuvre est le développement de la relation entre deux sœurs que tout oppose, Vivienne et Édith (pour Vivien Leigh et Édith Piaf, vouant ces enfants à un destin difficile déjà tracé d’avance par le choix de leur prénom). L’une est semblable à la mère, l’autre au père. Une mère névrosée, nostalgique d’une vie qu’elle n’aura jamais; un père collectionneur, passif, retiré dans l’art et la création. Édith, narratrice, nous permet de suivre le parcours de sa sœur dans les concours de beauté, la déchéance de celle-ci et la dynamique tendue entre les deux, affres d’une enfance particulièrement mouvementée.
Tous les personnages de ce roman sont des êtres en voie de disparition : Constance (la mère), Henry (le père), Vivienne et Liam (le grand amour d’Édith). Édith tente tant bien que mal de les conserver bien vivants, mais…
« […] il est impossible de transformer une personne en quelque chose qu’elle n’est pas. »
Édith lutte pour conserver intacte sa famille, elle fait des compromis, s’endette, souffre, mais elle ne parvient jamais à les préserver comme elle les voudrait, dans son musée familial.
Les espèces disparues
Le titre Le musée des espèces disparues provient du travail de Theo de Buuter, cryptozoologiste :
CRYPTOZOOLOGIE, nom, Étude des animaux dont l’existence ou la survie sont disputées ou infondées, tels le monstre du Loch Ness et le sasquatch.
La présence de ce personnage est discrète, mais elle constitue un appui de taille pour comprendre la signification de l’œuvre. Theo de Buuter cherche un oiseau dont l’existence est contestée, le koao. Les discussions qu’il aura avec Édith permettront à cette dernière de mettre un baume sur ses douleurs et donner un sens à son existence.
La licorne, animal dont l’existence est légendaire, hante l’esprit de la narratrice. Et ce n’est pas pour rien, la licorne incarnant cette jeunesse supposément éternelle qui s’estompe au fil des années. Cette créature peut tout à fait représenter l’œuvre dans son entièreté, métaphorisant ainsi les relations familiales d’Édith.
Si les relations sororales vous intéressent, je vous suggère Les sanguines d’Elsa Pépin, Les filles de Lori Lansens et Les filles de l’Allemand d’Annie-Claude Thériault, qui abordent ce même sujet.
Autres propositions des fileuses :
- Les filles de Geneviève Brisac
- L’autre moitié du soleil de Chimamanda Ngozi Adichie
- Le tueur aveugle de Margaret Atwood
- Raisons et sentiments ou Orgueil et préjugés de Jane Austen
Merci aux Éditions XYZ pour le service de presse.