Cet article se veut la suite de mon premier article sur mes découvertes théâtrales à l’université. Heureusement, dans les dernières semaines, j’ai beaucoup lu et j’ai fait des découvertes encore plus fraîches. Étant inscrite dans un cours de dramaturgie québécoise cette session, j’ai pu découvrir un classique des classiques qui est automatiquement devenu un coup de cœur, ainsi que quelques nouveautés. Ce que j’aime particulièrement de l’école, c’est justement les découvertes inattendues que l’ont fait en tant qu’étudiant.e. Les professeur.e.s nous incitent à sortir de notre zone de confort et, ainsi, nous pouvons nous créer une bonne connaissance générale de divers types de littérature. Comme dans mon précédent article, j’ose insister sur la nécessité d’un corpus d’œuvres diversifiées autant au niveau des sexes que des cultures. J’aimerais bien découvrir la dramaturgie d’Afrique ou d’Asie par exemple. Voici donc trois de mes coups de cœur les plus récents.
Macbett d’Ionesco
Macbett est une satire de la pièce originale de Shakespeare, Macbeth, écrite en 1972. L’histoire relatée par Ionesco reprend celle de Shakespeare, soit l’histoire de Macbeth, bourré d’ambition, qui décide de tuer le régicide afin de s’emparer du pouvoir. Sa femme, Lady Macbeth, l’encourage à aller plus loin, afin que son mari devienne roi et elle reine, comme il lui a été promis par des sorcières. C’est une histoire de sang et de pouvoir, où la culpabilité mène à la folie. Ionesco transforme cette tragédie en satire, en incorporant énormément de répétitions. Ce procédé permet d’ajouter une touche comique à la pièce, et les individus perdent ainsi de leur individualité. Bien que Macbett est l’un de mes coups de cœur théâtraux, le Macbeth de Shakespeare reste mon œuvre favorite.
MACBETT : Tu ne m’impressionnes pas, jeune sot que tu es, crétin qui se veut vengeur! Débile psychosomatique! Idiot ridicule! Nigaud héroïque! Infatué imbécile! Andouille incongrue! Huître, mazette!
MACOL : Je vais te tuer, souillure! Après je jetterai mon épée impure!
MACBETT : Pauvre jeune con! Passe ton chemin. J’ai tué ton crétin de père, je voudrais t’éviter la mort. Tu ne peux rien contre moi. Il est dit qu’aucun homme né d’une femme ne peut m’abattre.
Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay
Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay, quel classique! C’est la première œuvre littéraire que je lisais de Tremblay, et je l’ai trouvée vivifiante, divertissante et si bonne. Cette pièce est une comédie dramatique écrite en 1965, en joual québécois. C’est l’histoire de Germaine Lauzon qui gagne un million de timbres. Dans le voisinage, cette victoire fait beaucoup jaser et certaines amies de la gagnante sont jalouses. Une soirée de collage de timbres est organisée, il y a des secrets qui se révéleront, des chicanes auront lieu, puis quelques « amies » de Germaine lui voleront des timbres en cachette. La pièce éclate au dernier acte dans une abondance de vérité. C’est une pièce très humaine et si bien écrite.
GERMAINE, ROSE, GABRIELLE , THERESE ET MARIE-ANGE : Moé, j’aime ça le bingo! Moé, j’adore ça le bingo! Moé, y’a rien au monde que j’aime plus que le bingo! Presque toutes les mois, on en prépare un dans’paroisse! J’me prépare deux jours d’avance, chus t’énarvée, chus pas tenable, j’pense rien qu’à ça. Pis quand le grand jour arrive, j’t’assez excitée que chus pas capable de rien faire dans’maison! Pis là, là, quand le soir arrive, j’me mets sur mon trente-six, pis y’a pas un ouragan qui m’empêcherait d’aller chez celle qu’on va jouer….
…On s’installe aux tables, on distribue les cartes, on met nos pitounes gratis, pis la partie commence! …Là, c’est ben simple, j’viens folle! Mon Dieu, que c’est excitant, c’t’affaire-là! Chus toute à l’envers, j’ai chaud, j’comprends les numéros de travers, j’mets mes pitounes à mauvaise place, j’fais répéter celle qui crie les numéros, chus dans toutes mes états! Moé, j’aime ça le bingo!
Petit guide pour disparaître doucement de Félix-Antoine Boutin
Le titre résume assez bien ce que le texte est. C’est un texte assez bref, auquel chaque humain peut s’identifier. C’est le désir d’être, de savoir qui l’on est, de se trouver et de disparaître quand les angoisses sont trop fortes; c’est également l’envie de s’accepter. Petit guide pour disparaître doucement est une fresque des sentiments humains. Divisée en sept actes – moi, toi, l’autre, nous, l’exil, la nostalgie et l’absolu – cette pièce reflète ce que c’est que d’être humain, avec nos bonheurs, nos malheurs, nos angoisses, etc. Cette pièce est un compagnon, la solitude semble s’évaporer pendant la lecture.
– Je ne comprends pas de qui je parle lorsque je prononce « je ».
- Je ne sens pas que je m‘habite réellement.
- J’ai l’impression d’un décalage entre moi et le réel.
- J’ai l’impression d’un court néant.
C’est ainsi que se termine cet article sur mes trois derniers coups de cœur parmi les six que j’ai choisis. J’espère que cela vous permettra, à votre tour, de découvrir de nouvelles œuvres et de diversifier vos connaissances théâtrales.
Quelles sont les découvertes théâtrales qui vous ont le plus surpris.es?
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