Littérature québécoise
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Dopamine : chasser le monstre pour revenir à la vie

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Les certitudes des jeunes adultes peuvent être parfois si fortes qu’elles brouillent tout le reste. À 21 ans, on se croit invincible, on refuse que quiconque décide à notre place. Mais quelquefois, la vie nous amène là où on n’aurait jamais dû aller et, à ce moment, il faut accepter de faire confiance aux autres. Accepter qu’on n’ait peut-être pas tous les outils en main pour se sortir du pétrin, alors qu’on est encore à cheval entre l’adolescence et l’âge adulte. C’est un peu de ça que parle Dopamine, le premier roman de Jeanne Dompierre.

« On te sauvera, que tu le veuilles ou non. » p. 9 (première page du roman) 

Un centre de désintox comme toile de fond

Dopamine raconte les différentes étapes que traverse une jeune femme de 21 ans dans un centre de désintox. Narré à la deuxième personne, le récit nous plonge dans un univers pas très jojo, mais duquel émane une étonnante lumière. Cette jeune cocaïnomane, anorexique et borderline, issue d’une famille plutôt bourgeoise, se retrouve au centre après que sa mère l’y ait déposée, non sans soulagement. L’histoire est racontée en courts chapitres, qui définissent en quelque sorte les étapes que franchit le personnage principal durant sa « cure ». Sans jugement, on se glisse dans sa tête et on accède à ses pensées, on est témoin de ses crises de colère, du jugement qu’elle porte sur les autres participants, on ressent sa haine envers son thérapeute, son mépris pour les intervenants, mais on assiste aussi à l’évolution de sa vision de la thérapie.

« C’est à ce chanceux qu’on a confié l’épineux mandat de nettoyer ton âme » p.14

Des émotions toutes en subtilité

Il serait faux d’affirmer qu’on s’attache aux personnages secondaires. Mais on s’accroche à cette jeune femme fragile, on a peur qu’elle rechute, on ressent les sensations physiques et psychologiques qu’elle endure lors de son sevrage. Puis, le ton s’adoucit, alors que sa médication chasse peu à peu la brume qui l’empêchait de voir les bons côtés de la vie. Son envie de mourir se dissipe peu à peu, elle entrevoit lentement la possibilité d’en finir avec le monstre qui a élu domicile en elle et la dévore de l’intérieur : la cocaïne. Ce monstre qui prend toute la place et qui a complètement effacé l’enfant qu’elle était et qui n’a jamais pu devenir une adulte.

« Tu décides qu’à défaut de trouver le courage de t’enfuir, tu trouveras celui de te venger du monstre. Tu es prête à te laisser reprogrammer » p. 38-39

Une bouffée d’air frais

J’ai beaucoup apprécié cette incursion dans l’univers d’un centre de désintox. Malgré le fait que je n’aie jamais vécu ce genre de situation, j’ai tiré de grandes leçons de ma lecture. J’ai eu l’impression que je pouvais me donner le droit de faire des erreurs sans pour autant croire que ça serait fatal pour moi. J’apprenais à ne pas porter de jugement envers moi-même mais aussi envers les autres. Comme quoi les apprentissages peuvent surgir des endroits les plus inattendus. Le propos du roman est certes plutôt lourd, j’en conviens, mais l’aspect très réel et sans artifice qui y est dépeint est empreint d’une naïveté qui adoucit et allège l’ambiance du récit. Comme si on retirait délicatement une ceinture de plomb autour de notre taille et qu’on pouvait enfin respirer et bouger librement.

Quels effets ont sur vous les romans aux thématiques chargées?

 

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