Littérature québécoise
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Richard Desjardins, du gros plaisir à entendre et aussi à lire!

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Ça allait de soi puisqu’une bonne plume c’est une bonne plume. N’empêche que malgré l’évidence grosse comme la Terre, je ne savais pas que Desjardins le grand, dit Richard Cœur de Lion par sa maman, s’était aussi fait éditer la plume littéraire. C’est par un heureux hasard que je suis tombée sur Aliénor, paru chez Lux Éditeur, un trop gros huit ans après sa sortie en librairie. Mieux vaut tard que jamais, comme on dit!

Il est petit (118 pages), mais en a dedans. Gauthier sans Avoir aussi, le narrateur du livre. C’est un paysan qui, comme son nom l’indique, n’a pas grand avoir en effet. Il en a bavé comme tout le monde à cette époque, des années plus qu’hostiles, d’où l’expression être roi et maître a sûrement émergé. L’histoire se déroule il y a une pas pire mèche, soit le 31 mars 1204, alors que Gauthier sans Avoir se retrouve par une chance inespérée au chevet d’Aliénor, qui elle est sur son lit de mort. Il se paye enfin la traite de toute la rancœur qu’il éprouve envers cette souveraine. Celle qui est maintenant près de lâcher son dernier souffle et qui ferma à l’époque yeux et bouche devant des atrocités commises sur son peuple.

« C’est la nuit. Cent nonnes dorment en l’abbaye. Seul d’homme. Et je suis le gardien de votre corps, accomplissant ainsi le rêve de ma vie : vous voir mourir sous mes propres yeux, Aliénor. Serrez-moi la main si elle me reconnaît. Sûr! On ne peut nommer un à un chiens qui grognent. Vous saurez qui je suis. Et cela sera fait avant que votre chair ne tourne à la charogne. »

C’est dire comment il la hait. Et on comprend pourquoi. Plus les pages se tournent et plus il se raconte alors qu’Aliénor se meurt. Il a été victime d’injustices et de barbaries. Il a aussi vu mourir sa femme et ses propres enfants, par cause de cœur aride des dirigeants, malgré leurs poches pleines. D’ailleurs, ceci reste une des figures de style qui m’a le plus marquée dans un livre :

« On mangea les semences. Arriva le printemps et plus rien à manger. Plus rien. Plus rien. Alors, j’ai ouvert la terre pour semer mes enfants. »

Enterrer sa propre descendance. L’image est triste et criante. Et celle sur papier aussi. Toutes les illustrations de l’artiste SHRÜ viennent appuyer de façon juste et sensible les écrits de Desjardins. Des dessins qui sont dépouillés et qui à la fois ont une forte portée.

J’y ai trouvé dans cette Aliénor, dont le style littéraire est la chanson de geste, la personnalité de Desjardins telle qu’on la connaît de par ses magnifiques compositions. Il décrie comme toujours l’injustice et la corruption, défend le floué, dépeint l’impensable sans détour, avec grand cynisme et même humour noir. Malgré la gravité de l’époque qu’il nous raconte, on rit souvent de par les propos grivois bien placés de l’auteur.

Par ailleurs, la mère de Richard Desjardins appelait parfois son fils Richard Cœur de Lion. Ce dernier étant jadis fils d’Aliénor, on comprend d’où est provenue l’inspiration de l’auteur à l’écriture de ce livre. Desjardins, du gros plaisir à entendre et aussi à lire.

Pour cette même raison, si vous trouvez sa parution La mer intérieure publiée en 2000, gardez-la précieusement, elle est malheureusement épuisée.

Quel est votre texte préféré que Desjardins a écrit?

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Un vent de nostalgie lui souffle parfois dessus, lui faisant revivre ses journées d’enfance passées avec un J’aime lire sous les yeux ou à manier son pousse-mine à composer des chansonnettes pour sa grand-mère Bernadette. Aujourd’hui bien campée dans la vie d’adulte sans trop l’être, lire et écrire sont restés pour elle synonymes de plaisir. Stéphanie a pris le chemin des sciences (elle est infirmière clinicienne) après un passage fort apprécié dans le domaine des arts & lettres. Depuis la fin de son récent bacc. du côté pragmatique, elle est ravie de (re)vivre enfin en lisant et écrivant ce qui lui plaît. Elle a un fort penchant pour le québécois contemporain, poésie ou romans, des essais ou encore pour son précieux guide des médicaments. Elle aime beaucoup voyager, le yoga, prendre des photos pas toujours réussies, cuisiner végé, le vieux punk, le classique et le sens du mot liberté.

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