Littérature québécoise
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Bon chien : Quand performer devient étourdissant

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Bon chien, comme dans « faire ce qu’on nous demande », se soumettre en cherchant l’approbation de l’autre. Un titre judicieux qui rend à merveille la réalité derrière ce tout premier roman publié fin janvier, chez Hamac, par l’autrice Sarah Desrosiers. Je reconnais avoir été touchée, entraînée dans ce roman comme dans un ballet. Je me sentais embarquée dans le récit de la narratrice et je ne pouvais m’arrêter de lire. Sarah Desrosiers, qui a étudié en danse ainsi qu’en littérature, est une magnifique découverte.

Une narration captivante

Dès les premières pages, j’ai été saisie par la narration au « tu ». La narratrice s’adresse à celle qu’elle a été, le bon chien, cette jeune fille qui cherche plus que tout à satisfaire les autres, qui entre en mode survie pour réussir du mieux qu’elle peut. La jeune fille passe des auditions pour être acceptée dans une grande école de ballet, et dès le début elle est consciente qu’elle n’a pas le talent des autres danseuses. Elle est toutefois habitée d’une grande discipline et d’un désir de performer plus grand que toutes les autres, et ce, malgré ses problèmes rédhibitoires. C’est d’ailleurs ce qui lui permettra de rester dans l’école, mais trop souvent comme pilier du groupe, étant celle qui connaît chaque mouvement, chaque pas à exécuter.

Il y a comme une discussion qui s’opère entre la jeune fille qui danse et celle qui raconte. En écrivant au « tu », l’autrice nous fait découvrir le regard de celle qui croit s’être affranchie vis-à-vis l’étudiante exemplaire qu’elle était.

Savoir installer la honte dans la tête d’un chien, c’est là la clé d’une soumission sans faille, d’une obéissance parfaite […].

Obsession de performance 

Il s’agissait du premier roman que je lisais concernant l’obsession de performance, et ça m’a secouée. Il s’agit d’un problème bien plus courant qu’on pourrait le penser dans une société comme la nôtre. L’histoire se positionne dans une salle de ballet, mais on sent que cela pourrait être dans tant d’autres domaines. La danse reste un prétexte à dévoiler toute la puissance et la dureté de vouloir performer, de vivre en mode survie.

Il faisait mal de lire ce livre parfois; j’étais furieuse contre les enseignants qui ne voyaient en rien la dureté et la détresse que procuraient leurs attentes face à la jeune fille. J’étais furieuse de voir la façon dont ils l’utilisaient, le langage utilisé pour parler d’elle, tout comme de lire les scènes d’humiliations publiques m’a enragée. L’œuvre dénonce une société de compétition, de performance, une société malade qui impose de s’oublier, de taire les douleurs physiques et mentales qui nous habitent pour continuer, pour entrer dans un moule. Que ce soit avec l’enseignant qui prend son corps comme s’il s’agissait d’un objet ou de ceux qui parlent d’elle comme d’un seul outil, le corps dans ce roman devient un instrument, jusqu’à ce qu’il lâche. Le corps ne suit plus, il s’effondre de douleur, de fatigue, de souffrance.

Avec une justesse et un sens du rythme incroyables, Sarah Desrosiers livre avec ce premier roman une œuvre importante qui soulève un problème de plus en plus capital de notre société : l’obsession de performance.

Avez-vous des recommandations d’autres romans qui abordent ces thématiques?


Le fil rouge tient à remercier la collection Hamac pour le service de presse.

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