Écrit par Anne Archet, une anonyme anarchiste écrivant sous un pseudonyme, Amants se trouve à être un joli livre rose et grand comme ma main, de 202 pages, imagé par moment par la talentueuse Mathilde Corbeil (googlez-la!). Il est paru en avril 2017, sous les Éditions du remue-ménage. Sous la couverture se révèlent beaucoup de souvenirs coquins de coïts. Sept cent quarante et un ébats pour être exacte. Faites le calcul vite vite, pour que ce nombre de coïts puisse entrer dans 202 pages, on comprend que la quantité l’emporte sur les détails des expériences en soi. Sans toutefois que l’auteure ait lésiné sur la qualité d’écriture. En fait, c’est sérieusement tout un exercice de style que renferme ce livre. Amants nous propose une lecture simple et efficace : deux lignes : un coït. Répétez. Et c’est ainsi pour la quasi-totalité du livre. On passe de Uldéric à Amaury et par Télesmond (mention spéciale au choix des prénoms de ses amants!). On a droit à un défilé d’une ligne, un punch, carrément.
Ce livre s’adresse vraiment aux adultes, mais ne vous trompez pas, il n’émoustille pas, il fait plutôt écarquiller les yeux, sourire et même rire. Autant par l’utilisation des prénoms empruntés à une époque révolue que par les propos trop gras pour goûter le miel.
À vous de voir (cachez les yeux trop chastes, quoiqu’ici ne sont pas les plus grivois) :
Usiris m’a accompagnée à la noce et a fait le bouffon avec ma tante;
Je l’ai entraîné aux toilettes des dames et il a léché le bouton de ma fente.
– ou —
Célestin a tenté de me séduire en me slammant des vers qu’il avait composés;
Quand il a fait rimer « noune » avec « bisoune », je lui ai donné son congé.
– ou —
Uthman avait une coupe Longueuil et faisait jouer du U2 chaque fois qu’on baisait;
Moi, je fredonnais I still haven’t found what I’m looking for quand il se rebraguettait.
– ou —
Tony me faisait fondre avec sa gueule de fauve et sa grosse queue orange;
Pourquoi le gestionnaire de communauté de Kellogg’s m’a-t-il bloquée sur Twitter?
Voyez-vous le genre d’approche un peu?
Amants, c’est divertissant et fera plaisir à vos ami.e.s pour qui la lubricité attire. Le genre de livre léger qu’on lit à coup de deux, trois pages avant de dormir. Et pourquoi pas à deux, à voix haute, ça peut être plaisant. On y trouve des tournures de phrases habiles et étonnantes, sur un sujet toujours fascinant à lire, on va se le dire. Dans ces pages, on y trouve des perles écrites et elles en valent assurément la lecture.
Aussi d’Anne Archet, paru en 2014 sous les Éditions du remue-ménage, Le carnet écarlate : Fragments érotiques lesbiens.
Aimez-vous vous plonger parfois dans ce genre de littérature égrillarde?