Poésie et théâtre
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À la rencontre du territoire, à la rencontre de l’autre

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Dans mon imaginaire, je ne sais trop pourquoi, la toundra s’associe à l’hiver, à la neige qui tombe et s’accumule parfois avec langueur, parfois avec violence. C’est un espace vaste, dénudé, riche pour celui qui sait regarder. Elle m’inspire le respect et la majesté. L’idée d’y prendre un thé avec Joséphine Bacon, poétesse et réalisatrice innue, m’interpellait beaucoup. Un thé dans la toundra, Nipishapui nete mushuat a donc été ma porte d’entrée dans une œuvre puissante et bouleversante.

Le recueil

Un thé dans la toundra a été écrit à la fois en français et en innu-aimun (le montagnais), comme tous ces autres recueils. Il s’ouvre avec un court prologue racontant la première visite de l’autrice dans cette fameuse toundra québécoise. Ces quelques pages nous préparent à plonger dans l’immensité du territoire, dans la grandeur du recueil qui se veut l’éloge de la toundra, de l’horizon infini, du territoire des ancêtres, du retour aux origines. On y parle de la terre, du ciel, de la chasse, de l’exil et du cycle de la vie. Les poèmes sont courts, poignants.

« Enfant de la Toundra

Résonne mon cœur

Ta musique, la rivière

Ta lumière, les étoiles

Ton tapis, le vert tendre du lichen

Je ne sais pas voler mais tu me portes

Ta vision dépasse le temps

Ce soir je n’ai plus mal

La ville ne m’enivre plus »

« Mushuau-auass

Natuta nitei

Shipua nikamuat

Utshekatakuat tshuashtenamakuat

Tshitakushkaten uapitsheushkamiku

Tshipapamipanin tshishikut

Tshititutein anite tshe nikan-tshissenitaman

Uetakussiti apu kassenitaman

Ninakaten utenau »

Les textes me chavirent et me font frissonner. Je me demande s’ils résonnent aussi fort en innu-aimun. C’est une langue que je ne parle pas, que je ne connais pas. Je m’attarde tout de même aux mots, j’essaie d’imaginer leur sonorité, leur musicalité.

Plonger plus loin dans ce territoire inconnu

Ma curiosité piquée, je fouille et je découvre que Bâtons à message Tshissinuashitakana, le premier recueil de Joséphine Bacon, est offert en version audio sur la plateforme Web de Radio-Canada. Chloé Sainte-Marie lit les poèmes en français et l’autrice, ceux en innu-aimun. Je me lance donc dans cette écoute accompagnée du recueil, et je me laisse porter par les mots et la langue montagnaise. C’est une surprise totale, à mille lieues de ce que j’avais imaginé.

La lecture est magnifique, les voix se répondent, s’entremêlent parfois. Les textes sont forts et beaux, mais le recueil me touche moins qu’Un thé dans la toundra. Je crois que c’est simplement dû à la présentation des textes, aux chapitres qui les classent, aux nombreuses dédicaces qui interrompent le flot des mots. Une magnifique postface cependant nous présente l’autrice et son processus d’écriture. À elle seule, elle vaut le détour.  Les mots m’ont vraiment séduit, mais la poésie récitée dans la langue maternelle de l’autrice m’a permis de me plonger plus profondément dans un territoire et un pan de notre histoire qui au fond, me sont plutôt inconnus.

C’est une grande rencontre que celle de Joséphine Bacon et son œuvre. Je vous encourage fortement à lire et écouter les recueils de l’autrice pour en saisir toute la grandeur. Son plus récent recueil, Uiesh – Quelque part, est paru cet automne chez Mémoire d’encrier.

Et vous, de quelle façon découvrirez-vous cette poétesse ?

Ayez un aperçu grâce au vidéo Le territoire des anciens de la Fabrique culturelle.

Bonne découverte!

 

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