Suite à ma lecture de son tout premier roman, Spisak : un cadeau ne se refuse pas, j’ai voulu en apprendre plus sur l’auteure. Vous pouvez également lire mon article qui parle de son roman juste ICI.
- Qui êtes-vous ?
Je suis une fille aux mille projets! Je suis incapable de prendre une pause et ne rien faire. J’ai toujours l’impression que je dois apprendre chaque jour et pour cela je passe d’innombrables heures à faire des recherches à la recherche d’inspiration ou d’inédit. J’ai 31 ans, j’habite à la campagne, je suis mariée et j’ai deux jeunes filles. J’ai un diplôme collégial en technologies de l’information qui m’a menée vers un emploi de programmeuse-analyste. C’est un parfait équilibre entre mon côté cartésien et ma folie créatrice!
- Vous écrivez depuis combien de temps ?
J’ai toujours écrit des petites choses, mais écrire pour être publiée je m’y suis mise sérieusement en 2012. J’ai eu des ennuis de santé, une maladie oculaire appelée uvéite. C’est une maladie auto-immune qui peut mener à la cécité. J’ai paniqué à l’idée que je pourrais devenir aveugle et j’ai eu besoin de créer.
- Aviez-vous cette histoire en tête depuis longtemps ?
Oh oui! Le personnage de Graigor Spisak est apparu dans mon esprit à l’adolescence. Je crois qu’il faisait partie de moi avant, mais je ne lui avais pas assigné de personnalité. Graigor est une facette de mon esprit dans laquelle je me réfugie quand j’ai besoin de prendre du recul. À la polyvalente, avec une amie, je jouais à des jeux de rôles. Nous avions alors créé plusieurs personnages avec lesquels nous jouions à la façon d’une immense partie d’improvisation. Ces personnages et leurs aventures étaient si intéressants que je me suis dit qu’il serait dommage de ne pas les partager. Suite à ma maladie, j’ai eu ce pressant besoin de les documenter pour les générations futures. Je voulais que Graigor me survive.
- Lequel-le ou lesquel-le-s de vos personnages vous ressemble le plus ?
Graigor évidemment. Cependant, je me dois de préciser qu’il reste une fantaisie et que ce n’est donc pas totalement moi et que je ne partage pas tous ses intérêts et points de vue! Cet univers que j’écris est un lieu d’évasion pour moi, où je peux y réaliser des fantaisies qui ne seraient pas possibles dans ma vie. Il y a plusieurs personnages qui sont inspirés de mon entourage. Pas toujours comment ils sont, mais plutôt comment je les perçois. Le style du livre, cette vision unique par l’esprit de Graigor, permet de mettre en relief, je crois, le fait que ce qu’on retient de la vie, ce n’est que notre interprétation qu’on en fait, basé sur notre vécu, nos intérêts et nos peurs.
- Avez-vous la même passion que Graig pour les langues ?
Oui, j’aimerais avoir son aisance. Les langues me fascinent, je pense qu’elles influencent notre personnalité, notre vision du monde. Dans mon travail, j’applique cet intérêt en apprenant des langages de programmation. Les langues sont des créations humaines, chaque phrase écrite ou prononcée est une série de décisions de son auteur et c’est par cela qu’on perçoit qui il ou elle est.
- Est-ce vous qui traduisez les phrases dans votre roman?
Lors de la rédaction du manuscrit, oui. Par la suite, je me trouve des collaborateurs pour valider et corriger. J’étudie l’allemand et j’ai une amie à Dresde. Elle corrige les dialogues allemands. J’ai une collègue de travail qui corrige l’italien et des amis virtuels pour le latin et le russe. Pour les autres langues, parfois j’utilise des phrases déjà traduites glanées çà et là de mes recherches ou je fais des demandes sur des forums d’apprentissage des langues comme italki où les gens se font un plaisir de m’aider.
- Toutes vos connaissances sur l’histoire viennent d’où?
J’ai eu la chance d’avoir un professeur d’histoire au secondaire tout simplement génial : François Desrochers. Il se costumait pour illustrer ses leçons, faisait des démonstrations, tout était intéressant. Depuis cette époque, je n’ai pas cessé de lire sur l’histoire. Je fais énormément de recherches pour les livres, dans les musées physiques ou en ligne, dans les encyclopédies et sur les sites internet spécialisés dans le domaine. Je n’hésite pas à envoyer des questions aux employés des musées ou aux historiens, ce sont tous des passionnés et j’ai habituellement des réponses claires et rapides à mes interrogations.
- Pourquoi avoir créé une relation homosexuelle dans votre roman ?
Je crois que l’amour est au-delà des conventions qu’il nous transcende et est incontrôlable. J’ai été témoin à l’école secondaire de plusieurs démonstrations d’homophobie. Je ne comprends pas que les gens puissent détester et même tomber dans l’agressivité lorsqu’ils voient des démonstrations d’amour différentes de leurs standards de normalité. Il n’y a rien de mal à être bien et à aimer. Il y a tant de mal à combattre, pourquoi s’attaquer à des gens qui n’en font pas? Je voulais donner un autre point de vue, montrer qu’une relation amoureuse est personnelle et n’est point différente si elle est hétérosexuelle ou homosexuelle. Aussi, je trouvais que dans les médias, on dépeint toujours les relations gaies comme étant éphémères ou moins profondes, je voulais aller à l’encontre de cela et montrer une relation saine, riche et durable.
- Qu’est-ce qui nous attend pour la suite? Allons-nous mieux connaître les autres personnages et/ou clans ?
Mon but est d’écrire les six tomes qui permettront de relater l’existence de Graig de son recrutement parmi les Immortels jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, les lecteurs découvriront plus de détails sur l’entourage de Graig, mais aussi sur le concile et les autres clans. Nous les verrons évoluer et faire face aux changements de la société et des technologies qui leur donneront bien des maux de tête pour préserver leur mascarade auprès des mortels. Si le succès est au rendez-vous, je ne me ferme pas la porte à écrire aussi des séries connexes, présentant d’autres clans ou détaillant la vie du Seigneur Valerius à l’époque de l’Empire romain comme plusieurs lecteurs m’ont suggéré.
- Travaillez-vous présentement sur la suite ?
Bien sûr! Je connais déjà l’histoire de tous les tomes en gros, mais je suis en ce moment à rédiger le plan détaillé du deuxième. J’ai déjà quelques pages d’écrites. Avec ce que j’ai appris lors de la publication du premier, j’arrive à mettre en place des techniques de travail qui me feront gagner du temps pour ne pas trop faire patienter les lecteurs qui sont déjà dans l’attente de la suite.
- Comment c’était de travailler avec la maison d’édition Carte blanche ?
J’ai bien aimé mon expérience. Pour jouer avec les mots, en plus d’avoir comme auteure carte blanche, ils m’ont mis cartes sur table! Aucunes fausses promesses, ils m’ont fait un portrait transparent et juste du monde du livre québécois. Ils ne m’ont pas caché les défis et ont abordé chaque aspect de façon terre à terre. J’ai appris que c’est tout de même un petit milieu, avec beaucoup de pigistes que les maisons d’édition se partagent. Je ne peux pas comparer avec une maison d’édition traditionnelle puisque je n’y ai jamais fait affaire, mais j’ai l’impression que tout y était traité de la même façon. J’ai pu m’impliquer et apprendre de chaque étape et cela m’a plu. J’ai participé à l’élaboration de la couverture avec le graphiste, aux étapes de correction, typographie, révision, etc.
Il faut dire qu’avant cela, lorsqu’il était venu le temps pour moi de songer à publier mon manuscrit, il y a eu la faillite de la Courte Échelle et les appels à l’aide de leurs auteurs qui voulaient reprendre leurs droits sur leurs œuvres. Toute cette ambiance a fait en sorte que j’ai pris la décision de ne pas envoyer mon manuscrit dans les maisons traditionnelles et de plutôt me payer un rapport de lecture indépendant à l’agence littéraire Trait D’union qui me confirmerait si le texte avait un potentiel commercial ou non. J’ai obtenu un document favorable avec 15 pages de suggestions pour améliorer mon récit, ce que j’ai fait en le retravaillant pendant des mois pour tenir compte de leurs conseils. Une fois mes devoirs faits, j’ai contacté Carte Blanche.
- Quelles sont vos inspirations?
Je m’inspire de tout ce que je vis, vois, entends. J’aime beaucoup les œuvres qui dépeignent le quotidien de personnages dans un environnement différent du mien. J’ai remarqué que souvent ces séries deviennent les chouchous des gens, puisqu’on s’attache plus aux personnages qu’à des péripéties tape-à-l’œil. Dans cet ordre d’idées, je pense aux Belles histoires des pays d’en haut, à Star Trek, aux contes d’Avonlea, à Columbo et à la Famille Addams. C’est ce que je tente de faire dans Spisak, rendre le quotidien intéressant. Pour l’ambiance historique, je m’inspire de la série Kaamelott, des films de soldats romains que j’adore comme Quo Vadis et de l’amusante émission sur l’histoire pour enfants de BBC Kids « Horrible histories ».
- Quel(s) est(sont) votre(vos) livre(s) préféré(s)?
Lorsque j’ai commencé à lire des livres pour adultes, j’ai découvert Guy des Cars. J’étais fascinée par le fait que tous les gens de l’âge de mes parents le connaissaient, qu’il était grand public et que ces œuvres étaient partout dans les maisons et les ventes de garage. Il écrivait sur des thèmes tabous de son époque avec une touchante simplicité. Deux de ses livres sont encore mes favoris et je les offre souvent en cadeaux : Les sept femmes (d’où je tiens les noms des personnages de Graig et Sylvia!) et La Maudite (qui traite de transgenre et de relations lesbiennes).
J’ai eu un coup de cœur étrange pour la biographie d’Ozzy Osbourne, I am Ozzy. Je ne connaissais pas vraiment l’artiste ni ses œuvres, mais j’ai été fascinée par le récit de sa vie. Ce livre est rempli d’humour et de sensibilité, il surprend et est irrésistiblement attachant. C’est après en avoir fait la lecture que j’ai pu vaincre la page blanche et débuter mon manuscrit. Je m’y suis inspirée du ton et de l’écriture au « Je » n’offrant nul autre point de vue que celui du héros.