« Plus personne n’achète de livre et plus personne n’achète de CD. » C’est ce qui est écrit sur la reliure de cet objet, fusion entre livre et album de musique, que j’ai acheté dès sa sortie. Je suis une très grande fan de Lydia Képinski, une autrice-compositrice-interprète québécoise. Je la suis depuis ma première écoute de sa chanson Andromaque, un titre de son premier EP, qui est un savant mélange entre poésie, tragédie grecque et musique héroïque. Je tiens à dire que le texte de cette chanson m’a fait lire la pièce de théâtre de Racine du même nom, et découvrir toutes ses œuvres, un exploit qu’aucun professeur de français au cégep n’a réussi avec moi.
La musique
Lydia Képinski fait de grosses chansons. Elle ne va jamais en demi-mesure dans l’intensité, et c’est ça que j’adore chez elle. Il n’y a pas de fla-fla, que l’authenticité d’une personne qui a de grandes choses à dire, parfois même assez gigantesques. On n’a qu’à penser à Pie-IX et les vers : « La lumière est au bout du tunnel/ Hippolyte-La Fontaine/ Si jamais il me pousse des ailes/C’est que j’aurai coulé ma vingtaine » ou à Les balançoires et : « Ce sont les amphétamines/ qui huilent la grande machine/ des formules algébriques m’induisent/ une joie synthétique ». Ce sont de gros éléphants dans une pièce et Képinski les chante haut et fort.
Étant musicienne moi-même, j’aime voir une artiste qui y va à fond et qui ne compose pas comme les autres, qui n’essaye pas de rentrer dans le moule du couplet/refrain/bridge, qui n’a pas peur des grands mots qu’on ne comprend pas sur le coup. Elle a inventé sa propre forme, son propre timbre, et c’est rafraîchissant.
Le livre-CD
Les textes de ses chansons se tiennent autant seuls qu’avec la musique, d’où l’idée du livre-CD, je crois. Lire les textes tout en écoutant l’album donne vie à toutes les subtilités poétiques que je n’entendais pas habituellement (je pense à la chanson Belmont plus particulièrement). Le livre-CD fait découvrir l’album une deuxième fois, avec plein de notes et de montage photo en prime. Les annotations et la préface de Kevin Lambert*, remplies d’anecdotes et de faits saillants sur la composition de l’album, ont enrichi mon expérience de lectrice/auditrice. Je suis maintenant familière avec les éléphants que Lydia Képinski a jetés sur la scène de la musique québécoise.
Bref, je suis vendue à la musique képinesque. Allez acheter son album-CD, ça vaut entièrement la peine.
* Kevin Lambert est un auteur dans la vingtaine dont le premier roman a fait l’objet d’un article chez Le fil rouge : Tu aimeras ce que tu as tué, article écrit par Nathalie Slupik.
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Et vous, avez-vous été conquis par Lydia Képinski?