Littérature québécoise
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Filles missiles; plonger dans ce vide qui n’est pas le mien

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D’un point de vue «lecture», mon été a passé comme un véritable coup de vent et j’avais envie, avant la rentrée littéraire et la découverte d’une foule de nouveaux titres, de m’arrêter sur le numéro estival du zine Filles missiles ayant pour thème Gérer le vide. Un thème vaste qui m’a finalement proposé une plongée dans le vide comme un sentiment nourri par le manque, le mal-être, la perte de sens, la dépression et l’anxiété. Une perspective qui s’annonçait pesante et étouffante comme la canicule qui a accompagné ma lecture.

Filles missiles, le blogue, le zine et l’univers

Créé en 2015 par Marie Darsigny, Sara Hébert et Daphné B., Filles missiles est une plateforme web et papier de diffusion et de promotion d’artistes féminines québécoises en littérature et en arts visuels. Le contenu est féministe, fort, engagé et très contemporain.  Je dois avouer que je connais Filles Missiles depuis peu, mais que je ne suis pas la première collaboratrice a m’y être intéressée; le second magazine papier des Filles Missiles : #pouvoir magique résume bien sa ligne éditoriale, et vous donnera envie de lire leur deuxième numéro.

Gérer le vide – été 2018

C’est surtout la découverte du blogue Filles missiles qui m’a poussée vers le numéro d’été du zine, plus que son thème. Pour moi, le vide n’est pas nécessairement négatif. Faire le vide, c’est m’arrêter, me retrouver, me recentrer. J’apprécie la solitude et les moments contemplatifs. J’aime m’arrêter et ne rien faire… Or, ce n’est pas ce genre de vide qui est exploré. Au contraire, accolé au verbe gérer, le mot vide se charge d’une connotation négative, lourde.

« Comment s’occupe-t-on de soi quand tout prend le bord ? Peut-on remplir le vide existentiel en s’achetant le mascara le plus cher au Pharmaprix ? Est-ce que les trous de beignes se sentent seuls ? Un bouquet de fleurs, est-ce vraiment un cadeau réconfortant ? Quelle est votre planète préférée (il paraît que sur Uranus, ça sent le pet) ? Si je crie assez fort dans ma tête, est-ce que mon crush peut m’entendre ? Le yoga est-il une panacée ? Êtes-vous tannées de lire la citation de Cohen « there is a crack in everything/ that’s how the light comes in » ? Crier sous l’eau, est-ce que ça fait du bien?”

Dans ce numéro, 16 autrices étalent, creusent l’oppression du vide créé par le manque, le déséquilibre et l’anxiété. Les quelques images et collages font sourire, mais ce sont surtout les textes, très intimistes, qui touchent. Plusieurs offrent un regard de l’intérieur, sans fards et sans artifices, sur l’anxiété, le trouble de la personnalité limite et le suicide. Ce zine m’a fait comprendre la chance qui est mienne de voir le vide comme une opportunité et non pas comme un gouffre.

Parsemé de petites perles tout au long de ces quelques 40 pages, le zine donne envie de se plonger dans le travail de ses autrices, de poursuivre les découvertes. Plusieurs noms se sont ajoutés à ma liste de lecture dont celui d’Alice Rivard. Son texte Dans le bain hisser le drapeau blanc après la grande dérape cosmique devant le regard judgemental de Napoléon Bonaparte (re : maudire Cœur de Pirate à marde) porte le zine, grâce à son rythme et sa véracité.

« […] t’étais là à boire une crisse de tisane frette après t’être fait annoncer par ta tête qu’aujourd’hui allait être une autre journée de marde où tu ne pourrais pas performer, fonctionner, remplir des exigences, te conformer à une réalité qui n’est pas tienne, forcée à te contenir, à te contrôler dans ce bain-camisole de force, dans ces eaux parfumées de lavande qui ne t’apaisent même pas […] »

Il y aussi le court texte Essorage de Myriam Côté qui s’est démarqué et que j’ai trouvé particulièrement touchant et beau. Il se doit d’être lu dans son ensemble pour déployer toute sa force, mais j’en laisse quelques lignes, question de donner le ton.

« Parfois, dans ma peine, je me durcis. Pour contourner ma misère, je me triture. Je me crosse quand je suis triste, je n’ai rien de mieux à faire que de me tordre, de m’essorer les intervalles quand j’ai l’âme lourde. »

Filles missiles et ses autrices s’avèrent être une magnifique découverte. Leur plume et leurs idées me rejoignent et me stimulent. J’ai terminé ma lecture, malgré la pesanteur du thème, avec une certaine légèreté, une fébrilité. Je trouve qu’elles ont du cran et que leur audace est contagieuse. Elle nous donne envie de faire partie comme lectrice, et pourquoi pas comme autrice, de leur mouvement et de leur prise de parole. Je surveillerai donc assurément leur prochaine publication ainsi que leur prochain appel de textes!

Et vous, quel est votre plus récent engouement littéraire? 

 

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