Vous savez que j’ai l’habitude des trucs positifs, du moins en général pendant l’été. J’essaie de profiter du soleil, des parcs, de mes ami.e.s. Je suis dans un mood plus fun! Mais mon copain a mis entre mes mains le livre de Primo Levi, Si c’est un homme, publié en 1947. Puis, ça m’a rappelé ma chronique « Écrire l’indicible », à laquelle j’ai mis un frein puisqu’il me fallait lire autre chose, des romans qui m’ont permis de souffler un peu. Or, je ne peux pas passer sous silence cette lecture. Comme Primo Levi n’a pas pu taire sa souffrance, à la suite de sa déportation dans le camp d’extermination d’Auschwitz.
L’écriture du témoignage a intéressé bon nombre de théoricien.ne.s de littérature. C’est que Théodore Adorno, en 1949, s’est demandé comment on pouvait écrire après Auschwitz, après la Seconde Guerre mondiale. Il affirmait que cela allait contaminer les arts, mais surtout, que la culture s’est effondrée après ce « traumatisme social absolu » (Adorno). La réponse générale a été que justement, il fallait témoigner de ce Mal, raconter en quoi consistaient les horreurs vécues pendant cette période et dans les camps d’extermination. Ces réflexions ont bien sûr donné lieu à plusieurs publications : biographies, autobiographies, romans, films, et j’en passe. Les survivant.e.s ont permis au reste du monde de connaître les atrocités commises dans les camps.
C’est ce dont témoigne Primo Levi. Il m’est impossible d’en faire un résumé, voire de vous faire part d’une critique dite « constructive »… Comment juger un livre qui traite des limites de la souffrance humaine? Bien sûr, avec cette chronique, vous comprendrez que je vous recommande ce livre, mais je vous conseille toutefois d’être bien préparé.e, car vous ferez face à des mots qui disent l’atrocité qui peut exister autour de nous. C’est toutefois une lecture nécessaire, à mon avis, qui nous fait prendre conscience de… tant de choses.

Image de l’entrée du camp de concentration à Auschwitz
Je ne sais pas pourquoi je me suis torturée ainsi, mais j’ai aussi visionné le film Le fils de Saul. C’est à la fois le plus beau et le plus triste film qu’il m’ait été donné de voir. Des sentiments divers se répandaient en moi (se répandaient, littéralement, je les sentais se mouvoir à l’intérieur de mon ventre comme un poison…) : le dégoût, la tristesse, l’angoisse… Dès que les premiers mots du générique sont apparus, mes yeux se sont remplis de larmes, que je n’ai pu retenir. Mon copain, tentant tant bien que mal de me réconforter, me dit alors : « Respire, ce n’est qu’un film. » Et moi de rétorquer : « Non, ce n’est pas juste un film! C’est ben ça le problème! » Mes tripes me disaient à quel point l’humanité peut être laide. On a commencé à parler de Trump, de son histoire de mur, des immigrant.e.s… Et d’à quel point on a peur qu’une telle horreur comme Auschwitz puisse arriver à nouveau.

Primo Levi
Heureusement, nous avons réussi à terminer notre conversation sur une note positive, en pensant aux autres personnes, à celles qui nous font du bien, à nous et au monde. Puis, j’ai pensé aux autres livres, aussi, à ceux dont on parle abondamment sur ce blogue, ces livres qui font du bien! Je continue d’espérer que l’écriture du témoignage pourra un jour servir à témoigner non pas d’un traumatisme social, mais d’une évolution collective d’envergure internationale… Il faut bien continuer d’espérer. Et je pense que d’autres lectures me permettront de panser cette plaie, ouverte avec les mots de Levi et le film de Némes. Non pas qu’il faudrait éviter ce type de lecture, au contraire; je crois que nous en avons besoin pour justement prendre conscience de la chance que nous avons. Or, ça fait aussi du bien, parfois, de lire sur cette beauté et cette humanité qui nous entoure, surtout en plein été…! 😉
Merci pour cette chronique… L’effort de mémoire est important. Tu viens de le faire en parlant de ce livre
💜💜. Un bon week end…
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