Art et créativité
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L’équilibre et le succès, au cœur de mes préoccupations humaines et artistiques

Suite à ma lecture du très intéressant article Équilibrer son agenda : Stop the glorification of busy de ma collègue blogueuse Martine Latendresse Charron, j’ai senti le besoin de partager moi aussi sur ces grandes quêtes: l’équilibre et le succès, tous deux au cœur de mes préoccupations humaines et artistiques.

La recherche d’équilibre est le fondement même de ma démarche artistique et du même coup, de ma vie. Je me suis laissée prendre par cette quête en 2011. Cette année-là, je sentais en moi un grand bouillonnement semblable à un feu d’artifice. Cette année-là débutait ma carrière en arts visuels. Lorsque je crée une œuvre plastique, je cherche toujours à accéder à l’équilibre entre les gestes posés et les émotions ressenties et transmises. S’est joint la nécessité d’atteindre l’équilibre entre ma figure d’artiste et ma place dans la société, ou comment rallié mon besoin inassouvi de créer et le quotidien saturé d’obligations. Puis je me suis mise à chercher l’équilibre entre ma vie en ville et ma vie en région, deux mondes, deux parallèles, deux existences. Et entre mon corps physique et ma spiritualité. Je remarque que la notion d’équilibre est présente dans toutes les facettes de ma vie. Que ce soit dans mon rapport à moi-même, dans celui aux autres, à l’espace, au temps ou à la création.

Depuis quelques mois déjà, j’ai entamé la reprise des commandes de ma vie et l’équilibre s’installe tranquillement, un pan à la fois. Cette reconquête a débuté il y a près d’un an, en discutant avec une amie artiste, Andréanne Rioux. Ensemble, nous avons décidé de préparer une grande exposition, que nous présentions par la suite dans notre région natale, la Gaspésie. Étant toutes deux préoccupées par cette notion de recherche d’équilibre, nous avons titré notre exposition assez simplement «L’art de l’équilibre». Parce que l’équilibre est un art qui n’a rien de facile à atteindre, mais aussi parce que c’est par l’art et par la création que nous réussissons à atteindre un état de stabilité entre nous et le monde.

Par la même occasion, je me cherchais une excuse pour venir créer dans mon coin de pays et pour présenter une première fois mon travail aux gens de chez nous. J’ai donc pris deux mois off pour créer, exposer, me baigner et débuter l’écriture d’un roman. Durant l’été, je vivais grand nombre de bons et beaux moments, mais l’impression que tout me glissait entre les doigts et entre les orteils comme l’eau de la mer ou le sable trop fin continuait de m’habiter. J’étais incapable de vivre le moment présent. De juste vivre. Même si je méditais les jambes croisées, les fesses dans le sable et le visage sous le soleil. J’avais peur de mourir, peur de tout perdre, comme si rien de tout ça n’était mérité.

Un soir, cette même amie, autour de plusieurs verres de vin, m’a dit que je n’avais qu’à vivre ces moments, tout simplement. Le lendemain, je suis retournée jouer à la sirène dans la mer et je l’ai senti, le présent me traverser. Le bonheur m’habiter. À partir de là, quelque chose s’est déclenché en moi, comme si d’un coup je retirais des œillères portées pendant une dizaine d’années. Comme si j’avais oublié qui j’étais tout ce temps-là et que soudainement je me retrouvais face à moi. Ou face à celle qui trouve des réponses encore tous les jours et qui se rapproche de ce qu’elle est de plus vraie.

Après les vacances, j’ai remis les pieds dans mon ancienne vie en ville, avec tout ce qu’elle comportait, et j’ai été confrontée à moi-même. Je n’ai pas eu le choix de prendre la décision que de partir ou de rester. Et je suis partie.

Mais contrairement à ce qu’on peut croire, je ne recommence pas à zéro, je prends plutôt le temps de remettre les pendules à l’heure.

Dans ma vie d’adulte, j’ai rarement eu l’occasion de m’offrir du temps pour me réaliser et pour planifier le futur. J’ai présentement cette chance. Pendant plusieurs années, il y a eu l’école et les emplois à répétitions, où je me sentais mourir par en dedans, trop pleine de projets et d’idées et si peu de moyens et de temps pour les réaliser. J’ai le loisir de l’introspection, de l’horaire variable, de l’écriture d’un roman, de la création de tableaux, de la contemplation de la nature, de la lecture et du partage avec les autres. Je trouve que je n’en profite pas suffisamment, mais quand je regarde tout le cheminement que j’effectue et tous mes projets en cours, je suis contente. Et je suis fière.

En prenant ce temps pour moi, je découvre qui je suis sans les autres et face aux autres. Je retrouve confiance en moi et en mes premiers amours, l’écriture, entre autres. Je renoue avec ma spiritualité et les fondements de mon être.

J’ai conscience que de ne pas avoir de job stable présentement aide. Je prends le temps de vivre mes matins, je travaille en journée, je me permets une pause en après-midi et je travaille parfois jusqu’à tard dans la nuit. Je ne vis pas richement, mais je ne manque de rien. Et je ressens le besoin de me départir de tout ce qui est superflu. Je change et je vois chaque jour ces changements s’effectuer. Comme dans ce besoin de créer de l’espace autour de moi. Je me remets en ordre.

La situation n’est pas définitive. J’en suis consciente. Je vais probablement repartir dans une nouvelle ville et y refaire ma vie. Je vais peut-être retourner à l’école. Fonder une famille. Et j’espère pouvoir voyager. À travers tout ça, j’espère que je n’oublierai plus qui je suis comme je l’ai fait et que je vais continuer de grandir avec confiance.

Pour moi, c’est dans la confiance que réside tout l’aspect de cette notion de succès. C’est ma version du succès, du moins. Plusieurs diront que je ne serai jamais riche parce que je suis une artiste, mais je suis riche de tout ce que je crée. D’autres diront que c’est une perte de temps ou un passe-temps, je leur réponds que je n’y peux rien, c’est une manière d’être. Et certains auront peur de l’opinion des autres, mais qu’en savent-ils de mon bonheur et de cette opportunité que j’ai de me réaliser dans cette vie.

Atteindre l’équilibre n’est pas un but en soi, mais plutôt une façon de percevoir la vie. Et le succès, c’est différent pour chacun, mais je crois que de réussir à être heureux et de se réaliser, c’est une superbe forme de succès.

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Louba-Christina Michel est une passionnée. Elle écrit depuis qu’elle sait comment faire et même avant, dans une sorte d’hiéroglyphes inventés. Et dessine depuis plus longtemps encore, elle a dû naître avec un crayon dans la main. Elle est transportée par tout ce qui touche à la culture et dépense tout son argent pour des livres et des disques (hey oui!). Elle prend beaucoup trop de photos de son quotidien, depuis longtemps. Des centaines de films utilisés attendent d’être développés dans des petites boîtes fleuries. Sa vie tourne autour de ses grandes émotions, de ses bouquins, de l’écriture, de l’art, du café et maintenant de sa chatonne princesse Sofia. Après une dizaine d’années d’errance scolaire et de crises existentielles, entre plusieurs villes du Québec, elle est retournée dans son coin de pays pour reprendre son souffle. Elle travaille présentement à un roman et à une série de tableaux.

4 Comments

  1. J’adore ta façon de concevoir l’art 🙂 Et tu es une belle inspiration dans ma quête continuelle d’un équilibre personnel et artistique. Bravo! 🙂
    -Martine

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