Au-delà des livres
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Vivre la littérature — Entrevue avec Mary-Lee Picknell

Mary-Lee Picknell théâtre

Dernièrement, j’ai lu Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare, qui a toujours été l’une de mes pièces préférées. J’adore sa féérie onirique, qui donne inévitablement lieu à des costumes et des décors magiques, et bien sûr le personnage de Puck, archétype même du trickster jungien. Que serait le théâtre sans un peu de comique de situation?

J’ai été agréablement surprise par mon expérience de lecture, car si j’aime beaucoup assister à une pièce, je dois avouer que, pour moi, lire le théâtre s’est souvent révélé une expérience insatisfaisante. L’absence de chair autour de l’os m’empêche généralement de savourer pleinement les dialogues, même les plus juteux! Après tout, le théâtre n’est pas conçu pour être lu, mais pour être mis en scène, interprété, regardé et écouté. Ce n’est pas une littérature qui se lit, mais qui se vit!

Dernièrement, j’ai eu la chance de discuter avec quelqu’un dont le travail consiste justement à donner vie aux mots — et même à vivre les mots! Mary-Lee Picknell a généreusement accepté de me rencontrer dans un sympathique café du quartier Limoilou à Québec pour me parler de son métier de comédienne…

Mary-Lee Picknell Le songe d'une nuit d'été Shakespeare théâtre cirque
Mary-Lee Picknell dans Le songe d’une nuit d’été (crédit : Stéphane Bourgeois)

Pourquoi as-tu choisi le métier de comédienne?

C’est arrivé assez tôt. Je pense que j’avais 7 ans. En rentrant chez moi, après avoir vu un spectacle, j’ai dit à mes parents que je voulais absolument faire du théâtre. J’ai joué ma première pièce l’année suivante. C’était Les Belles-sœurs de Michel Tremblay.

Après ça, j’ai fait du théâtre jusqu’au cégep, où j’ai commencé des études en langues. C’est une prof qui m’a convaincue de tenter ma chance aux auditions du Conservatoire de Québec. Finalement, j’ai été acceptée du premier coup, à 18 ans.

Ma mère, elle, pense que c’est parce qu’elle a fait du théâtre amateur pendant qu’elle était enceinte de moi. Elle aime se donner ce crédit-là. Je trouve ça très cute!

Qu’est-ce que tu aimes dans ton métier?

Je n’aime pas la routine et c’est un métier où il y a toujours du changement. Avec chaque nouveau projet, on rencontre des personnes différentes et inspirantes.

Le théâtre, c’est aussi un lieu où je peux vivre des émotions fortes sans me mettre en danger. Dans la vraie vie, on ne peut pas crier après le monde en cassant des tasses, fesser dans les murs et brailler à tous les jours! Au théâtre, on peut, et c’est tellement satisfaisant!

Mais le plus important, c’est le contact avec le monde. Dans la vie de tous les jours, je suis un peu timide. Mais au théâtre, on te donne un texte qui te permet de dire les choses que tu as envie de dire. Ça fait du bien de pouvoir communiquer, d’avoir une connexion avec les spectateurs, de leur faire vivre quelque chose de fort.

Tu dis que tu ne voudrais pas te mettre en danger, mais tu t’es pourtant impliquée dans des projets audacieux!

Ce n’est peut-être pas si vrai, que je n’aime pas le danger… Je ne sauterais pas en bungee, mais j’aime l’adrénaline!

Quills est définitivement un projet qui a fait tomber beaucoup de mes barrières. La nudité, c’est quelque chose que je n’avais jamais fait avant. Mais finalement, c’est vraiment comme porter un costume! Je suis contente de l’avoir fait.

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Robert Lepage et Mary-Lee Picknell dans la pièce Quills (crédit : Stéphane Bourgeois)

Quand j’ai accepté de jouer dans Conversation avec mon pénis, je ne réalisais pas dans quoi je m’embarquais! À partir du moment où j’ai eu le costume, tout était drôle : un pénis qui boit du thé, c’est drôle! Un pénis qui lit le journal, c’est drôle! Quand on est arrivé au show, je me suis demandé : «Mais qu’est-ce que j’ai fait là? Pourquoi je fais ça?» Finalement, on a été sold-out! C’est rare! Ça donne des drôles de photos dans les journaux, mais j’ai eu du fun!

La pièce Hypo était-elle un projet plus personnel?

C’est mon ami Nicola-Frank Vachon qui l’a écrite. Quand j’ai lu sa première version, j’ai vu qu’il abordait des thèmes importants pour moi, qu’il mettait des mots sur des choses que j’avais besoin de verbaliser. C’était extraordinaire! Il a continué d’écrire le rôle de la fille avec moi en tête, alors elle me ressemble un peu. Quand on l’a jouée, ça a été thérapeutique!

Mary-Lee Picknell Nicola-Frank Vachon théâtre Hypo
Nicola-Frank Vachon et Mary-Lee Picknell dans la pièce Hypo (crédit : David Mendoza Helaine)

As-tu d’autres passions?

Mes collègues rient de moi parce que j’ai beaucoup de passe-temps! J’aime colorier, je joue de la guitare et je fais du tricot. J’aime apprendre de nouvelles choses. Dans un univers parallèle, j’aurais pu être dans un band, parler six langues ou faire le tour du monde… Mais on ne peut pas tout faire!

Je me trouve déjà très chanceuse de faire le métier de comédienne!

Les suggestions de lecture de Mary-Lee :

Nord Alice de Marc Séguin

Le jeu de la musique de Stéfanie Clermont

La femme qui fuit d’Anaïs Barbeau-Lavalette

Le plongeur de Stéphane Larue

La virevolte de Nancy Houston, ou les livres de Nancy Houston en général!

Quelques projets auxquels Mary-Lee a participé :

Quills (texte : Doug Wright, mise en scène : Jean-Pierre Cloutier et Robert Lepage, production : Ex Machina)

Conversation avec mon pénis (texte : Dean Hewison, adaptation : Marc-André Thibault, production : Théâtre Bistouri)

Hypo (texte : Nicola-Frank Vachon, mise en scène : Maryse Lapierre, production : Les Hébertistes)

Le songe d’une nuit d’été (texte : William Shakespeare, adaptation : Michelle Allen, mise en scène : Olivier Normand, production : Le Trident et FLIP Fabrique)

1991 (scénario et réalisation : Ricardo Trogi)

Remerciements spéciaux : à Mary-Lee Picknell et à Raphaël Thérien Touchette! (crédit photo d’en-tête : Hugo B. Lefort)

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