Littérature étrangère
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Le Messager ou la quête d’un antihéros

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Markus Zusak signe un roman d’une grande sensibilité dans Le Messager. Mettant de l’avant un antihéros par excellence, l’auteur orchestre avec finesse un ensemble de péripéties touchantes transfigurant le personnage principal. Récit empli d’espoir et d’humanité, le roman met en scène des personnages authentiques ancrés dans la réalité, à l’image du commun des mortels.  L’histoire nous envoûte, un as à la fois.

La quête des quatre as (♣ ♦ ♥ ♠)

«1. À l’âge de dix-neuf ans, Bob Dylan était un interprète aguerri de Greenwich Village, à New York.

2. Salvador Dalí avait déjà produit plusieurs œuvres exceptionnelles, picturales et révolutionnaires, à l’âge de dix-neuf-ans.

3. Jeanne d’Arc était la femme la plus recherchée du monde à l’âge de dix-neuf ans, parce qu’elle avait déclenché une révolution.

Et puis il y a Ed Kennedy, également âgé de dix-neuf ans… […]  Je me demande sans arrêt: «Voyons, Ed, qu’est-ce que tu as fait de beau au cours de tes dix-neuf années d’existence?» La réponse est simple: Que dalle.» (Zusak, 2002, p. 25-26).

Le Messager, c’est l’histoire d’Ed Kennedy, jeune chauffeur de taxi de dix-neuf ans en Australie. Vivant seul dans sa petite maison d’un quartier pauvre, il mène une vie routinière et morne, agrémentée à l’occasion de parties de cartes avec ses amis Marv, Ritchie et Audrey.  Jeune homme cultivé, grand lecteur, mais ayant renoncé à poursuivre ses études, il se complaît dans une vie qu’il trouve pathétique jusqu’au jour où il se trouve pris au cœur d’un braquage de banque.  Agissant de manière héroïque, il est alors plongé dans un quotidien brusquement complexifié.  En effet, quelques jours plus tard, le nouveau héros reçoit par la poste une carte avec un as où sont inscrites des adresses.  Comprenant qu’il s’agit alors de missions, Ed Kennedy se dépêtre de son immobilité pour mener à bien chacune d’elles, jusqu’à ce que tous les as y soient passés: trèfle, carreau, cœur, pique…  Par des rencontres inspirantes avec de complets inconnus et des proches où les non-dits ont assez duré, il se construit jusqu’à devenir quelqu’un dont il est fier, jusqu’à se trouver, à découvrir qui il est, au fond.

«Douze messages ont été transmis.  Quatre as, complétés.  C’est le jour le plus important de ma vie.» (Zusak, 2002, p. 390).

Éloge de l’extraordinaire dans l’ordinaire

Avec son roman à la narration captivante menée par le personnage principal, Markus Zusak propose un récit à cheval entre l’improbable et le réalisme, alors qu’une quête hors du commun prend place dans une ville que tout le monde peut reconnaître. À travers les yeux d’Ed Kennedy, qui prend forme pour nous d’une ligne à l’autre, on découvre une vie rude, parfois même sans pitié, mais où la beauté et la bonté finissent toujours par fleurir. Alors que cette fiction mélange quête, amour, policier et humour, elle nous envoûte par son ton, voguant entre gravité et légèreté.  Le personnage principal habite entièrement les pages, s’adressant parfois au lecteur, en aparté, se rendant ainsi d’autant plus tangible et touchant. Ce héros, si ordinaire, devient, un mot à la fois, celui que l’on attendait dès les premières lignes: un personnage fondamentalement bon. Le tout se veut une sorte de fable sur l’espoir où on souligne que tout est possible, que l’héroïsme est en chacun de nous et qu’il suffit d’une étincelle pour le raviver.

«[…] tu es l’incarnation de l’ordinaire, Ed. […] Si un type comme toi peut se réveiller et faire ce que tu as fait pour tous ces gens, alors tout le monde le peut sans doute.  Peut-être que tout le monde peut vivre au-delà de ses capacités.» (Zusak, 2002, p. 408).

Totalement fascinant, Le Messager de Markus Zusak est à lire, tout simplement pour la beauté de son propos qui se veut un message de bonté et de courage menant tout un chacun à la réalisation de soi. Ancré dans un décor pouvant être universalisé, le roman émeut par sa capacité à dépeindre l’humanité dans des personnages contemporains.  Ed Kennedy marque en étant cette incarnation de la métamorphose d’un héros, faisant de ce récit celui non seulement d’une rencontre avec l’autre, mais aussi d’une rencontre avec soi. L’œuvre nous subjugue puisqu’elle illustre avec acuité le fait que l’avenir est empli de possibilités qui peuvent tous nous surprendre et nous faire grandir.

Et vous, quel est le dernier récit mettant en scène un antihéros qui vous a touché?

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