«N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devez rester vigilantes votre vie durant.»
Simone de Beauvoir
Il s’agit ici d’une brève réflexion sur mon passé (mes années scolaires) qui me permet de comprendre mieux le présent et ce qui s’en vient, en tant que personne individuelle appartenant à un tout sociétal et terrestre. Je porte plusieurs masques, celui d’une femme, celui d’une artiste et celui d’une humaine sensible, curieuse et empathique. Je crois que pour ces simples et grandes raisons, j’ai mon mot à dire et à partager en ce qui concerne certains grands sujets qui me tiennent à cœur. Ici, j’ai le goût de vous parler du droit à l’éducation, entre autres.
*L’éducation, ça ne concerne pas seulement les femmes, ça vous concerne tous, alors vous devez tous rester vigilants.
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Mes parents m’ont répété, à plusieurs reprises, qu’obtenir un diplôme devait être une priorité dans ma vie. Mon père n’en avait pas et ma mère avait trimé dur pour obtenir le sien. J’étais certaine que les choses allaient de soi.
En fait, je croyais que bien des choses allaient aller de soi, et qu’au fil des ans, tout se placerait naturellement dans ma vie au moment opportun: la job de rêve, le chum parfait, les enfants, la maison, et tout ce que vous voulez.
Mais la vie, ce n’est pas une longue ligne droite, loin de là. Et je ne recommence ni celle de mon père ni celle de ma mère. J’ai la mienne propre et tout à fait unique.
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Depuis l’enfance, je savais ce que j’étais et je ne me posais pas de question.
Je voulais devenir écrivaine.
Et c’est tout.
Sans savoir exactement quel genre d’univers c’était que ce métier-là!
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Au secondaire, je ne travaillais pas très fort dans aucune matière (le «par-cœur» & moi = deux !), sauf peut-être en art où j’avais de la facilité et en français où je me croyais dur comme fer à ma place, même si j’avais un peu de difficulté à suivre le rythme. Ça n’a jamais été de la lâcheté autant que de la rêverie.
Je suis rêveuse. Je le suis encore. Mais je comprends tous les jours des nouvelles choses qui peuvent parfois échapper à d’autres.
Désormais, je m’échappe dans le rêve pour créer des mondes possibles, de nouveaux univers et pour partager ma vision singulière de la vie.
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Au cégep, j’avais la tête parfois trop pleine pour apprendre bien. J’étais peut-être un peu naïve, mais j’étais encore jeune. Je songeais aux garçons, à la musique, à la danse, à la poésie (à tout ce qui se rapporte à la culture) et à tous ces soucis que je me créais toute seule dans ma tête encombrée et troublée. J’étais trop occupée à prendre le contrôle de mon corps de femme et de mon esprit pour être vraiment dans le présent. Et encore là, je ne pensais qu’à écrire. Avec le recul, je me dis que j’aurais pu focusser un peu plus sur mes cours, même si je passais le plus clair de mon temps à dormir (la thyroïde), à penser à mes grandes montagnes dramatiques et à me perdre dans le futur.
Je vivais, c’est tout.
Et je vivais du mieux que je pouvais.
J’enregistrais de l’information nouvelle. Je passais à travers ce gros morceau transitoire entre l’adolescence et l’âge adulte.
Je me disais que de toute façon j’étais différente, j’étais une artiste et que j’avais quelque chose à dire. Quoi, je ne le savais pas !
Cette impression n’a jamais démordu.
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Quand je songe à mes années universitaires, je me dis que je suis allée là prendre ce dont j’avais besoin pour me réaliser: un esprit critique plus développé entre autres et un besoin de créer des liens et de mettre les choses en relation. Je n’ai pas obtenu le diplôme convoité, parce que comme je l’ai toujours fait, j’ai suivi mon instinct envers et contre tous.
J’ai entendu ma mère me raconter comment elle avait dû se battre pour obtenir son BAC en arts plastiques. Je croyais que ce serait facile pour moi, que les choses, quand elles évoluaient, elles étaient acquises et elles ne faisaient que s’améliorer avec le temps.
Mes parents m’ont offert mes années d’étude (MERCI!!!). Je sais que rien n’est perdu. Et ils le savent aussi à me voir aller tête première dans tous mes projets. Mais peut-être que si j’avais réalisé que les choses changent continuellement et que la liberté et le droit à l’éducation sont des denrées en continuel danger, je me serais rendue jusqu’au bout et j’aurais tout donné. Juste parce que j’avais cette chance.
J’aurais voulu lui rendre hommage à cette liberté d’apprendre.
Je lui rends hommage autrement aujourd’hui. Je suis restée moi-même. Je suis défaite de l’emprise de mon subconscient négatif et je m’ouvre sur le monde. Je sais maintenant que j’ai encore de très bonnes cartes dans les mains, dont celles de savoir communiquer ma pensée par les mots et les images.
Je ne veux pas changer le monde, parce que ce serait utopique comme manière de penser, mais je veux commencer par changer les choses autour de moi. Je veux que les gens qui poussent comprennent qu’ils ont encore la chance d’aller à l’école et que ce n’est pas donné à tous sur cette Terre. Je veux aussi qu’ils n’oublient plus jamais qu’ils sont des créateurs et des communicateurs nés et qu’ils doivent se servir de ce pouvoir pour améliorer le sort des gens, mais aussi de tout ce qui les entoure.
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Le droit à l’éducation n’est pas encore totalement perdu, mais il est de plus en plus contrôlé sur tous les niveaux. Comme le droit à l’avortement. Le droit d’être une femme libre. Le droit d’être une artiste respectée (être artiste pour moi, c’est tellement plus qu’un titre, c’est ma manière de voir le monde). Et le droit de faire partie de ce monde, sur cette planète qui nous est juste prêtée. La liberté passe par les droits acquis et il faut sans cesse se rappeler qu’ils sont acquis, mais on ne sait jamais jusqu’à quand. On n’est pas des superhéros, mais on peut faire évoluer les choses dans le bon sens en posant les bonnes actions, au bon moment.
Aujourd’hui, ce n’est pas de la culpabilité. J’ai fait du mieux que j’ai pu au moment propice. Mais j’ai conscience d’avoir eu une chance inouïe, celle du droit à l’éducation. Et avoir su que ce droit pouvait se perdre aussi facilement, qu’il ne tient toujours qu’à un fil, je m’y serais accrochée. Pas simplement pour l’obtention d’un diplôme pour légitimer mes capacités intellectuelles, mais parce que j’y avais droit.
Pour terminer, je dirais que l’éducation m’a permis de mieux me connaître en bout de ligne et d’avoir des convictions claires. Je suis maintenant capable et confiante de dire ce que je pense sur tous les sujets et si je ne comprends pas ou si je ne connais pas quelque chose, j’ose le demander. J’ai aussi appris à formuler mon opinion personnelle sur ce qui bombarde ma vue, mon esprit et ma vie, que ce soit les commentaires de mes parents sur mon choix de vie ou ceux de mes ami(e)s ou des politiciens, des gens célèbres ou des gens d’affaires.
À travers tout ça, j’ai à vivre avec tous ces autres, aussi bien apprendre d’eux et sur moi à travers eux. Et semer quelques graines de mes pensées et de ma façon de voir la vie.