Littérature québécoise
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Soifs de Marie-Claire Blais, quand la récompense est à la hauteur des efforts fournis #LireLesAbsentes

Soifs de Marie-Claire Blais

Ça fait vraiment longtemps que je voulais lire Soifs de Marie-Claire Blais. Je connais la place importante qu’occupe cette écrivaine au Québec, et je sais que le cycle Soifs est considéré comme un élément majeur de sa carrière, mais à chaque fois que j’ai commencé à lire Soifs (le premier roman, qui donne aussi son nom au cycle), j’ai abandonné pour une raison ou une autre. Cet hiver, j’ai vu que le cycle entier allait être adapté au printemps au FTA et j’avais le goût moi aussi de #lirelesabsentes, alors je me suis dit que ça me faisait non pas une, mais deux bonnes raisons supplémentaires pour m’y mettre et au moins lire le premier roman du cycle.

D’emblée, Soifs est une oeuvre dense, exigeante. Il faut avoir le temps et l’envie de s’y consacrer, car c’est un texte difficile, tant par le fond que par la forme.

Sur la forme

Je l’ai dit, Soifs est une oeuvre dense. Il n’y a aucun chapitre, vraiment beaucoup de virgules, des répétitions, des fragments de phrases laissées en suspens, et seulement quelques points dans l’ensemble du roman. C’est compact, pas aéré du tout. On a, de plus, affaire à une forme de «stream of consciousness» (le type d’écriture que pratiquait Virginia Woolf), où une pluralité de voix s’entrecroisent. Dans le cas de Soifs, la focalisation narrative passe souvent d’un personnage à l’autre sans transition, dans le même fragment, et ça peut être plutôt mélangeant, d’autant plus qu’il y a beaucoup de personnages. Par contre, il y a un rythme qui s’installe à la longue et, personnellement, j’en suis venue à apprécier la musicalité qui se dégage du texte, particulièrement l’effet créé par les répétitions.

Sur le fond

Comme la forme a d’abord été pour moi plutôt rebutante, c’est vraiment par les thèmes que l’œuvre est venue me chercher. Soifs est une oeuvre violente et exigeante, mais aussi engagée, intelligente, féministe, assoiffée de vie et de justice sociale. Tout y passe: la maladie, la violence, le racisme, les inégalités sociales, les femmes oubliées par l’histoire, la vieillesse, la pauvreté, et j’en oublie certainement. Vu ces thèmes, Soifs peut être très difficile à lire, car évidemment ces thèmes sont abordés par le biais des personnages qui vivent des situations souvent plutôt difficiles. Il y a quelques éléments plus crus et durs, et quelques moments plutôt violents, mais j’ai trouvé que c’était rendu avec sensibilité et délicatesse malgré tout, en plus de bien servir le propos du livre.

En somme, je suis vraiment contente d’avoir enfin réussi à lire Soifs, malgré que ça ait été une lecture particulièrement difficile. J’ai lu quelques critiques par la suite et j’ai trouvé que Thomas Dupont-Buist avait résumé en quelques mots exactement ce que je j’ai pensé de ce roman: «[S]’il faut certes une bonne dose d’efforts pour entrer dans cette œuvre grandiose, sachez que ceux-ci vous seront retournés au centuple et que les meilleures choses sont aussi parfois les plus difficiles». J’ai déjà hâte de continuer mon exploration du cycle Soifs et de découvrir davantage la grande écrivaine qu’est Marie-Claire Blais.

Est-ce qu’une œuvre que vous avez trouvée vraiment difficile à aborder s’est finalement avérée extraordinaire?

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