Ce printemps, nous avons décidé de mettre le roman Petite laine d’Amélie Panneton dans nos coffrets mensuels. Ce roman publié chez les éditions de Ta Mère m’avait énormément plu. J’avais adoré l’écriture d’Amélie et sa façon bien à elle de s’attarder sur les détails, les souvenirs, les perceptions et de faire avec des petits riens des liens, de l’anodin qui devient du grand. J’aime beaucoup la plume d’Amélie, je la trouve sensible, à l’image de ce qu’elle dégage.
Comme une chaleur de feu de camp est un roman pour adolescent.es publié aux éditions Hurtubise qui m’a tenue en haleine une journée entière. Par un beau samedi automnal, je me suis mise à lire ce premier roman jeunesse de l’auteure et je n’ai pu le refermer qu’une fois terminé. C’est exactement le genre de livre que j’aurais aimé lire adolescente. Heureusement, j’ai aimé tout autant une fois adulte.
On y raconte l’histoire d’Emmanuelle, une jeune fille discrète et très sportive qui pratique la natation depuis de nombreuses années. Emmanuelle fait la rencontre de Thomas, un gars qui vit sur la même rue qu’elle. Il lui fait découvrir la musique country lors de leur trajet matinal dans l’autobus vers l’école secondaire. Tranquillement, elle se met à développer des sentiments pour ce garçon. Au même moment, elle est témoin d’une scène d’agression commise par le frère de Thomas. Emmanuelle sera donc face à beaucoup de questionnements. Des premières fois, des nouveaux sentiments et toujours, un doux regard sur ce passage qu’est l’adolescence.
Il y a aussi une agression dans ce roman. C’est fait avec beaucoup de respect et de réalisme. Le drame n’est pas diminué ou amoindri parce que c’est un roman jeunesse. J’ai aimé la façon dont Amélie a décidé de traiter de ce sujet, elle a laissé une grande place aux émotions de Noémie, la victime, certes, mais aussi à tous ceux qui l’entourent ; ses parents, ses collègues de classe, Emmanuelle, qui a été témoin de cette agression. Le personnage de Noémie est complexe et j’ai aimé qu’on lui laisse de la liberté sur sa façon bien à elle de gérer cette épreuve, sans chercher à nommer une unique façon de réagir à une agression.
L’amour n’est pas une finalité
Avec ma tête de lectrice de 26 ans féministe, j’ai apprécié le fait que l’amour entre Thomas et Emmanuelle n’est pas une finalité pour cette dernière. Elle est assumée et sait ce qu’elle désire et ce qu’elle mérite. Elle n’acceptera donc pas de souffrir ou d’être blessée pour et par l’amour. Elle s’affirmera et expliquera ce qu’elle ressent, et ce, même lors des épreuves qu’elle vivra. L’intériorité d’Emmanuelle est plus que convaincante, j’avais le sentiment de me lire parfois. Je me retrouvais totalement dans les pensées de cette adolescente qui vit ses grands et fabuleux premiers sentiments amoureux.
L’amitié a aussi une place fort importante pour Emmanuelle. La vraie amitié, celle qui élève et rassure, pas l’amitié fausse qui tourmente. J’ai aimé le courage du personnage principal de nommer les amitiés malsaines et les compétitions douteuses des adolescent.es. J’aurai aimé avoir le courage d’Emmanuelle à son âge et je trouve que de voir des personnages en littérature pleins d’audace et de ténacité peut inspirer les jeunes lecteurs.trices à faire de même, à élever la voix sur les choses qui les tourmentent et les font sentir non-respectés.
Une voix qui porte
Rares sont les auteur.e.s jeunesse qui arrivent à donner une voix unique et réaliste à leurs personnages avec tant de talent et de fluidité. Dès les premières pages, je me suis laissée entrainer dans ce roman jeunesse, et ce, grâce à la beauté de l’écriture d’Amélie Panneton. Elle a une façon bien à elle de nommer les choses, de les décrire. La première phrase du roman donne le ton totalement : « Les lundis sont comme des hérissons qui se sont levés du mauvais côté du lit ». Amélie est une auteure des plus talentueuses qui arrive en quelques mots à créer une émotion et une atmosphère.
Son roman, il est parsemé de musique, de country-folk, de feu de camp, de mots qui traversent le cœur des premiers amours. C’est une œuvre jeunesse des plus divertissantes, mais aussi des plus nécessaires : on y aborde des sujets sérieux tout en gardant une légèreté ainsi qu’une grande humanité.
Au final, je me suis empressée de recommander ce livre à mon amie enseignante au secondaire, je sens que ce petit roman saura créer de grandes discussions nécessaires sur les notions de consentement, de respect, d’affirmation de soi et encore plus. D’ailleurs, les Éditions Hurtubise ont créé une fiche pédagogique très intéressante sur ce roman.
Et vous, avez-vous des suggestions de romans pour adolescent.es qui donnent envie de revenir à cette période de vos vies ?
Le Fil Rouge tient à remercier les Éditions Hurtubise pour le service de presse.
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