Au-delà des livres
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« The true cost » : qui paie pour tes vêtements ?

Ce documentaire produit par Andrew Morgan ne changera pas les choses, mais pose des questions. N’est-il pas là le but des documentaires, susciter des réflexions? Essayer de percevoir les choses d’un autre oeil, tenter d’entrevoir d’autres possibilités? The true cost s’intéresse à l’industrie du textile, aux producteurs, aux consommateurs, aux travailleurs et aux créateurs. Chacune des échelles du monde du textile/de la mode a une responsabilité face aux fléaux qui ont lieu dans les usines de textiles partout autour du monde. Depuis les 15 à 20 derrières années, le monde de l’industrie textile a complètement changé, les compagnies se sont mises à embaucher de la main d’oeuvre dans des pays défavorisés. Au départ, on pouvait même se dire, Wow quelle générosité, cela crée des emplois. Erreur, ces emplois ne font que condamner les travailleurs à des conditions sociales et de sécurité inexistantes, un salaire d’esclave et une extrême dépendance vis-à-vis l’industrie. Ce monde, où le profit est le seul pion respectable, a révolutionné entièrement notre façon de consommer. On achète constamment et ce, sans jamais être rassasié. Le pouvoir d’achat est immense, les vêtements étant si peu chers, le consommateur se croit riche de possibilités et celles-ci, promesse d’un bien-être/bonheur.

Je suis la première à aimer les vêtements, à choisir méticuleusement mes ensembles pour certains événements. Je sais avec conviction que la mode et les vêtements sont une manière créative et artistique de s’exprimer et je serai toujours attirée par les belles choses, que voulez-vous, je suis comme cela. J’aime être dans un bel environnement et j’aime me sentir bien dans mes vêtements. Le point n’est pas là. Le documentaire dénonce une industrie où le profit met en danger la vie de personnes, l’économie mondiale et les valeurs mondiales. En quoi il peut être normal de payer son jeans le prix d’une semaine de boulot ?

Alors, on fait quoi?

J’étais assise devant mon ordinateur, les larmes aux yeux, à me dire mais qu’est-ce que je peux faire? J’attendais une réponse, ou du moins une parcelle, et ça a été dit : transformer les valeurs de notre société. Comment peut-il être normal de privilégier des profits à une vie humaine et de trouver ça normal? Que personne viennent me dire qu’il n’était pas au courant des dessous des usines de textile. Nous savons que les travailleurs sont non seulement sous exploités, mais que leur vie quotidienne est mise à l’épreuve à chaque journée où ils vont travailler. Et pourquoi alors, il y a tant de gens chez Zara ?

Se reprogrammer les valeurs, penser autrement, ne pas concevoir que la vie humaine d’autrui vaut notre ouftit à 12$.

Je pense avec espoir que notre génération a de plus en plus une envie de toucher du vrai, du handmade, on a envie de savoir d’où viennent et comment sont faites les choses. On veut revenir aux valeurs les plus basiques telles que l’entraide et le respect. Les consommateurs DOIVENT exiger pour recevoir. On se doit de ne plus accepter des produits bâclés ou des produits qui, de la conception à la vente, n’ont pas de respect pour l’humain derrière toutes ces étapes. Je suis utopiste et j’espère avec tout mon être que ce genre de documentaire ouvrira des discussions, parce que c’est impensable de continuer ainsi. On ne peut pas continuer à fermer les yeux et à se regarder le nombril. Les consommateurs doivent repenser l’entièreté de leur rapport à la consommation.

Ça me ramène à une entière philosophie de vie, on se doit de comprendre pourquoi le matérialisme est synonyme de bonheur, pourquoi on se sent bien en allant au Boxing day se faire écraser les orteils toutes la journée pour sauver 9$ sur une chemise? D’où vient ce besoin si virulent de consommer, encore et toujours, pour combler un vide ? Il y en a du boulot pour tenter, de notre côté, en tant que consommateur, d’exiger que les choses changent.

Il faut arrêter de dévaloriser l’impact de chaque consommateur sur une industrie. Roxanne nous a d’ailleurs fait un excellent article en ce sens, sur l’industrie alimentaire. On se doit de prendre parole parce que tant qu’il aura des gens pour les acheter ces tops à 5$… il y aura des femmes et des hommes pris quotidiennement à se battre pour survivre.

Suis-je peut-être intense ou même trop gentille face à cette industrie (et tant d’autres, il suffit de regarder quelques documentaires sur l’industrie agroalimentaire)? À vous de juger. Toutefois, je pense que notre responsabilité en tant que consommateur est de réfléchir aux gestes qu’on pose. Du moment où on s’habille tous les matins, il est clair que nous avons un pouvoir certain sur l’industrie du textile.

Finalement, je terminerai en disant que ce documentaire m’a touchée, parce que je sais que je l’encourage sans le vouloir, bien évidemment en achetant des vêtements qui viennent de ces usines de textiles. Loin de moi l’idée de vous faire la morale en me croyant bien au-dessus de tout cela, il s’agit d’une prise de conscience personnelle. Je ne me promets pas la perfection suite à mes futurs achats, par contre je pense que tous les petits gestes posés peuvent changer, collectivement, les valeurs de consommation, fabrication et de gestion humaine face à cette industrie qui dépend de ceux qui sortent leurs portefeuilles, soit vous et moi.

Avez-vous eu la chance de voir ce documentaire? Si oui, qu’en avez-vous pensé? Je suis curieuse d’avoir une discussion à ce sujet!

 

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Lectrice invétérée, Martine est bachelière en études littéraires et la cofondatrice du Fil rouge. Créative et inspirée, elle a l’ambition de faire du Fil rouge un lieu de rassemblement qui incite les lectrices à prendre du temps pour elles par le biais de la lecture. Féministe, elle s’intéresse aux paradoxes entourant les mythes de beauté et la place des femmes en littérature. Elle tentera, avec ses projets pour Le fil rouge, de décomplexer et de dédramatiser le fait d’être une jeune adulte dans une société où tout le monde se doit de paraitre et non d’être. Vivre sa vie simplement et entourée de bouquins, c’est un peu son but. L’authenticité et l’imperfection, voilà ce qui lui plait.

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