Ne vous enflammez pas devant mon titre, je ne cherche aucunement à provoquer ou à juger vos choix. Si vous ne vous considérez pas féministe et que vous savez le pourquoi du comment et bien je respecte votre opinion. Chacun et chacune vit sa vie selon ses propres valeurs et convictions . Si, par contre, vous ne vous considérez pas féminisme parce que;
- Vous n’avez pas d’intérêt à brûler vos brassières ou à vous laissez pousser le poil en dessous des bras;
- Vous aimez les hommes, vous aimez leur plaire et/ou leur faire des sandwichs;
- Vous trouvez ça bien drôle les blagues sexistes;
- Vous n’avez jamais été victime d’inégalités ou de sexisme .
Premièrement, en tant que féministe, je vous dirais que je n’ai pas assez d’argent pour avoir le luxe de brûler mes brassières, pas plus que je ne crois qu’elles sont un castre du patriarcat. Être féministe ne rime en rien avec orientation sexuelle, contrairement à l’opinion publique. De plus, il m’arrive de rire à des blagues un peu dérangées, que voulez-vous, à chacun son sens de l’humour. Finalement, je n’irai pas vous contredire si vous me dites que vous n’avez jamais été victime d’inégalités, tant mieux pour vous si tel est le cas. Par contre, avant de faire une telle affirmation, réfléchissez-y comme il faut, parfois, les inégalités et le sexisme peuvent sembler bien banals… parce qu’on y est presque habitués.
Sur ce, voici cinq petits trucs à faire avant d’affirmer ne pas être féministe:
- S’informer. Avant de s’afficher pour ou contre toute chose, il est important d’avoir une idée de ce dont on parle. Ce n’est pas seulement en regardant le discours d’Emma Watson que vous pourrez vous faire une idée claire sur le sujet, même si c’est un début. Informez-vous sur l’évolution du féminisme, sur les différentes vagues, sur les enjeux, sur celles qui ont marqué l’histoire. Si vous ne savez pas par ou commencer, cet article de Martine serait un excellent début .
- Se situer. Le féminisme est un mouvement à plusieurs branches dont l’histoire et les revendications sont multiples. Certains diront, comme mon copain, qu’il réside dans cette multiplicité un problème d’historicité. D’autres, comme moi, dirons que ce n’est que l’évolution d’un mouvement qui change avec l’histoire. Puisque le féminisme englobe plusieurs problématiques et enjeux, bien que tous découlent d’une question d’égalité, je crois qu’il est important de savoir quels sont les enjeux qui nous touchent le plus, qui viennent nous chercher et qu’on cherche le plus à dénoncer. De cette façon, on est capable de savoir ce qu’on défend, ce qu’on dénonce, ce qu’on cherche à améliorer, de façon plus précise que simplement dire: je suis féminisme car je crois à l’égalité entre hommes et femmes, bien que, évidemment, cette question soit au coeur du mouvement.
- Confronter ses préjugés . En 2014, le féminisme a fait les manchettes plus que jamais, que ce soit dans l’actualité ou dans la culture populaire, le terme féminisme était partout, à toutes les sauces. C’est bien parce que plus on en parle, plus c’est connu. Sauf qu’il y a aussi l’envers de la médaille, plus on en parle, plus ceux qui sont contre en parlent aussi. Le féminisme a été mis sur un piédestal autant qu’il a été traîné dans la boue en 2014. Avec tout ce qu’on a vu, lu, entendu sur le sujet, il est important de confronter ses propres préjugés face au féminisme. Est-ce que toutes les féministes sont radicales? NON. Est-ce que les féministes ne cherchent qu’à prendre le dessus sur les hommes? NON. Demandez-vous ce qui vous empêche de dire que vous êtes, ou non, féministe. Quelles sont vos réticences? Quelles sont vos préjugés? Confrontez-vous à vos propres préconçus et vous serez peut-être surpris.
- Posez-vous des questions. Peut-être vous dites-vous que l’égalité est atteinte, que les femmes peuvent faire ce qu’elles veulent, qu’elles n’ont plus à rester à la maison… Il est vrai que les femmes ont fait tout un bout de chemin depuis les suffragettes, mais reste qu’un long bout de chemin est encore à faire. Pensez au président de la Turquie qui a récemment dit que les femmes ne peuvent être égales aux hommes et que le seul métier qu’elles devraient faire est celui d’être mère. Pensez au Maroc, où l’une des peines possibles lorsqu’on dénonce un viol est de devoir se marier avec ledit violeur. Ça ne vous touche pas directement me direz-vous, c’est vrai, mais est-ce une raison pour ne pas y penser, pour faire comme si de rien n’était? Pensez à l’équité salariale qui n’est toujours pas atteinte à bien des endroits et ce, dans bien des milieux. Pensez à l’objectivation de la femme, pensez à cette fois où un gars vous a dit que vous étiez prude/frigide/conne/juste trop gênée/plate/… Parce que vous n’avez pas accepté ses avances/vous ne l’avez pas embrassé/vous n’étiez pas intéressée… Bref, posez-vous des questions, regardez un peu plus loin que votre environnement familier, vous vous rendrez compte que oui, il y a bien pire qu’ici, mais ça ne veut pas dire que tout est parfait en occident, loin de là.
- Et la solidarité féminine, elle? Je crois qu’il y a un problème quelque part dans la façon dont les femmes agissent entre elles. Il y a un problème dans la populaire citation << La pire ennemie de la femme est la femme >>. Dans l’idée et le fait que bien des amitiés féminines soit empreintes de jalousie, de commérage, de mensonges, de bitchage… On se tire souvent les cheveux entre nous au lieu de s’entraider. Peut-être que, avant de se considérer féministe, il faudrait aussi chercher à atteindre l’égalité entre nous, au lieu de se considérer comme des rivales. Rivalités qui, disons nous-le, sont souvent en lien avec la gente masculine, l’amour et la beauté. Pour en lire un peu plus sur le sujet, voici un autre article de Martine qui risque fortement de vous intéresser .
Il y aurait, à mon avis, mille et une autres questions à se poser, mille et une autres réflexions à faire, mais j’espère que ces quelques simples pistes vous aideront dans vos réflexions et, qui sait, peut-être êtes-vous plus féministe que vous ne le croyez?
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