En février, j’ai eu la chance d’aller au spa pour mon anniversaire. Ce n’est vraiment pas quelque chose que je fais souvent, et pour moi, la journée entière doit servir à se faire plaisir, incluant le choix d’une œuvre littéraire qui correspond à l’ambiance. Je m’étais procuré, à sa sortie, la traduction de Fair-play par La Peuplade, qui combine le travail d’une de mes maisons d’édition préférées et l’œuvre d’une autrice qui m’intrigue. Je ne suis d’ailleurs pas la seule à m’y intéresser chez Le fil rouge! J’attendais un bon moment pour commencer ma lecture, et cette journée spéciale me semblait toute désignée.
Le résumé
Voici le résumé de l’éditeur. Si vous suivez ce lien, vous trouverez aussi quelques critiques.
« Jonna et Mari partagent leur vie entre leur appartement situé non loin du port de Helsinki, où leurs deux ateliers sont séparés par un grenier commun, et leur maison sur l’île, difficilement accessible lorsque le brouillard se lève. Partenaires bienveillantes et bavardes, les femmes peignent, écrivent, sculptent, filment, se retrouvent pour les pauses-café et cigarettes; elles se disputent, se soutiennent, philosophent à propos de tout et de rien. Au crépuscule de sa pratique, Tove Jansson conjugue dans Fair-play trois passions indissociables – le travail, l’amour et la liberté – et offre une profonde leçon de jeunesse, celle de toujours faire de sa vie une œuvre d’art. »
Trois éléments que j’ai particulièrement appréciés
- Les personnages sont âgé.e.s. J’ai une affection particulière pour les histoires de vieilles et de vieux. J’adore quand on nous montre des personnes âgées intéressantes, pertinentes, vivantes.
- Le style. Les chapitres sont courts, et malgré des ellipses temporelles, il y a une uniformité et un rythme qui s’installent au fil de l’histoire. Les dialogues sont faits de peu de mots et les échanges entre les deux protagonistes tablent souvent sur les non-dits. J’aime les non-dits et les silences qui parlent d’eux-mêmes et je trouve que c’est difficile à montrer par l’écriture. C’est vraiment réussi dans Fair-play.
- La liberté. Elle est partout. Tout comme le contexte et le style, qui ne sont pas exactement typiques de la fiction contemporaine, Jonna, Mari et leurs ami.e.s semblent se sentir très libres de ne faire que ce qui leur convient. Par exemple, Jonna et Mari annulent parfois des rencontres prévues avec d’autres pour visionner un film ensemble et en discuter entre elles, mais elles se laissent aussi toute la liberté de faire des activités chacune de leur côté avec d’autres personnes importantes dans leur vie. Elles ont une vie hors norme, et leur liberté traverse l’entièreté du roman.
J’ai bien aimé ma lecture, mais je dois avouer honnêtement que ça m’a fait moins forte impression que je ne m’y attendais. Et ce, malgré les éléments cités plus hauts, qui avaient tout pour me plaire. Peut-être que j’ai été surprise par le style de Tove Jansson, de qui je connaissais surtout les Moomins et que j’imaginais raconter des histoires « pour adultes » tout aussi chaleureuses, mais j’ai trouvé l’œuvre un peu froide et les personnages pas particulièrement sympathiques. Remarquez que c’est aussi ce qui les rend remarquables, leur grande liberté et cette absence de volonté de cadrer avec les normes sociales. Bref, une lecture un peu chaud-froid pour moi (à l’image de ma journée, entre sauna et douche froide!), mais que je recommanderais à n’importe qui, au moins pour la liberté d’être et d’aimer qu’on y présente.
Avez-vous d’autres œuvres à suggérer qui montrent de personnages menant leur vie comme bon leur semble?
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