Il y a quelques années, je faisais partie de ces jeunes qu’on qualifiait de désintéressés de la politique. À vrai dire, j’étais blasée de plusieurs choses : lire de mauvaises nouvelles dans les médias, la corruption par-ci et par-là, les coupures à droite pis à gauche, les discours de peurs qui ne me donneront pas le goût de m’investir en société. La grève de 2012 aura su réveiller la jeune militante qui hibernait en moi. Je rêve toujours d’une scolarité où le savoir n’a pas de prix, de privilège et de liberté. C’est à ce moment de ma petite vie que j’ai croisé Jean-Martin Aussant qui faisait des consultations pour lancer un parti politique. Un parti indépendantiste et de gauche, ça m’interpellait. J’ai suivi cet audacieux projet à distance, depuis mon cours dans le département de science politique.
La fin des exils, la fin d’une solitude
En politique, les événements et les décisions se prennent rapidement. Militer, c’est un peu faire la course à côté de tes idées et porter des projets à bout de bras sans t’essouffler. Cela devrait être accessible à tous les citoyens, car la politique est la base des grandes décisions de notre société. Ainsi, ce petit livre de Jean-Martin Aussant, La fin des exils, nous donne lumière sur ce monde, qui peut avoir l’air ingrat et sans merci. Parce que ce n’est pas vrai, la politique n’est pas — toujours — une vieille machine désuète où l’entraide, le pouvoir collectif et la passion n’existent pas.
L’exil dont Jean-Martin Aussant nous parle, ce n’est pas uniquement géographique, il soulève plusieurs aspects : le point de vue intellectuel et social, la souveraineté du Québec, le cynisme en politique. Il y a très longtemps, Camil Bouchard a fait la déclaration « le désir de créer du beau ». L’ancien député de Nicolet-Yamaska revient en force pour nous raconter ses expériences personnelles ainsi qu’encourager les futures générations à faire renaître le sens de « faire de la politique autrement ». En d’autres mots, cette politique enthousiasmante qui insuffle un sentiment de confiance en l’avenir, cet appel urgent de l’auteur de renouveler le contrat social et de réaffirmer le désir de s’impliquer collectivement (pour sortir de l’individualité).
Le pouvoir de l’information et du savoir
Adieu ce cynisme alimenté à grands coups de gros titres dans les médias, soyons vigilants devant les beaux discours de nos politiciens qui modifient leur plateforme durant leur mandat pour s’assurer de garder leur siège pour les prochaines élections. Par exemple, en décidant de passer sous silence le sujet de la souveraineté du Québec. Sortons de la peur, nous suggère Aussant en démystifiant ce cynisme ambulant.
Simone de Beauvoir disait : la fatalité triomphe dès que l’on croit en elle.
L’auteur nous emmène dans une réflexion approfondie du retour aux sources justes, au rôle de l’État, au clientélisme électoral, au renouvellement d’un contrat social économique et à la déconstruction des épouvantails. Ce livre est le manifeste de la résistance contre la peur et le changement à exécuter. En bonus, il y a des œuvres du grand peintre Marc Séguin pour accompagner les textes révolutionnaires.
Et vous, qu’en pensez-vous de l’engagement citoyen?