Avant la tempête:
Je dois faire un mea culpa : je n’ai jamais été une grande fan de poésie. Peut-être que je n’avais simplement pas trouvé celle qui me parlait ou qui provoquait une émotion assez forte en moi pour me la faire savourer comme on déguste un bon vin. J’avais une appréhension envers ce genre jusqu’à ce que je découvre la poésie moderne québécoise. De la poésie qui me parle vraiment.
C’est sa beauté, je trouve, car elle peut être appréciée par plein de gens différents selon ce qu’ils en comprennent. La première fois que la poésie a eu un sens pour moi est lors de ma lecture de Shenley, d’Alexandre Dostie. C’est avec ce recueil que j’ai renoué avec les non-vers, mais c’est avec La douleur du verre d’eau de Jean-Christophe Réhel que j’ai vraiment ressenti une émotion.
Pendant la tempête:
Le poète transpose un mal qui affecte plusieurs d’entre nous : l’anxiété. En souffrant moi-même, j’ai été transpercée par ses mots. Des mots qui racontaient ce que, souvent, je ne suis pas capable de dire. Cette impression qu’on ne reviendra jamais à la surface et que l’orgueil brisé et la honte accompagneront une rechute. La peur de ne jamais s’en sortir.
« je n’ai pas de souffle
je fais de l’arythmie
je ne le dis à personne
j’ai toujours peur de me noyer
j’ai toujours peur de ne plus comment nager
j’ai un fil de pêche dans la tête et je veux vivre»
J’ai dévoré ce recueil des éditions de L’écrou parce qu’il venait chercher en moi des émotions qui sont souvent inexplicables. Ces poèmes dévoilent aussi au grand jour des parcelles de pensées.
« je suis encore fatigué
c’est toujours la même chose
c’est toujours les jours des autres jours
je deviens minuscule
je tricote des endroits
des sentiers que je connais par coeur
je sais comment boxer contre le séchoir à linge
mais je ne sais plus comment vivre»
Après la tempête:
Après avoir lu des poètes québécois contemporains comme Dostie et Réhel, ma vision de la poésie a complètement changé. J’ai trouvé des poètes qui me parlent, qui me font vivre des émotions. C’est aussi la grande force de la poésie, selon moi. Chaque vers fait ressentir quelque chose d’unique à la personne qui le lit.
Et vous, qui est votre poète préféré?