Trente, c’est une obsession. C’est l’âge maudit. C’est vieillir. Et ça vient parfois avec une dépression.
Trente, c’est le récit d’une femme qui décrit son état psychologique en détresse à l’approche de l’âge qu’elle croit fatidique pour elle.
Trente, c’est le tout dernier livre et premier récit d’autofiction de la poète et autrice Marie Darsigny publié chez les Éditions du remue-ménage.
« …trente ans, c’était le début de la fin, le moment où l’on commence à glisser sur une longue pente et moi je voulais échapper à la descente, m’éteindre soudainement, sans adieux dégoulinants de drame pour ce monde qui ne m’a jamais comprise de toute façon. Ça vient donc d’il y a longtemps, ça s’est forgé tranquillement dans mon esprit… it happened gradually, then suddenly. »
Style journal intime, le roman est le récit des 12 mois précédant le jour des trente ans de la narratrice, qu’on devine très proche de l’autrice. Ce sont de longues longues phrases, qui viennent à bout de notre souffle. Réflexions, pensées, anecdotes, toutes empreintes de sentiments de détresse, d’inconfort dans une situation dans laquelle elle se sent impuissante. Il y a beaucoup de références à ses muses, des figures marquantes de la culture populaire comme Angelina Jolie et des modèles littéraires, des autrices mortes ou déprimées comme Marie-Sissi Labrèche et Nelly Arcan.
Vieillir
Dans une ère où on est catégorisée, définie par un chiffre, celui de notre âge, celui du nombre de nos followers sur Instagram ou Facebook; où le modèle que nous avons de la femme est celui que l’on voit dans les films romantiques américains avec Julia Roberts : avec l’âge, les filles deviennent laides et méchantes, sans valeur; où seule la femme jeune et belle est valorisée dans la culture pop; elle a l’impression qu’elle ne va jamais bien vieillir, qu’elle restera toujours une sad girl aux yeux des autres, une jamais-satisfaite.
L’autrice propose une intéressante réflexion sur ce que c’est de se sentir dévalorisée. Elle déplore que la dépression soit souvent expliquée, comprise, comme étant un phénomène biologique et médical, alors qu’on l’aborde rarement comme étant un phénomène social et culturel. C’est vrai, l’image des femmes dans la société, dans les médias, dans la littérature, au cinéma, sur Internet, est-elle bien réaliste?
Trente est le récit d’une souffrance intérieure. De la souffrance que toutes les femmes ressentent plus, quand elles avancent en âge. Pression sociale ou trouble psychologique? Certaines lectrices qui se disent incomprises se sentiront peut-être un peu moins seules avec ce récit cru, cruel et criant de réalisme.
Avez-vous des héroïnes dans la littérature qui vous font sentir moins seules et moins incomprises?