Ryôta est un enfant turbulent, bagarreur, mauvais élève et très doué pour s’attirer des ennuis. Son père, qui pratique le zen tous les dimanches, décide donc de l’emmener avec lui au temple pour ses heures de pratique. Dans ces moments, il est alors un tout autre enfant, calme, introverti, obéissant.
Un dimanche matin, alors qu’il n’a que 8 ans, Ryôta annonce à son père qu’il souhaite devenir moine, et lui demande de l’aider dans les démarches à accomplir.
C’est pile là que ce court roman m’a étonnée, car, malgré ce que le titre m’a laissé croire, l’auteur ne me racontera pas l’histoire de Ryôta. Enfin, pas tout à fait…
De la difficulté d’être parent
Il s’agit plutôt de l’histoire de ses parents, et de toutes les difficultés qu’ils vont rencontrer à partir de l’annonce de sa vocation et pendant les années qui vont suivre.
Pour commencer, comment réagir à une telle annonce, faite en plus par un enfant aussi jeune ? Puis, les années passant et l’enfant s’affirmant, comment réagir face à ses convictions, mais aussi ses doutes quant à son avenir ? Comment l’accompagner ?
Et finalement, le plus difficile : comment le laisser partir ?
Voilà en fait tout l’enjeu : accepter de voir son petit garçon grandir, se choisir une voie qui n’est pas la nôtre, et nous quitter pour faire sa vie.
Les parents de Ryôta abordent la chose très humblement, respectueusement, remettant leur rôle en question (mais jamais le choix de leur fils) et redoutant sans cesse de ne pas être sur la bonne voie. Ils essaient de trouver l’équilibre entre l’amour pour leur fils, leur désir de le protéger, et l’espace à lui laisser pour qu’il se réalise.
Un récit qui nous interpelle
Sincèrement, bien que je sois la mère d’un petit garçon de 7 ans (bientôt l’âge de vouloir devenir moine), j’ai tout d’abord pensé à mes propres parents.
Grâce à ce récit (dont il est dit en quatrième de couverture qu’il est autobiographique), j’ai eu l’impression de comprendre une partie de leurs réactions, mais surtout, de leurs motivations, lorsque nous nous opposions quand j’étais en âge de prendre mon envol.
Je me suis rendue compte des épreuves qu’ils ont endurées, des inquiétudes et des angoisses avec lesquelles ils ont vécu, de tout ce travail qu’ils ont dû accomplir sur eux-mêmes pour me laisser la place de devenir l’adulte que je désirais être.
Ça m’a paru parfois aussi violent qu’un deuil : l’enfant qu’ils ont mis au monde et élevé les quitte pour « appartenir désormais à un autre monde, hors de portée ».
« Je vous remercie de tout le mal que vous vous êtes donné jusqu’à ce jour. »
Le rituel veut que ce soit les derniers mots que Ryôta prononce en quittant sa famille pour entamer sa nouvelle vie au temple.
Je n’ai évidemment pas remercié mes parents pour ces années où ils ont pris soin de moi. Sans avoir jamais été mauvais, je pense tout de même que mes rapports avec eux vont beaucoup changer après cette lecture, surtout la façon dont je pourrais interpréter leurs paroles et actions, même celles du passé.
Je vais garder précieusement un exemplaire de ce livre dans un coin, pour le moment où je traverserai tout ça en étant de l’autre côté… et il ne fait aucun doute que je le glisserai à mon fils, espérant qu’il nous aidera à traverser les turbulences de son adolescence avec plus de compréhension et d’écoute mutuelles.
Et vous, quel livre vous a permis d’apaiser vos rapports avec vos parents ?