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Le Monstre d’Ingrid

J’ai longtemps cherché l’angle que j’allais prendre pour vous parler du récit autobiographique et première parution de la comédienne et auteure Ingrid Falaise. Parce que lire Le Monstre, ce n’est pas drôle, ce n’est pas joyeux et c’est surtout frustrant d’être aussi impuissant en tant que lecteur face à ce récit épouvantable. Un livre qui nous raconte une véritable histoire puissante sur la violence conjugale, la douleur physique et mentale subie, la manipulation d’un être qui devrait nous protéger et nous aimer, ça ne peut que soulever toutes sortes d’émotions en nous, qu’on soit passé par là ou non. En lisant le livre d’Ingrid, croyez-moi, je suis passée par toute une gamme d’émotions, que ce soit la pitié, la tristesse, la joie, l’espoir, mais la plupart du temps, la colère, j’étais vraiment en colère, je dirais même en maudit contre Ingrid, mais surtout contre « M ». La féministe que je suis a été très souvent mise à l’épreuve lors de cette lecture et malheureusement, pour nous les femmes, des histoires comme celle d’Ingrid, il en existe encore beaucoup trop.

C’est sa vie de 18 à 20 ans qui nous est présentée dans ce livre qui est le plus grand cauchemar de toutes les filles de ce monde. Rapidement, l’histoire se passe comme suit : Ingrid (qui changera thumbnail_IMG_6962son nom pour Sophie) rencontre « M » dans un club du centre-ville de Montréal (« M » dont on ne connaitra jamais le nom, ni la provenance, mais on apprendra rapidement que M signifie Monstre, Manipulateur et la première lettre de son prénom et nom de famille), et dès le premier regard c’est le coup de foudre. Un homme magnifique, charmant, à qui tout semble réussir et qui lui chante la pomme comme jamais elle n’aurait pu l’imaginer. Hélas, sa lune de miel ne durera pas très longtemps, car rapidement et sournoisement « M » se présentera sous de moins bons jours. Il deviendra un manipulateur, un être violent, un violeur à un certain moment du récit, il nous sera même représenté comme un gourou de secte, car son pouvoir est si fort sur les gens qui l’entourent, et finalement comme un véritable monstre. Sophie (Ingrid), en amour par-dessus la tête avec son « M », ira jusqu’à le rejoindre dans son pays d’Afrique, loin de sa famille, de ses amis et de son monde pour mieux permettre à « M », finalement, de l’isoler et de la posséder à lui seul. Elle mentira à son entourage leur faisant croire qu’elle vit un rêve alors qu’elle est enfermée et battue dans le monde de son « M ». Elle se comparera elle-même à « Chien », le chien non-nommé de son « M » qui est enfermé 24 heures sur 24 dans un enclos adjacent à la maison de la famille de son bourreau et qui n’a jamais reçu un signe d’amour depuis sa naissance.

Bref, en faisant la lecture du livre d’Ingrid, on a l’étrange impression d’être dans une montagne russe, mais une montagne russe franchement désagréable, celle dont on sort la tête étourdie et le besoin de rentrer à la maison. Passant des rares bons moments qu’elle a vécus dans cette histoire aux pires moments inimaginables en l’espace de quelques lignes. Elle retournera vers lui plusieurs fois malgré le fait qu’il la frappera à nouveau, il la détruira à petit feu, la laissant pratiquement pour morte et la fera sentir comme une moins que rien, spécifiant tout l’amour qu’elle a pour lui et le pouvoir qu’il a sur elle. Elle ira même jusqu’à l’épouser dans son pays lointain espérant que son « M » gentil reviendra, alors que la situation dégénèrera davantage à la suite de cette union.

Sa famille étant présente tout au long du récit, on se demande à quel point elle pouvait être une excellente menteuse ou à quel point tout simplement la famille est impuissante dans une situation comme celle-ci pour ne pas avoir agi plus fortement. On a envie de prendre Sophie (Ingrid) dans nos bras (souvent!), de la serrer fort, de la rassurer et de lui dire viens et ne retourne jamais rejoindre cet homme, comme son père et sa mère le tentent si bien. On a envie de l’aider, mais on a surtout envie de changer les choses en lisant un récit comme celui-ci. C’est en atteignant le fond, sur le bord de la mort et l’instinct de survie dans le tapis, que le récit s’achève pour ensuite donner une lueur d’espoir à tous les gens, hommes et femmes, prisonniers d’une relation comme la sienne et que le livre se termine bien.

Pour conclure, je dirais que Le Monstre est une lecture nécessaire pour essayer de comprendre comment on doit se sentir dans une pareille relation, pour nous ouvrir les yeux et nous faire réaliser des choses, mais surtout pour cesser de juger les personnes prisonnières de ce type de relation. À lire en gardant l’esprit ouvert et le sens du jugement aiguisé, car sinon ce livre pourrait bien faire partie de votre liste jamais terminée, à cause de la douleur ressentie en le lisant. Un livre poignant, difficile à se sortir de la tête même plusieurs jours, voire plusieurs semaines après l’avoir terminé.

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Caroline est une petite blondinette avec un très grand cœur! Elle croit que rien n’arrive pour rien dans la vie et que ce qui l’a emmenée sur le fil rouge, c’est le destin. Au premier abord, elle peut avoir l’air un peu superficielle avec sa longue chevelure blonde et ses grands yeux bleus, mais c’est bien mal la connaître. Elle a certes un petit côté princesse, mais elle n’a pas peur de grand-chose. Après avoir fait un saut en bungee et s’être fait tatouer les 2 pieds comme premiers gros tatouages, on peut dire que rien ne l’effraie. Adepte des 5 à 7 et des bons restos, on peut facilement la rencontrer dans les nouveaux endroits branchés puisqu’elle est abonnée à tous les blogues gastronomiques ou de découvertes culinaires. D’ailleurs, elle adore cuisiner et est une fan finie des livres de recettes. Caroline ne se passerait pas de 5 choses dans sa vie; son amoureux, ses meilleures amies, sa montagne de livres, voyager et boire de l’excellent vin. Elle a un cerveau très analytique : elle analyse toujours tout, tout, tout et elle essaie toujours (ou presque) de voir la vie du bon côté. Elle a aussi un talent fou pour dédramatiser n’importe quelle situation avec sa grande patience et son mantra qui est « On choisit toujours ses batailles! ». Elle espère apporter au blogue un brin de légèreté, une nouvelle vision de la vie et partager sa passion pour la lecture de romans et de livres de psycho pop/développement de soi (son pêché mignon!).

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