All posts tagged: politique

le fil rouge; le fil rouge lit; bibliothérapie; littérature; lecture; livres; les livres qui font du bien; Les femmes et le pouvoir: un manifeste; Mary Beard; Perrin; féminisme; femme; pouvoir; politique

Changer les codes du pouvoir

La représentation des femmes en politique est d’actualité, et il y a certainement lieu de s’en réjouir. Personnellement, les essais qui explorent les causes historiques de l’invisibilité des femmes dans les structures décisionnelles me captivent. C’est pourquoi j’ai dévoré en un après-midi l’essai Les femmes et le pouvoir : un manifeste de Mary Beard, lecture que je recommande grandement à toute personne qui souhaite facilement comprendre les racines historiques de l’invisibilité des femmes sur la place publique. La voix des femmes Dans la première partie de son livre, l’autrice explique comment, depuis l’Antiquité, les femmes ont toujours été réduites au silence dans les instances publiques, puisque «discourir était l’affaire des hommes». Encore aujourd’hui,  les femmes doivent se battre sur deux terrains : d’une part, réussir à faire entendre leur voix, et d’autre part, combattre les agressions dont elles sont victimes si elles réussissent à se faire entendre sur la place publique. Beard poursuit en démontrant que la construction sociale du genre est intrinsèquement liée au silence des femmes, en ce sens que la féminité fut sociologiquement et historiquement …

correspondance, amour, révolution tranquille, littérature québécoise, pauline julien, gérald godin, couple, inspiration, lettres, arts, chanson, journaliste, politique

«Vous ne m’êtes pas d’un amour tranquille»

«Il faut absolument que tu lises ça». J’étais au salon du livre avec ma cousine, il y a deux ou trois ans, et c’est ce qu’elle m’a dit en me tendant un exemplaire de La renarde et le mal peigné. Habituellement, quand quelqu’un m’aborde avec cette phrase pour me suggérer une lecture, ça pique ma curiosité. J’ai envie de découvrir ce qui justifie l’emploi de l’impératif dans la phrase : s’il faut que je lise ce livre, c’est parce que mon interlocuteur y a découvert quelque chose d’extraordinaire… Et même si ce n’est pas une garantie que j’aimerai la recommandation, ça me touche que quelqu’un que j’aime me partage une lecture avec autant de ferveur ! Toujours est-il que lors de cette fameuse visite au salon du livre, j’achetai le livre que me tendit ma cousine. Quelques années plus tard, je la remercie encore de me l’avoir fait découvrir. Ce récit de correspondances est encore à ce jour une des lectures qui m’ont le plus bouleversées et auxquelles je reviens souvent. La renarde et le mal …

La fin des exils, la fin de quoi exactement?

Il y a quelques années, je faisais partie de ces jeunes qu’on qualifiait de désintéressés de la politique. À vrai dire, j’étais blasée de plusieurs choses : lire de mauvaises nouvelles dans les médias, la corruption par-ci et par-là, les coupures à droite pis à gauche, les discours de peurs qui ne me donneront pas le goût de m’investir en société. La grève de 2012 aura su réveiller la jeune militante qui hibernait en moi. Je rêve toujours d’une scolarité où le savoir n’a pas de prix, de privilège et de liberté. C’est à ce moment de ma petite vie que j’ai croisé Jean-Martin Aussant qui faisait des consultations pour lancer un parti politique. Un parti indépendantiste et de gauche, ça m’interpellait. J’ai suivi cet audacieux projet à distance, depuis mon cours dans le département de science politique. La fin des exils, la fin d’une solitude En politique, les événements et les décisions se prennent rapidement. Militer, c’est un peu faire la course à côté de tes idées et porter des projets à bout de bras …

Le fil rouge le fil rouge lit bibliothérapie littérature lecture livres les livres qui font du bien Svetlana Alexievitch Une auteure et son oeuvre La supplication La guerre n'a pas un visage de femme

Une auteure et son œuvre : Svetlana Alexievitch

Écrire dans l’ombre, en laissant la parole à ceux qui ne sont pas pris en compte par l’histoire, ces gens qui se déplacent dans l’obscurité sans laisser de traces et à qui on ne demande rien, c’est ce que Svetlana Alexievitch sait faire de mieux. Cette journaliste et auteure russophone soviétique et biélorusse est la première femme de langue russe à remporter le prix Nobel de littérature, et ce, pour l’ensemble de son œuvre. Elle écrit des textes engagés, dissidents, qui causent parfois la controverse. Ce n’est pas seulement sa carrière de journaliste qui l’a conduite à écrire sur les conflits politiques et sociétaires, comme la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la guerre d’Afghanistan ou la dislocation de l’URSS, mais son enfance marquée par les récits de sa grand-mère et de son père, qui n’ont jamais cessé d’influencer son imagination fertile.   L’auteure Svetlana Alexievitch se met toujours volontairement dans l’ombre lorsqu’elle travaille. J’ai donc décidé de lui donner, dans cet article, une lumière particulière. Pour commencer, explorons brièvement son histoire : Svetlana Alexievitch est née …

La mémoire du temps, une enquête brillante et hors du commun

Virginie Constantineau, écrivaine à l’existence tranquille, voit sa vie chamboulée lorsque, au terme d’une rencontre avec un vieil ami bouquiniste, elle se retrouve en possession d’un très vieux texte dont l’aura de mystère semble attirer les indésirables… et semer la mort. Intriguée, la romancière s’extirpe de ses Cantons-de-l’Est chéris pour se lancer sur les traces de Nicolas Gustave, un ancien professeur d’histoire du christianisme qui semble lié au passé du fameux manuscrit. Au même moment, à Ottawa, le gouvernement ultra-conservateur qui est en place tente de faire adopter une loi visant à criminaliser l’avortement au Canada… En quoi ces trois trames bien distinctes sont-elles reliées? Voilà ce que Mylène Gilbert-Dumas nous propose de découvrir avec son roman La mémoire du temps, un ambitieux projet que j’ai pris plaisir à dévorer en quelques jours à peine. Ayant plus d’une quinzaine de romans de genres divers à son actif, l’auteure s’est attaquée cette fois-ci à l’écriture d’un thriller politico-religieux. Elle a, à mon sens, relevé le défi avec brio en produisant un suspense enlevant, différent et fort …

S’appartenir(e) au féminin, sous toutes ses formes

S’appartenir(e) est une petite plaquette qui me faisait de l’oeil depuis un bon moment déjà. Publiée dans la collection « pièces » chez atelier 10, s’appartenir(e) se décrit ainsi ; Jouissif et décomplexé, «S’appartenir(e)» rassemble les paroles de neuf auteures. On y parle de notre façon d’être moderne et préhistorique à la fois. De notre rapport à l’éducation. De cette foutue question du pays qui se pose encore bizarrement. De nos paradoxes si multiples. De l’Histoire. Celle qui s’écrit. Celle qui nous échappe parce que trop peu enseignée. Celle des peuples autochtones encore mal comprise. Celle qui nous définit. On y parle des nuances qui s’évaporent dans les brumes de l’inconscience collective. C’est le thème de l’appartenance à soi-même, d’abord et avant tout, qui est venu me chercher. C’est ce jeu entre politique et privé tout comme ce jeu entre les formes et styles utilisés, qui a par la suite su garder mon attention. Le collectif. Avec le temps, force est d’admettre que je suis de plus en plus fan de collectifs. J’aime la pluralité des voix, …

Les luttes fécondes : pistes de réflexion pour la déconstruction des institutions

Je n’avais pas vraiment prévu lire cet essai. Je ne sais pas trop pourquoi, peut-être parce que ma PAL déborde déjà de livres qui n’attendent que d’être ouverts. Le 12 août, à la librairie de Verdun, il m’est pourtant tombé dans l’œil et, tout à coup, je ne pouvais plus faire autrement que de l’acheter et de le lire. L’idée de « [l]ibérer le désir en amour et en politique » me semblait bien intéressante. C’est donc avec curiosité que je me suis lancée dans Les luttes fécondes de Catherine Dorion. En politique comme en amour, nos énergies sont, la plupart du temps, soigneusement contenues à l’intérieur de cadres qui « organisent » les liens qui nous unissent, et qui empêchent les révolutions de prendre pied. Le couple. Nos institutions politiques. Les élections. Ce livre parle du désir qui cherche à s’exprimer entre deux (ou cent-mille) personnes, et de ce qui a été mis en place pour le garder emprisonné. Ce livre est un plan d’évasion. À la fois sur le plan personnel et politique, Catherine …

#lefilrouge #lefilrougelit #bibliothérapie #leslivresquifontdubien #livres # poésie #poésieanglaise #katetempest #Londres #letthemeatchaos

La poésie de Kate Tempest: recevoir le chaos en plein cœur

Entre slam et poésie, politique et poétique, Kate Tempest nous ébranle, nous émeut, nous secoue, nous bouleverse. Elle crée une tempête d’émotions, en bref (pardonnez-moi le mauvais jeu de mots). C’est ce que j’ai découvert lorsque j’ai assisté à son spectacle en avril dernier. Un moment grandiose, alors que la foule se délectait de ses paroles, en symbiose avec elle. Pourtant, je ne savais alors rien de cette artiste, une amie m’ayant simplement fortement recommandé d’assister au concert. Pourtant, alors que je n’avais aucune attente, j’ai été hautement stupéfaite de l’expérience musicale et poétique que j’ai vécue: la sincérité et l’intensité du spectacle Let Them Eat Chaos m’est parvenue directement dans les tripes; un coup de foudre, un vrai! Le spectacle, d’une très grande qualité, soit dit en passant, s’inscrivait dans la tournée de Tempest pour son dernier album Let Them Eat Chaos, qu’elle interprète d’un bout à l’autre, en reprenant à peine son souffle. Pas de rappel, pas de diversions : l’album complet, du début à la fin, comme une seule et même chanson. …

L’indépendance du Québec : le clan du peut-être

Je suis née de parents franco-québécois, la plupart de mon entourage est souverainiste et la majorité de mes idéaux politiques sont de gauche. Il n’en faut pas plus pour que les gens me classent dans la catégorie  »Oui ». Comme ça, sans me demander mon opinion, on insinue que je suis pour l’indépendance du Québec. Ce n’est pas vrai… Mais ce n’est pas totalement faux non plus. Le problème avec le débat sur la souveraineté, c’est que ce n’est pas un débat. Chacun est convaincu d’avoir raison et tente d’écraser les opinions opposées plutôt que de les écouter.  Les partis politiques qui s’expriment sur la question semblent penser que l’on nait souverainiste ou non, that’s it. Que la solution est de provoquer les partisans du oui pour qu’ils crient plus fort que ceux du non, et vice-versa. En aucun cas, on tente de convaincre les indécis. Parce que personne ne semble penser qu’il y a des indécis! Bien sûr, si la possibilité d’un référendum se concrétise, et ça ne devrait pas trop tarder, je vais m’informer, …

Parler de Pauline Julien pour parler de nous

  Vendredi dernier, Martine et moi avons eu la chance d’assister à la pièce T’en souviens tu Pauline?, présentée par le théâtre archarnéE, à l’Espace libre. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre puisque mes expériences au théâtre sont plutôt sporadiques et peu fréquentes et ce, même si c’est un médium créatif que j’affectionne particulièrement. Je ne savais pas non plus à quoi m’attendre en apprenant que c’était une performance solo. C’est donc dans cette ambiance d’incertitude, mais également d’appréhension, que nous nous sommes rendues à l’espace libre, rue Fullum. À prime abord, on nous avertis que cette pièce n’est pas un hommage commun à Pauline Julien, ce n’est ni une performance où toutes ses chansons les plus populaires seront mises en scène, ni un conte anecdotique sur la vie de cette femme. Ça tombe quand même bien parce que de Pauline Julien, je ne connais pas grand chose. Ce que j’ai appris d’elle, mis à part l’évident fait qu’elle était chanteuse, est le fait que ce fut de son vivant une femme très …