C’est souvent en sortant de notre liste de livres à lire que l’on fait de belles trouvailles. Je marchais donc dans les allées de la bibliothèque lorsqu’une couverture dans les teintes d’orangé a attiré mon œil. On dira ce qu’on voudra, mais une première de couverture attrayante amène souvent bien des lecteurs à se plonger dans ses pages. Le bref résumé et l’étiquette apposée déclarant qu’il s’agissait d’un auteur québécois ont achevé de me convaincre. Je me suis donc plongée dans Une virée américaine, le sixième livre de François Jobin.
L’origine de la virée américaine
Le protagoniste, Zacharie Desforges, vit dans le petit village de Saint-Lude. Alors que certains villages ont pour principale caractéristique la tranquillité, ce n’est pas le cas de celui-ci. À Saint-Lude, la famille Charron fait sa loi. Le père fait trembler de terreur les plus vieux, tandis que son fils répète le scénario avec les plus jeunes. Un beau jour, Zach en a assez de subir les assauts de Mario, le plus jeune de la lignée des Charron. Il rouspète finalement, mais le regrette bien assez vite.
Craignant pour sa vie, il décide d’élire domicile dans sa cabane dans un arbre, inaccessible pour les visiteurs. Cette solution ne fait pas long feu et il prend la décision de quitter son village natal pour se réfugier au Mexique. Avec l’accord de son père qui croit que «les voyages forment la jeunesse» et l’aide de son oncle, il part, équipé d’un sac à dos, pour un périple en auto-stop vers le Mexique.
À chaque conducteur sa caractéristique
Très tôt dans son voyage, Zacharie rencontre une bande de Québécois en voyage scolaire à Providence. Parmi ces étudiants en vacances se trouve une certaine Abby qui a, tout comme Zach, le goût de l’aventure. Elle décide de quitter son groupe, de raconter des salades à ses parents et de partir avec ce garçon inconnu, qui ne restera pas inconnu bien longtemps puisque les deux jeunes deviennent bien vite plus que des amis.
Les amoureux voyagent donc de ville en ville, au gré des destinations et des conducteurs qui veulent bien les embarquer. Ces balades en voiture constituent la majorité du roman. Les chauffeurs sont tous des personnages avec des caractéristiques qui les distinguent totalement.
Ils rencontrent donc une Québécoise qui, tellement amère après la victoire du «non» au dernier référendum, a décidé de déménager aux États-Unis, puis une autre Québécoise qui est de retour d’une mission en Haïti après avoir perdu la foi. Zacharie et Abby prennent aussi place dans le véhicule d’un soldat américain raciste et homophobe et dans celui d’un Texan tueur de crocodiles. Finalement, les deux jeunes font un tour dans la caravane de sept nains suédois en tournée et font quelques kilomètres dans la voiture d’une danseuse nue ayant fait des études à la Sorbonne. Bien évidemment, les personnes rencontrées tout au long du voyage sont très stéréotypées.
«Suivit une diatribe contre les homosexuels qui attiraient les foudres divines sur l’Amérique avec leurs pratiques contre nature qui me soulèvent le cœur, ass fucking and all that, puis les latinos qui envahissaient le pays comme la nuée de cucarachas qu’ils sont et qui s’installent chez nous en obligeant des États entiers à parler espagnol et à manger leurs foutues tortillas […]»
Bien que ces personnages hauts en couleur et ces péripéties rocambolesques m’ont d’abord semblé être un peu trop exagérés, j’ai fini par m’habituer à cet univers extravagant conçu par François Jobin. Ce qui était à la base un peu trop intense pour être réaliste est vite devenu divertissant. Et les opinions bien tranchées des personnages, après réflexion, ne m’ont plus paru si exagérées. Leurs discours sont crus, mais représentent certainement ce que bon nombre de personnes pensent réellement.
En général, j’ai aimé le roman. J’ai particulièrement apprécié les plus que longues phrases de l’auteur, présentes tout au long du livre. C’est un style différent mais très agréable à lire. J’ai cependant trouvé que le roman était incomplet sur certains points. L’histoire se déroule entre Saint-Lude et le Mexique, mais après le trajet, le roman se termine. Nous n’avons donc droit à aucune information sur la finalité de ce grand projet. Aussi, la famille de Zacharie est mentionnée à quelques reprises, mais elle n’est jamais vraiment incluse dans l’histoire.
J’ai terminé le roman en ayant l’impression que plusieurs détails intéressants n’avaient pas été utilisés. Peut-être l’auteur laissait-il une porte ouverte pour un deuxième tome. Bien qu’Une virée américaine ne figurera pas parmi mes romans favoris, je lirais certainement la suite des aventures de Zacharie.
Quels autres romans sont tellement dans la démesure qu’ils en sont drôles?
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J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir.
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