Littérature étrangère
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Appelez la sage-femme : Du rire aux larmes, la vie dans tous ses états

Jennifer Worth; Call the midwife; Appelez la sage-femme; Londres; 1950; Angleterre; Le fil rouge; le fil rouge lit; bibliothérapie; littérature; lecture; livres; les livres qui font du bien; littérature étrangère

Il y a quelques années, l’infirmière britannique Jennifer Worth a constaté qu’il y avait très peu d’information disponible sur le rôle joué par les sages-femmes en Angleterre, particulièrement au XXe siècle. Afin de remédier à la situation, elle a décidé d’écrire ses mémoires sur l’époque où elle était elle-même sage-femme, dans les années 1950 à Poplar, un quartier pauvre de Londres. Sous sa plume, elle fait revivre tout un quartier, aujourd’hui disparu, dans une trilogie aussi captivante qu’émouvante.

« J’ai fait plusieurs autres visites ce matin-là, mais mon esprit revenait continuellement à Mrs. Warren. Elle sortait vraiment de l’ordinaire. La plupart de nos patientes étaient des Londoniennes originaires de ces faubourgs, comme leurs parents et grands-parents avant eux. Les étrangers étaient rares, surtout parmi les femmes. Toutes les habitantes du quartier menaient une vie très collective et se mêlaient sans cesse des affaires les unes des autres. Mais si Mrs. Warren ne parlait pas l’anglais, elle ne pouvait faire partie de la communauté des femmes. » (Worth, 2002:212-213)

Chaque livre est divisé en plusieurs chroniques qui présentent chacune la place importante qu’occupait les sages-femmes à Londres, comment le nouveau programme d’assurance-maladie a eu un impact positif, mais c’est aussi un témoignage de la vie des gens qui habitaient le mythique quartier des docks. Certaines chroniques sont simplement touchantes par leur humanité. Je pense notamment à cette mère de 24 enfants qui affronte toutes les épreuves de la vie en chantant et qui met dans ses gestes toute la tendresse dont elle est capable. Certaines chroniques sont amusantes, comme la maladresse pleine de bonne volonté de Chummy, l’une des sages-femmes. Beaucoup sont tristes, particulièrement lorsqu’il est question des « workhouse », qui faisaient office d’aide sociale pour les pauvres au début du XXe siècle. Maintes fois j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, bouleversée devant cette humanité en détresse. Je me suis attachée instantanément aux personnages, j’ai espéré avec eux, j’ai senti leur anéantissement dans les moments de drame.

Ces livres sont à la fois une mine d’or d’information sur la vie sociale de tout un quartier, une leçon linguistique sur les expressions « cockney » et un plongeon dans les émotions humaines. Ils mettent en valeur une autre façon de faire de la médecine, beaucoup plus personnelle, plus attentive. L’accouchement, une expérience éminemment féminine, semble devenir une expérience simplement humaine et c’est ce qui fait toute la beauté de ce témoignage. J’ai ri, j’ai surtout pleuré en lisant ce livre, mon âme mise à nue comme toutes ces femmes lorsqu’elles donnent naissance à un enfant. L’écriture magnifique et tremblante d’émotion de Jennifer Worth m’a captivée, elle est venue me chercher et m’a donné le goût d’en apprendre davantage sur le rôle des sages-femmes, témoins des moments les plus intimes et les plus spectaculaires de la vie.

Et vous, quel est le dernier livre qui vous a fait pleurer toutes les larmes de votre corps?

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