1. Quel est ton premier souvenir en lien avec la lecture?
Mon premier souvenir me ramène à Tintin. Avant même que je ne sache lire, je parcourais les vieilles bandes dessinées de mon grand frère et j’inventais des dialogues entre les personnages. Plus tard, mon premier coup de cœur a été Les Aventures du Petit Nicolas de Goscinny.
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Avais-tu un rituel de lecture enfant ou un livre marquant? Et maintenant, as-tu un rituel de lecture?
Enfant, je lisais tout le temps donc je n’avais pas un rituel en soi. Je n’aimais pas regarder la télé. La lecture était mon refuge. J’avais l’impression d’apprendre plus qu’à l’école. J’avais soif constamment de lecture. Je lisais tout ce que je trouvais même des romans destinés plutôt aux adultes, appartenant à mes parents (j’ai connu quelques chocs un peu trop jeune!). Les livres n’étaient jamais assez volumineux pour moi.
Beaucoup de livres ont laissé leur empreinte en moi, en me faisant comprendre une réalité autre que la mienne. Mais je pense que le roman que j’ai le plus adoré enfant était Le comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas. Je l’ai lu des dizaines de fois et j’en avais des frissons chaque fois.
Maintenant, adulte, je lis surtout dans le métro. J’ai un long trajet pour me rendre au travail, mais grâce à la lecture, j’ai souvent hâte de me retrouver dans le wagon et de m’isoler dans une nouvelle histoire. Je manque de rater ma station beaucoup trop souvent.
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As-tu une routine d’écriture, des rituels? Dans quel état d’esprit dois-tu être pour écrire?
En ce qui concerne l’écriture, je n’ai pas de rituel. Je sais qu’on est censé en avoir; se forcer à écrire une demi-page par jour à la même heure serait bénéfique pour s’améliorer. Mais je n’ai jamais réussi. Au travail, je rédige, 40 heures par semaine, des articles de blogues et des documents marketing. Alors souvent, quand je rentre à la maison, je n’ai pas du tout envie d’ouvrir mon ordinateur pour composer des choses personnelles. Je ne suis pas capable d’écrire lorsque j’ai trop de choses dans la tête. Alors j’écris surtout la fin de semaine, au saut du lit. Le samedi matin est le moment où je me sens la plus productive. Je me fais une grosse tasse de thé vert et j’écris en écoutant de la musique jusqu’à ce que la faim me tiraille. Et puis, parfois, l’inspiration m’attrape un peu n’importe où et n’importe quand, alors j’ai toujours dans mon sac un petit cahier dans lequel je jette mes phrases ou des paragraphes entiers qui me sont passés par la tête.
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Quels sont les livres qui t’ont donné envie d’écrire?
J’ai l’impression que j’ai toujours eu en moi l’envie d’écrire alors c’est difficile de savoir quel livre m’a le plus inspirée.
Mais au début de l’âge adulte, j’ai connu une grosse panne d’inspiration. J’étais bloquée. J’avais l’impression que tout ce que j’écrivais était inutile, ennuyeux et du déjà-vu. Alors j’ai mis de côté ma plume pour plusieurs années. J’ai vécu à la place. Comme une jeune fille est censée vivre à cet âge-là. Intensément.
Puis, je suis tombée sur Journal d’un écrivain en pyjama de Dany Laferrière, qui m’a fait l’effet d’un coup de poing. Je me suis rendu compte que je devrais me remettre à écrire, mais cette fois-ci, sérieusement. Cela fait deux ans et depuis ce moment, l’écriture n’est plus jamais ressortie de ma vie.
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Quel est le livre qui t’a le plus fait cheminer personnellement et pourquoi?
Chaque livre que j’ai apprécié m’a fait devenir un peu plus ce que je suis. Mais si je dois en nommer certains qui ont eu un impact plus fort, je pense que L’insoutenable légèreté de l’être de Milan Kundera m’a beaucoup fait réfléchir. Je l’ai lu au Cégep et je me souviens avoir eu l’impression de comprendre quelque chose d’insaisissable sur les relations amoureuses. Les Fleurs du Mal de Baudelaire m’a aidée à passer à travers cette époque de l’adolescence où on a tendance à voir tout un peu plus noir. L’écriture ou la vie de Jorge Semprun m’a fait grandir aussi, car j’ai vu à quel point l’horreur pouvait exister, mais qu’on pouvait s’en sortir. Tous ces livres, je les ai lus dans une période où je me formais, donc je pense qu’ils ont été très importants dans mon cheminement personnel.
Un peu moins littéraire et plus récemment : Le trou dans mon C.V. de William Verge et Nadège Brunelle m’a motivée à croire à mes rêves de voyage. Je le relis régulièrement lorsque je me sens découragée et que je me demande ce que je fais de ma vie.
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Si tu pouvais vivre dans un monde littéraire, ce serait lequel?
Tous les livres de Zola me font rêver. Paris. La fin du 19e siècle. La ville bouillonne. Les gens sont frivoles. On ouvre les premiers cafés. On danse à s’étourdir dans les bals. On détruit tout pour construire ce qui deviendra la Ville magique qu’on connait maintenant. Mais j’ai de la chance, car chaque fois que je fais un séjour à Paris, je vis une partie de ce monde littéraire puisqu’on peut encore voir tous les immeubles haussmanniens construits à cette époque.
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Quel livre relis-tu constamment sans même te tanner?
Il y en a tellement!! J’ai constamment envie de replonger dans les livres que j’ai dévorés et je suis toujours triste d’en finir un. Un bon livre peut être relu plusieurs fois et fera découvrir de nouvelles facettes de l’histoire selon notre âge ou même la température extérieure et la musique écoutée pendant la lecture.
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Quel est ton mot de la langue française préféré?
Espoir.
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Quel livre aurais-tu aimé avoir écrit?
L’année dernière, j’ai lu La vie est brève et le désir sans fin de Patrick Lapeyre et j’ai eu ce sentiment que j’aurais aimé avoir écrit ce livre. Il correspondait à ce que j’aime écrire : une histoire d’amour qui finit mal, car elle a mal commencé, la comparaison des points de vue de l’homme et de la femme, des phrases simples, mais percutantes et un ancrage très profond dans la réalité banale de deux personnes qui tombent simplement amoureux l’un de l’autre. Chaque page me laissait songeuse. J’aimerais écrire un livre si simple, mais vrai.
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Si tu écrivais ta propre biographie, quel serait le titre?
Il vaut mieux vivre intensément que regretter.