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L’année de la pensée magique : Joan Didion et le deuil

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C’est une chronique au sujet de Joan Didion à l’émission Plus on est de fous, plus on lit! qui m’a donné le goût de lire les écrits de cette écrivaine américaine. En écoutant la discussion animée au sujet de cette femme et de son œuvre, je me suis demandé pourquoi je n’avais encore jamais lu ses ouvrages. Ma curiosité était piquée. C’est avec L’année de la pensée magique, choisi un peu par hasard, que j’ai abordé mon immersion dans son œuvre.

Joan Didion étant dépeinte comme une journaliste d’enquête, j’ai été surprise de constater que L’année de la pensée magique est un récit très personnel dont le thème principal est le deuil. En effet, dans ce récit, Didion relate l’année qui a suivi le décès de son mari, l’écrivain et scénariste John Gregory Dunne. Avoir pris le temps de lire la quatrième de couverture, j’aurais probablement choisi un autre livre de Didion pour commencer. Or, contre toutes attentes, dès la lecture des premières pages jusqu’à la fin du livre, je suis demeurée captive de la plume de Didion ainsi que de ses observations et souvenirs.

En lisant les mots de Didion, il n’y a pas de doute que l’écrivaine est bouleversée par la mort soudaine de celui qui fut son mari durant plus de quarante ans et aussi son partenaire d’écriture. Ces deux-là ne remettaient jamais un écrit sans avoir fait relire l’autre auparavant.

Il n’y avait rien dont nous ne discutions pas, John et moi. Parce que nous étions tous deux écrivains et travaillions tous deux à la maison, nos journées étaient rythmées par le son de nos voix.

Je ne pensais pas toujours qu’il avait raison, comme lui ne pensait pas toujours que j’avais raison, mais nous étions chacun celui en qui l’autre avait confiance. 

Or, malgré sa grande proximité avec son mari, sa difficulté à faire son deuil et le fait que sa fille était aux prises avec de graves problèmes de santé au même moment, Didion emploie un ton assez froid qui fait en sorte que l’on ne verse pas dans la mélancolie. Le livre amène plutôt le lecteur à réfléchir sur le deuil de manière rationnelle. Didion revient sur cette première année sans son mari et explique à quel point elle a eu du mal à accepter sa mort et à accepter que celui-ci ne revienne jamais. Autrement dit, elle aborde davantage la manière dont elle a vécu son deuil que les émotions qu’elle vivait. 

J’avais besoin d’être seule pour qu’il puisse revenir.

Ainsi commença pour moi l’année de la pensée magique. 

La lecture est l’un des remèdes choisis par Didion pour passer au travers de ces temps difficiles. De la poésie aux ouvrages scientifiques en passant par la fiction, elle cite plusieurs passages sur le deuil qui l’ont aidée à comprendre l’état dans lequel elle se trouvait. Les parallèles qu’elle dresse avec son propre état sont très intéressants.

J’ai beaucoup aimé faire la connaissance de Didion par cette lecture. Par contre, j’ai moins aimé les bouts où elle fait l’étalage de son mode de vie privilégié ainsi que des personnes connues qui font partie de son entourage. Parfois, j’avais de la difficulté à saisir ce que ces mentions ajoutaient de pertinent au récit. J’ai pu toutefois passer par dessus cet irritant pour me concentrer sur la beauté des réflexions et des images de Didion. À lire pour n’importe qui souhaite comprendre le deuil et les effets qu’il produit.

Et vous, y a-t-il des ouvrages sur le deuil qui vous ont particulièrement marqués? 

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