Littérature québécoise
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Dans la solitude de Paul

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J’attends la sortie des nouveaux tomes de la bande dessinée Paul comme j’attendais jadis celle des livres de Harry Potter, c’est-à-dire en usant d’énormément de patience et avec beaucoup, beaucoup d’enthousiasme! Au fil des années, Michel Rabagliati, l’auteur de la série, est devenu une des figures de proue de la bande dessinée québécoise et, de fait, un de mes auteurs préférés. Quatre ans après Paul dans le Nord, dans lequel son personnage était un jeune adulte, il nous offre enfin Paul à la maison.

Dans ce nouvel opus, notre personnage préféré a 51 ans et il a un peu changé. Il est barbu, a pris du ventre et a l’air fatigué; bref, on sent qu’il n’est pas au meilleur de sa forme. Il faut dire qu’il vit seul depuis qu’il s’est séparé, que sa fille unique lui annonce qu’elle part vivre en Angleterre et que sa mère vieillit drôlement vite. Sa maison dans Ahuntsic est vide et il a du mal à s’y faire. D’autant plus que la vieillesse se fait tranquillement sentir : des petits bobos apparaissent, son corps ne suit plus, il a des douleurs musculaires et des ennuis de dent. Il devient plus grognon et s’adapte moins vite à son environnement.

D’ailleurs, tout autour de lui se déglingue. C’est dans une des belles planches du début qu’est dévoilée une cour arrière à l’abandon, occupée par une piscine à l’eau trouble et beaucoup de végétation envahissante. On ne peut s’empêcher d’y voir le reflet de ce que le personnage vit à l’intérieur. Et le pommier malade, que nous retrouvons tout au long du récit, se fait couper à moitié, puis entièrement, rappelant sa mère qui est en fin de vie.

Bref, Paul est triste et seul, et le neuvième tome de la série est à cette image. Il est plus sombre mais, de ce fait, plus chargé d’émotions. On y mesure la solitude et le deuil, autour d’intrigues qui sont surtout celles d’un quotidien lourd et nostalgique. Mais malgré cela, Paul à la maison est une œuvre puissante et plutôt divertissante.

Une œuvre magistrale

En plus de l’incontestable qualité graphique de la bande dessinée ainsi que de la beauté toute particulière des grandes planches, on retrouve dans ce neuvième Paul toutes les choses qui font de la série un véritable chef-d’œuvre.

Michel Rabagliati donne toujours une place importante à la ville de Montréal. Ici, c’est le quartier d’Ahuntsic qui est représenté avec beaucoup de détails et avec un incroyable souci référentiel. Nous reconnaissons parfaitement les magasins, les rues et les enseignes du quartier, ce qui nous fait sourire. Paul est une belle ode à Montréal, ce qui alimente nécessairement l’amour que nous portons à l’œuvre ainsi que notre nostalgie – comme celle du personnage.

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Les connaissances de l’auteur sur la typographie sont au rendez-vous et ce qu’il nous révèle sur les pancartes de signalisation routière, notamment, est passionnant! On retrouve aussi le ton d’autodérision du personnage, ainsi que plusieurs cases très humoristiques. À d’autres moments, Paul est à nouveau un observateur et raconte la vie de ceux qui l’entourent, comme c’est le cas, dans ce tome, pour sa mère.

La solitude douloureuse

Ce neuvième tome de la série est sans contredit le plus sombre. Il est aussi le plus autobiographique, comme le précise ouvertement son auteur. À sa lecture, je l’avoue, j’ai eu le cœur gros. Je dois dire que je suis sensible à la nostalgie et à la tristesse des autres, sentiments que j’incorpore et qui me rendent aussi triste. En plus, je ne pouvais m’empêcher d’y reconnaître mon père, qui vieillit. J’ai vu les bobos et le corps qui lâche tranquillement. J’y ai reconnu la mort des êtres chers, comme celle de ma grand-mère.

Paul à la maison est une lecture émouvante et touchante que j’ai trouvée difficile par moments. Mais il n’en demeure pas moins un ouvrage d’une grande authenticité et d’une qualité si incroyable qu’il serait dommage de ne pas s’y plonger. C’est avec une larme à l’œil, mais le cœur au chaud, que vous refermerez la dernière page.

Je souhaite remercier chaleureusement les édition de La Pastèque pour le service de presse.

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