Une des émissions pour enfants à avoir le plus marqué mon imaginaire fut les Moomins. Quand j’étais petite, je n’étais pas tellement une enfant qui aimait être vissée devant la télévision : je préférais de loin regarder des livres ou jouer à des jeux de rôles avec mes amis et ma famille. J’avais une imagination plutôt débordante (pour le meilleur et pour le pire) et un sérieux presque adulte dans mes mises en scène. Cette famille d’hippopotames blancs finlandais et leurs amis m’ont séduite par leur singularité, et par le fait que les morales qui résonnaient dans leurs histoires n’infantilisaient jamais le public. Là où la majorité des séries pour enfants misaient sur le grotesque, les Moomins, eux, misaient sur la philosophie.
Il y a quelques années, j’ai mis la main sur les livres imagés édités par Drawn and Quarterly, et j’ai immédiatement été reconquise. Tove Jansson, la « maman des Moomins », aborde des sujets tels que l’amour sous toutes ses formes (l’amour familial, l’amour impossible, l’amour qui fait mal), le narcissisme, la cupidité et l’avarice de manière tellement poétique que l’on ne peut qu’être absorbés par ses écrits et ses illustrations.
Cette année, j’ai commencé 2017 en me plongeant dans l’édition anniversaire de luxe des bandes dessinées Moomins, encore chez Drawn and Quarterly. Publiée en 2014, cette pièce de collection fêtait le 100e anniversaire de la créatrice des Moomins.
Dans cet ouvrage (physiquement) lourd et (physiquement et littéralement) sublime sont réunies des histoires intemporelles crayonnées en noir et blanc, et je me suis à nouveau sentie envoûtée. Dans une atmosphère parfois légère, avec des décors fleuris, et parfois lourde, avec de gros traits durs et noircis, Moomin fait face à des dilemmes très humains. Comment vivre une vie pleine d’aventures quand on n’a qu’une seule envie; celle de rester confortablement chez nous? Comment satisfaire les demandes de nos proches tout en restant nous-mêmes? Comment apprendre à s’aimer en ne sombrant pas dans le narcissisme?
Je crois que ce sont ces paradoxes ancrés dans chacune des cases de Tove Jansson qui font de son oeuvre un classique pour tous les âges : on peut relire ses courtes histoires à plusieurs stades de notre vie et se sentir toujours aussi interpellés.
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