Littérature québécoise
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Hôtel Lonely Hearts : Les dessous de Montréal

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Il y a de ces livres qu’on choisit pour leur couverture. Ce fut le cas pour Hôtel Lonely Hearts : je ne connaissais ni l’auteure, ni la trame narrative du roman.

Le premier chapitre m’a tout de suite sortie de mes habitudes littéraires pour plusieurs raisons, et cet effet demeura tout au long du récit. D’abord, le roman est écrit par une femme québécoise anglophone, ce qui, d’emblée, est une première exploration pour moi. Ensuite, les personnalités très excentriques des personnages m’ont déstabilisée. Finalement, l’époque dans laquelle prend place l’histoire, le Montréal des Années Folles et de la Grande Dépression, m’était plutôt inconnue point de vue lecture. 

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Crédit : Éditions Alto

Montréal crasse

Bienvenue dans le monde naïf, désillusoire, choquant et plein d’humour de Heather O’Neill, que Dominique Fortier, elle-même romancière notable, nous traduit de l’anglais vers le français. On y découvre Montréal sous son jour le plus sombre, au détour de ses ruelles et à travers les yeux de ceux que la ville a rejetés.

Il est étrange, donc, que malgré le plongeon tête première dans la prostitution, les bordels miteux de Montréal, le quartier chinois et son dangereux contenu d’opium, la violence…je conserve un souvenir doux et heureux de cette lecture. 

 

C’est peut-être dû à des phrases comme celle-là :

Le vent était inhabituellement froid à New York ce matin-là. L’air avait une qualité différente de celui de Montréal, mais cela était subtil. Il était plus vif. Il sentait la même chose qu’une personne qui s’apprête à vous embrasser. Il avait un faible parfum de Coca-Cola.

L’ordinaire devient l’extraordinaire

J’ai trouvé très intéressant que le livre aborde des univers qui semblent au premier abord incompatibles. Le livre complet est ainsi bourré de contradictions. Ainsi, l’ordinaire des classes populaires de la Grande Dépression devient l’extraordinaire à travers les fantasmes des personnages de Rose et de Pierrot, les événements les plus déprimants deviennent des opportunités pour s’échapper dans le merveilleux, certains adultes se comportent comme des enfants et vice-et-versa.

Rempli de surprises et de moments saugrenus, ce livre est une perle!

Troublant de constater qu’une adulte réussit ce véritable tour de force que celui de replonger le lecteur dans l’univers de l’enfance. Ce livre prend d’ailleurs racine dans un orphelinat montréalais, géré avec la sévérité des sœurs qu’on s’imagine au début du vingtième siècle. On y suit deux enfants (adorables) qui s’éprennent l’un de l’autre : Rose et Pierrot.

Il passeront le reste de leur vie à tenter de retrouver l’étincelle qui les animait dans leur jeunesse.

Incontournable pour les amateurs de descriptions fines : O’Neill prend le temps d’aller dans la fantaisie des détails. Sa prose est parfois si mignonne et imagée…

Les fleurs ressemblaient à des sous-vêtements que le vent aurait arrachés aux cordes à linge. Les orchidées étaient suspendues au-dessus des grilles en fer forgé telles des fillettes en jupon qui demandent au facteur si il a une lettre pour elles.

L’auteure décrit souvent de cette manière, à l’aide de métaphores très évocatrices.

Pour les romantiques autant que pour les âmes esseulées, ce livre me donne l’impression d’un long oxymore.

Et vous, quel livre vous a-t-il le plus surpris dans son contenu? 

 

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