J’ai une admiration sans bornes pour quelques auteures et je dois dire que Delphine de Vigan en fait partie. Son écriture sans flioriture coule d’elle-même et chacun de ses livres m’ont plu. Heureusement, je n’ai pas tout lu.
C’est quelque chose que j’aime bien faire quand j’aime beaucoup un auteur, me laisser des livres à lire. Je comprend que l’idée de s’enfermer un week-end avec l’oeuvre entière est fantastique, mais après on se sent vidé. Vidé parce qu’il y a un deuil à faire de ne pas pouvoir relire une oeuvre avec des yeux nouveaux. Je suis certaine que cela vous est déjà arrivé, de lire le plus doucement possible, pour en garder, pour ne pas se précipiter, tellement les mots étaient bons.
J’ai donc le plaisir de m’offrir de temps en temps un Delphine de Vigan. Cette fois-ci, j’ai lu Jours sans faim, son premier roman publié en 2001 sous le pseudonyme Lou Delvig. Dans ce premier roman, elle raconte l’histoire d’une jeune fille de 19 ans, Laure, atteinte d’anorexie. Fanie a déjà écrit un article qui présentait des oeuvres en lien avec ce sujet, à relire.
Laure est hospitalisée pendant trois mois suite à une perte de poids de plus en plus troublante et inquiétante. Elle atteint les 36 kilos et est amenée d’urgence dans un hôpital où elle est mise sous la garde d’un médecin qui viendra lui redonner envie de retrouver la santé. C’est un tout petit roman qui se lit rapidement où on suit Laure dans les corridors de l’hôpital, confrontée à guérir et à son corps. Elle rencontre les autres patients et voit à travers leurs yeux, un peu mieux, l’importance de ne plus se faire violence. Il y a aussi le jeune médecin qui croit en elle et la comprend sans parole, en qui elle met toute sa confiance et sa vulnérabilité. Cette relation est touchante quoi que pas nécessairement celle que Laure croit réellement vivre.
Le récit met en scène l’anorexie mentale et cela est troublant de constater les tourments et la douleur qui vivent en Laure. La lourdeur qui habite son petit être est tranchante et plus que féroce. Laure accepte de se battre pour vivre et c’est ce qui met un peu de lumière dans le récit, malgré les difficultés et les épreuves que demande une situation comme cela.
Comme le dit ma collègue Fanie :
« Sans être un remède, car il n’y en a malheureusement aucun, d’entendre d’autres voix de survivance permet non seulement de se sentir moins seule, mais aussi de comprendre la maladie et ultimement, de pouvoir déposer nos propres mots sur le silence. »
Je pense que Jours sans faim est un témoignage dur, brutal, mais puissant et incroyablement honnête envers la maladie. J’ai été touchée par la vulnérabilité de Laure comme de sa grande douleur. J’ai eu envie souvent de prendre Laure dans mes bras, doucement, et de lui dire que tout ira bien.
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