Je ne suis pas une très grande lectrice de séries, mais celle-ci fait exception. L’amie prodigieuse dont j’avais parlé avec beaucoup d’émotion juste ici m’a conquise. Et je dois avouer que le deuxième tome, Le nouveau nom, m’a aussi obnubilée.
J’avais tellement hâte – et beaucoup d’attentes – face à ces retrouvailles. C’est en juillet dernier que je me suis laissée captiver et fasciner par cette histoire d’amitié avec le premier tome de la série. Je voulais retrouver cet amour et cette tendresse que je portais envers ces deux filles, Lila & Elena. J’avais tellement pensé à elles au fil des mois. Cette série a le don de nous faire vivre, vieillir, évoluer avec ses personnages et d’ainsi avoir l’impression qu’ils nous habitent un peu. C’est exactement cela ; j’étais accompagnée de Lila & Elena. Durant mon voyage à Naples bien sûr, mais à Montréal aussi. C’est une lecture qui m’avait beaucoup marquée, alors j’étais fort heureuse et nerveuse de retourner à Naples avec elles.
Elena & Lila, vous ne m’avez pas déçue. Vos vies m’ont encore émue et fait pleurer. J’étais révoltée, fâchée, enragée en vous suivant dans vos aventures, mais surtout, j’étais ravie de vous retrouver.
Quand le destin frappe encore plus fort
Dans ce deuxième tome de la série, on retrouve les filles le soir du mariage de Lila avec Stéfano. C’est cet événement qui chamboule la dynamique entière de la vie de Lila, de son avenir, de ses perceptions d’émancipation, mais aussi de leur amitié. Lila qui méprise et n’aime pas son mari se soumet à lui, à ses décisions professionnelles et tout doucement, cela la brise et fait faner en elle tout espoir de lumière. Quant à Elena, la narratrice du récit, elle a la chance de continuer ses études et de s’éduquer. Elle se distancie de plus en plus de son milieu modeste, de sa famille et de son petit village. Elena vit avec beaucoup de tristesse et de honte face à ces deux mondes ; celui de l’éducation où elle brille et son monde bien à elle, pauvre, traditionaliste et aliénant. L’éloignement qu’elle ressent face à sa famille est émouvant, car on y perçoit vraiment le choc des générations. La relation avec sa mère est aussi très difficile, comme si celle-ci lui en voulait d’avoir des possibilités qu’elle n’a pas eues, tout en faisant preuve d’une certaine chaleur vis-à-vis sa fille, ce qui fait de leur relation une des plus complexes pour nous, mais aussi pour Elena. Malgré ses doutes et son manque de confiance, Elena reste, à mon sens, un exemple de courage, d’intelligence, de curiosité et de résilience.
Lila, de son côté, a délaissé les études et tente de trouver une liberté par le mariage. Entêtée et loin d’être totalement soumise, Lila n’hésite pas à faire ce qui semble inconvenable pour une épouse, surtout mariée à Stéfano, un homme respectable dans le village et riche. Lila est fonceuse et ne se laisse pas marcher sur les pieds, et ce, malgré les longs moments de noirceur qui se pointeront sur son chemin.
« Nous avions grandi en pensant qu’un étranger ne devait même pas nous effleurer alors qu’un parent, un fiancé ou un mari pouvaient nous donner des claques quand ils le voulaient, par amour, pour nous éduquer ou nous rééduquer.»
L’amitié dans tout cela ?
La prodigieuse amitié qui les unit est remise en doute et n’est pas de tout repos ; le désespoir d’Elena, comme celui de Lila, sera mis à grande épreuve. Elles partiront à la plage pour un été avec la belle-soeur de Lila et sa mère. Ce voyage devait aider Lila à se remettre en santé pour, par la suite, offrir un enfant à son mari. Or, ce fut surtout le voyage qui changea tout. L’amour viendra se frôler aux filles et leurs désirs communs de réfléchir, de rêver, d’apprendre viendront tout chambouler leur relation.
Elles sont toutefois habitées d’un sentiment de liberté plus grand que tout et d’une curiosité qui dérange. Elles sont fortes, puissantes, convaincues de pouvoir avoir mieux que ce que l’enfance leur faisait voir comme avenir. Elles sont obstinées, entêtées et incroyablement inspirantes. Toute cette détermination ne sera rien sans leur force de résilience qui est touchante, fabuleuse et prodigieuse.
L’écriture d’Elena Ferrante est franche et on se laisse entrainer dans le récit d’Elena – le personnage – qui nous raconte à sa façon la perception des événements. Très franches et portées sur les détails, les émotions et les impressions, les aventures italiennes des jeunes filles nous fascinent et nous incitent à lire à toute vitesse ce deuxième tome de 554 pages.
Leur amitié est loin d’être ‘normale’ et classique. Elles se blessent, se manipulent, se comparent, s’insultent, se méprisent, sans jamais cesser d’être la personne la plus importante l’une pour l’autre. Elles font face à des drames et à des trahisons, mais ce qu’on retient le plus de ce roman, de cette amitié, c’est leur singulière envie d’émancipation. Elles sont rivales et complices en même temps, ce qui fait de leur amitié une des plus complexes, mais des plus fortes, authentiques et belles que j’ai eu la chance de lire.
Avez-vous eu la chance de lire le troisième tome de la série ? De mon côté, je m’y lance très bientôt!
J’ai beaucoup aimé les deux premiers aussi. Mais j’attends que le troisième sorte en poche!
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Je suis justement en train de lire le troisième tome. Peut-être pas autant de questions que dans le deuxième, mais encore beaucoup, ce qui parfois peut paraître redondant et pourtant, elles ont bien leur place et dans la vie, je m’en pose autant. La lecture du deuxième tome étant un peu loin dans mon esprit, j’ai eu un peu de difficulté à me retrouver dans tous ces prénoms en « o », mais là encore, c’est secondaire.
Si les premiers chapitres m’intéressent beaucoup en tant qu’auteure, par la suite, il est beaucoup question des problèmes ouvriers et sociaux, ce qui aurait pu être moins intéressant, mais toujours présentés avec le point de vue, et le langage de Lila, donc je lis tout goulûment.
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