Plusieurs d’entre nous avons lu Bonheur d’occasion, le roman le plus connu de Gabrielle Roy. Toutefois, j’ai l’impression que, contrairement aux générations qui précèdent la mienne, les personnes de ma génération connaissent moins le reste de l’œuvre de cette grande écrivaine. Du moins, c’était mon cas et c’est pour remédier à ce constat que je m’étais procurée dans une librairie usagée le dernier ouvrage de Gabrielle Roy, son autobiographie inachevée, La détresse et l’enchantement.
J’ai profité de mes vacances pour me plonger dans ce livre, et de retour au pays, je n’ai qu’une seule envie, lire le reste de l’œuvre de Gabrielle Roy, car en plus d’avoir adoré sa plume, j’ai trouvé le parcours de cette femme accomplie particulièrement remarquable. En lisant ce livre où l’auteure franco-manitobaine revient sur sa jeunesse et ses années de jeune adulte, j’ai senti qu’il m’était inévitable de parcourir son œuvre maintenant que j’avais eu accès aux personnes, aux événements et aux lieux qui l’avaient inspirée.
La Petite Poule d’Eau
Pour commencer mon incursion dans l’œuvre de Gabrielle Roy, j’ai arrêté mon choix sur son deuxième roman, La Petite Poule d’Eau. Ce livre est paru en 1950, trois ans après le grand succès de Bonheur d’occasion. Je l’ai choisi car dans La détresse et l’enchantement, Gabrielle Roy revient souvent sur celui-ci. Alors qu’elle relate son périple estival dans une région éloignée du Manitoba en tant qu’institutrice, elle explique que cette expérience fut la source de son inspiration pour l’écriture de La Petite Poule d’Eau. En effet, à l’été 1937, alors qu’elle prépare un long séjour en sol européen, l’écrivaine accepte un dernier contrat d’enseignement afin d’économiser en prévision de son voyage et elle se rend dans la région de la Petite Poule d’Eau, région plus difficile d’accès le reste de l’année.
La Petite Poule d’Eau est un roman qui comporte deux parties, dans lequel Gabrielle Roy raconte la vie des habitants de la région des lacs du Manitoba.
La première partie raconte le quotidien de la famille Tousignant et plus particulièrement de Luzina, la mère de cette famille nombreuse vivant sur une île de la rivière de la Petite Poule d’Eau. En dépit du fait qu’ils vivent dans une région reculée, Luzina souhaite que ses enfants puissent avoir accès à une éducation scolaire. Elle entreprend donc des démarches auprès du gouvernement manitobain pour qu’une école soit établie sur son île. Nous assistons donc aux péripéties et chamboulements reliés à l’instauration de cette école.
La seconde section raconte le quotidien du père Joseph-Marie. Dans cette partie, nous retrouvons les personnages de la première partie à partir de la perspective de ce personnage. Nous retrouvons surtout la famille Tousignant chez qui le capucin se rend une fois par année pour officier une messe et bien sûr écouter les confessions de tous.
Sachant le contexte ayant mené Gabrielle Roy à écrire sur cette région, ce roman m’a beaucoup plus. En raison de la géographie de la région de la Petite Poule d’Eau, la réalité dépeinte par Gabrielle Roy est assez singulière, et ce, encore plus pour des lecteurs de notre époque. Les aléas, les joies et les dilemmes qui accompagnent cette réalité sont bien racontés par l’auteure et les personnages, les situations ainsi que les paysages qu’elle met en scène sont décrits avec une finesse touchante et parfois avec une pointe d’humour.
Si vous êtes à la recherche d’une lecture réconfortante qui met l’humanité et la bonté davantage en lumière que la noirceur et la désobligeance, vous saurez apprécier La Petite Poule d’Eau.
Et vous, quels romans de Gabrielle Roy avez-vous lus?
*Fait intéressant pour ceux qui aiment que les différentes formes d’art se combinent: Le peintre Jean-Paul Lemieux a réalisé une sérigraphie inspiré du livre La Petite Poule d’Eau. La page couverture du roman édité par Boréal, dont une photographie se trouve au début de cet article, est une image d’une lithographie de Lemieux intitulée L’arrivée de Mademoiselle.
J’ai beaucoup apprécié ton billet au sujet de La Petite Poule d’Eau. À vrai dire, j’affectionne particulièrement cette oeuvre de Gabrielle Roy. Elle me rappelle, non seulement certains paysages de la Saskatchewan où j’ai grandi, mais également l’été de mes 19 ans que j’ai passé dans un village éloigné du Témiscamingue. Je n’avais ni téléphone, ni connexion internet, et mon seul moyen de transport était un vieux vélo qu’une religieuse m’avait prêté.
Bref, pour répondre à ta question, j’ai beaucoup aimé La Détresse et l’enchantement. Or, tu apprécierais sans doute Rue Deschambault; le roman dans lequel Roy s’inspire de son enfance sur cette petite rue de St-Boniface. Au départ, je croyais que l’histoire était autobiographique, mais rendu au chapitre qui raconte l’histoire héroïque de son père dans une colonie de la Saskatchewan, je me suis vite rendu compte qu’il s’agissait d’une oeuvre de fiction. Néanmoins, il s’agit d’un roman exceptionnel.
Je vous conseille également la lecture de Le Temps qui m’a manqué. Le récit, selon ses éditeurs, devait être la troisième partie de la Détresse et l’enchantement, et raconte notamment le retour de son auteur à St-Boniface pour les funérailles de sa mère, et son périple en Gaspésie. Roy évoque encore une fois les relations tendues qu’elle entretenaient avec ses soeurs, et surtout les défis à l’égard de la santé mentale fragile de l’une d’entre elles.
Bonne lecture!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci pour le commentaire et les suggestions. Je crois bien que Le temps qui m’a manqué sera ma prochaine lecture. 🙂
J’aimeJ’aime