Auteur : Roxanne Pichette

Visages dionysiaques: à chacun sa pastille de goût

Parfois, quand je vois un livre, je sens qu’il va me parler! En voyant celui-ci, je savais qu’il s’agissait d’un livre pour moi juste avec le titre: Visages dionysiaques. Un titre évocateur puisqu’il parle de visages et du dieu grec Dionysos, dieu de la vigne, du vin et de ses excès. Un livre qui correspond à mes deux passions: la lecture et le vin!  Dans ce recueil de nouvelles publié par l’Interligne, l’auteur, Laurent Fadanni, nous propose vingt différents personnages selon vingt vins différents. Comme quoi le vin a plus de caractère que l’on peut le penser.  À chacune des nouvelles, l’auteur nous donne d’abord la fiche du vin dont il s’est inspiré, et s’ensuit un texte unique.  Ma pastille de goût   D’abord sceptique, je ne croyais pas possible de trouver vingt personnalités différentes pour correspondre à des vins. Il faut croire que je ne suis pas encore une experte et qu’il me faudra plus de visite dans l’espace cellier, puisque l’auteur s’en ait tiré haut la main. Il nous transporte dans ce qui pourrait …

La douleur du verre d’eau : une tempête dans un océan

Avant la tempête:  Je dois faire un mea culpa : je n’ai jamais été une grande fan de poésie. Peut-être que je n’avais simplement pas trouvé celle qui me parlait ou qui provoquait une émotion assez forte en moi pour me la faire savourer comme on déguste un bon vin. J’avais une appréhension envers ce genre jusqu’à ce que je découvre la poésie moderne québécoise. De la poésie qui me parle vraiment. C’est sa beauté, je trouve, car elle peut être appréciée par plein de gens différents selon ce qu’ils en comprennent. La première fois que la poésie a eu un sens pour moi est lors de ma lecture de Shenley, d’Alexandre Dostie. C’est avec ce recueil que j’ai renoué avec les non-vers, mais c’est avec La douleur du verre d’eau de Jean-Christophe Réhel que j’ai vraiment ressenti une émotion.  Pendant la tempête:  Le poète transpose un mal qui affecte plusieurs d’entre nous : l’anxiété. En souffrant moi-même, j’ai été transpercée par ses mots. Des mots qui racontaient ce que, souvent, je ne suis pas …

Playground : Un terrain de jeu d’émotions

  J’aime bien avoir les recommandations de mes amis pour des lectures. Je suis chanceuse : je suis entourée de lectrices qui apprécient le même genre de littérature que moi. Je me suis donc tournée vers une de mes amies pour avoir un roman qui était un véritable page turner. Page turner dans le sens où tu ne peux plus t’arrêter de tourner les pages. C’est alors qu’elle m’a recommandé Playgroud, de Lars Kepler. Elle m’a entre autres dit qu’elle arrêtait littéralement de respirer tellement elle était prise par l’histoire. Je m’y suis donc attaquée et je ne l’ai pas du tout regretté. Un véritable défilé d’émotions. Le terrain de jeu d’un maître de l’action C’est l’histoire de Jasmine, une femme qui a été lieutenant dans l’armée suédoise et qui, lors d’une mission au Kosovo, a vécu une expérience avec la mort. Lors de cette expérience, elle a découvert que ce que nous appelons les limbes pour les non-morts et les non-vivants est une ville portuaire aux allures chinoises. Et que cette ville portuaire est …

Il n’y a que les fous: Courtes histoires pour un été rempli de folies

L’été, il y a deux sortes de lectures que je privilégie: soit les gros romans captivants qui te font tourner chaque page à une vitesse folle ou bien les recueils de nouvelles. J’aime pouvoir embarquer rapidement dans un univers, le vivre à fond et passer au prochain. C’est pourquoi, lors de mon dernier voyage, j’ai apporté avec moi Il n’y a que les fous, un recueil de nouvelles sous la direction de Casie Bérard. Elle a su rassembler des auteurs incroyablement talentueux, mais également complètement déjantés. En ouverture, Cassie Bérard nous dit ceci: «On ne sait pas trop pourquoi ils font ce qu’ils font. S’imaginer des complots, tordre le langage, craindre le vol, tomber dans des amours impossibles, suer en public, tuer en public, toujours franchir les limites. Mais ils le font.» Et effectivement, au fil des nouvelles, on voit bien que la folie peut jouer sur plusieurs plateaux et sous plusieurs formes. Il n’y a que les fous qui ne trouve pas nouvelle à son pied Ce recueil abrite sous ses pages plusieurs auteurs …

Quand le jour est parti, les morts dansent

Je dois l’avouer, j’ai un gros crush littéraire sur François Blais. Sa façon unique qu’il a de jouer avec son lectorat, sa manière de décrire des choses banales et d’en faire une quasi-épopée… Vraiment, tout me fascine de cet auteur. Si vous avez envie d’en apprendre plus sur son univers, La nuit des morts-vivants est certainement pour vous. Et si vous n’êtes toujours pas convaincu, vous pouvez aller lire la critique de son autre roman, Sam. La nuit en un résumé Il ne faut que quelques pages pour comprendre que ce roman de 2011 est raconté par deux narrateurs. En effet, les chapitres s’alternent entre des écrits de Pavel et de Mollie, deux personnes vivant à Grand-Mère, deux personnes ayant terminé leur secondaire dans la même cohorte, deux personnes louant les mêmes films d’horreur, MAIS surtout, deux personnes vivant la nuit. L’un à cause de son travail, l’autre par simple plaisir de ne croiser personne. Prenez garde, il ne faut pas s’attendre à une série de rebondissements, vous n’y verrez pas de dragon sortant des …

Les érables rouges : L’enchantement de la forêt

Martine Latulippe est une autrice qui n’a plus besoin de présentation. Elle a fait sa marque non seulement en littérature jeunesse, mais également en littérature grand public. Plusieurs savent que Martine Latulippe a déjà adapté un grand nombre de légendes québécoises afin qu’elles soient accessibles à un plus jeune lectorat. Je pense entre autres à Rose Latulipe, à La Chasse-galerie, à Alexis le Trotteur, à Julie et le serment de la Corriveau… Cette fois, Mme Latulippe nous transporte dans un univers tout aussi fantastique, mais trop souvent mis de côté: je parle de l’univers des légendes huronnes-wendates. Des légendes pourtant bien de chez nous. Vous vous êtes trompés depuis le début Depuis que l’on est jeune, on nous apprend à l’école que si les feuilles des arbres rougissent et tombent à l’automne, c’est tout bêtement à cause du froid. Erreur! Lors de ma lecture, j’ai finalement percé le secret derrière cette transformation. On apprend, en lisant Les érables rouges, que si les feuilles des arbres rougissent à l’automne, c’est à cause de Rat. Et oui! Rat, il y …

Anna Caritas : la bénédiction d’une bonne lecture

En ces temps froid, je me suis dit : « Pourquoi ne pas faire accélérer un peu, lire ici beaucoup, mon rythme cardiaque pour me réchauffer? » Et croyez-moi, cela a bien fonctionné avec ce premier titre de la série Anna Caritas de Patrick Isabelle. Un style dans lequel on est moins habitué de lire cet auteur, surtout après des livres comme la série Eux, la série pour plus jeunes Henri & Cie ou encore le roman pour adulte La danse des obèses. Mais il nous prouvera bien qu’il est autant polyvalent qu’un couteau suisse. Un sacrilège de ne pas le lire Ce premier tome intitulé Sacrilège nous plonge dans la vie d’adolescents du petit village de St-Hector perdu dans un coin du Québec. Un petit village perdu, mais qui possède un attrait majeur pour sa population, celui d’avoir l’une des écoles secondaires les prestigieuses du Québec. « Oh wow! Mais quelle frayeur… Attention, j’ai presque peur… », que je vous entends penser. Méfiez-vous. Après le retour au collège de la très controversée Marianne Roberts, …

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Claude La Charité et son meilleur premier roman

Le meilleur dernier roman est le tout premier roman de Claude La Charité. Et heureusement pour nous, ce n’est pas son dernier. Moi qui viens tout juste de terminer un baccalauréat en études littéraires et qui pouvais choisir n’importe quel livre, mon dévolu est finalement tombé sur celui-ci, dans lequel l’action principale se passe dans le département de littérature d’une université. En effet, l’histoire se déroule en grande partie dans les réunions des professeurs de littérature de l’Université du Québec maritime (ne cherchez pas, elle n’existe pas). Ces professeurs, soucieux du nombre décroissant des inscriptions, veulent se démarquer des autres universités pour eux aussi avoir la cote. Pour s’y prendre, ils décideront de créer le prix de littérature Anthume du meilleur dernier roman, aussi appelé le prix Anthanase-David. Cela peut sembler macabre à première vue, mais il en est tout autrement. Je me suis rendu compte, après cette lecture, que le roman de Claude La Charité me rappelait un peu mon ascension de l’Acropole des Draveurs. C’est abstrait, mais je tâcherai de bien m’expliquer. L’ascension Les …