Dimanche après midi, le 24 septembre.
Pour une deuxième fois, Martine et moi avons choisi d’offrir un club de lecture à thématique féministe. Tous les clubs sont une partie de plaisir – parfois on ne peut pas croire que ça fait véritablement partie de notre métier- mais on doit avouer que le club féministe, c’est un peu un cadeau qu’on se fait à nous-même.
Si vous nous suivez depuis un moment, vous savez certainement que nous sommes féministes et que nous essayons de mettre de l’avant les écrits de femmes sur le blogue. Nous ne parlons évidemment pas que d’auteures, mais nous faisons un effort conscient pour qu’elles aient une grande place sur le blogue, tout comme dans nos lectures. Ça allait donc un peu de soi de faire un club féministe. La première session c’était très bien passée et avait engendré de superbes discussions. Nous avons donc décidé de relancer le club pour l’automne.
On s’est donc rejoint, en pleine canicule de fin septembre, au café coop Rond-Point, dans Hochelaga-Maisonneuve, pour parler du premier livre choisi; Lady B de Maya Angelou.
Nous avons fait un tour de table, commandé des boissons froides pour contrer la lourde chaleur et nous nous sommes rapidement lancées dans les discussions sur cette petite plaquette d’à peine 200 pages.
C’était, pour toutes, une première rencontre avec la grande Maya Angelou. Nous ne savions ni à quoi nous attendre, ni trop ce qui faisait d’elle une grande femme – outre le fait qu’elle ait beaucoup écrit. Lady B est la dernière de 6 autobiographies racontant son parcours de vie et wow, quel parcours de vie elle a eu.
Pour faire une histoire courte, voici un minuscule résumé Wikipédia de la vie de l’auteure.
Maya Angelou, de son vrai nom Marguerite Johnson, née le à Saint-Louis (Missouri) et décédée le (à 86 ans) dans sa maison de Winston-Salem (Caroline du Nord), est une poétesse, écrivaine, actrice et militante américaine. Figure importante du mouvement américain pour les droits civiques, elle est devenue une figure emblématique de la vie artistique et politique aux États-Unis où ses livres sont au programme des écoles.
Lady B est principalement axé sur la relation entre Angelou et sa mère, Vivian Baxter. On y attrape, au vol, certaines parcelles de sa vie mais c’est vraiment cette relation de cœur à cœur qu’elle construit et entretient avec sa mère qui prend le rôle principal dans ce livre.
Toutes les participantes s’entendent pour dire qu’elles ont apprécié leur lecture.
Dans un premier temps, on s’est questionnées à savoir si Lady B retenait plus d’une tradition autobiographique ou de l’autofiction. Finalement, ce n’est pas vraiment important. C’est le consensus qui fut déterminé après quelques moments d’échanges sur le sujet. Il y a certainement un travail de réappropriation et de reconstruction des souvenirs derrière tout ça. « Il y a une certaine distance qui donne l’impression qu’elle parle d’elle comme d’un personnage », dit l’une des participantes. « C’est un texte très oral aussi, on a l’impression qu’elle raconte une histoire », renchérit une autre.
Malgré cet aspect bien intéressant du travail d’écriture de Maya Angelou, c’est surtout sur la relation entre les deux femmes que l’on s’attarde.
« J’ai l’impression que ce fut écrit dans une perspective de pardon, avec un certain recul », s’accordent à dire quelques-unes des participantes. Ce qu’il faut savoir, c’est que la mère d’Angelou n’est véritablement entrée dans la vie de sa fille que lorsque cette dernière a eu 14 ans. La jeune Maya fut plutôt élevée par sa grand-mère paternelle. C’est donc le récit d’une relation qui débute sur des bases plutôt fragiles. Pourtant, on assiste plutôt à la construction d’un rapport d’égalité, d’humilité, de vulnérabilité et de soutien entre les deux femmes. C’est beau à voir.
Nous avions l’impression que, à travers l’écriture de Lady B, Maya Angelou essayait de comprendre sa mère, qu’elle cherchait à apposer sur elle de la bienveillance. Alors que l’une apprend à être la fille de quelqu’un, l’autre apprend aussi à être mère.
« Il y a beaucoup d’honnêteté et de vulnérabilité dans les écrits de Maya Angelou », dit Martine. « En même temps, on peut aussi y déceler plusieurs non-dits », rétorque une seconde participante.
C’est beaucoup dans ces jeux de perspectives que s’est déroulée notre rencontre. Dans ces rapports toujours ambivalents entre non-dits et honnêteté, entre une certaine maturité et immaturité, entre force et vulnérabilité, Maya Angelou rend l’humain complexe et vrai.
Une chose est sûre, nous nous attarderons certainement toutes aux autres livres de Maya Angelou. La plume de l’auteure et les récits qu’elle fait de sa fascinante vie nous ont captivées et nous ont aussi portées à nous questionner sur la place des femmes à l’époque, sur les femmes noires, sur les femmes d’avant-garde et, bien entendu, sur toute la complexité des relations mères-filles.
Ce fut, pour toutes, une belle rencontre, une belle découverte et un beau moment, entre femmes, pour discuter et apprendre les unes des autres.
Notre prochaine lecture: L’autre moitié du soleil de Chimamanda Ngozi Adichie