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Nos plumes comme des armes : un recueil nécessaire et poignant.

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Nos plumes comme des armes – Our words as weapons- est un recueil de poèmes engagé et  bilingue qui a pris vie suite à la colère et l’indignation de son instigatrice, Elisabeth Massicoli. J’ai décidé de lui poser quelques questions pour en savoir un peu plus sur ses motivations, ainsi que le travail derrière la création d’un recueil comme celui-ci.

Le recueil

Le recueil de 25 textes et de 20 illustrations est, dans un premier temps, magnifique. On ne peut passer à coté de l’attrait visuel qui est un beau plus value à la puissance des textes, tout en leur laissant la place nécessaire pour être et se tenir entièrement d’eux-mêmes.

À l’intérieur, on retrouve donc 25 poèmes, en anglais, en français, courts, longs, de tous les genres. On y parle de féminisme, de racisme, de la place des femmes. Les sujets sont tout aussi variés et uniques que les formes et les personnes qui les ont écrits.

C’est vraiment dans cette diversité des textes et des approches que se trouve la force de Nos plumes comme des armes.  Le pari de créer un espace sans jugements, inclusif, pour des femmes, par des femmes, est bien réussi. On ressent la colère, mais aussi l’espoir et, surtout, la nécessité d’un tel ouvrage.

Lors du lancement, à l’appart 200, quelques uns des poèmes furent lus à haute voix. C’était une expérience doublement poignante et puissante d’entendre ces femmes lire leurs propres écrits avec autant de force et ça donnait encore plus le goût de se plonger dans chacun des poèmes, dans chacune des illustrations.

Pour vous procurer le recueil, vous n’avez qu’à vous diriger sur le site web Nos plumes comme des armes . Sachez que tous les profits des ventes irons à trois organismes luttant contre l’intolérance. (Action Réfugiés Montréal, Hélem Montréal et le Centre multiethnique de Québec)

Photo : Kim DL

Quelques questions à Elisabeth Massicoli.

Dans la préface du recueil, tu parles un peu de tes motivations derrière la création de ce projet, peux-tu nous en dire un peu plus ? 

C’est suite aux attentats de Québec, en janvier dernier, que j’ai eu comme un trop-plein de colère. À l’ère de Trump, c’était comme la chose de trop. J’étais enragée, triste et j’avais peur. Fallait que je fasse quelque chose de constructif avec ça. Comme écrire et éditer est mon métier, j’ai pensé écrire quelque chose, mais je me suis rendue compte que, dans le fond, c’était pas à moi de prendre la parole. Je suis quelqu’un d’extrêmement privilégié. Je suis une femme blanche, hétérosexuelle, cisgenre, en bonne santé physique et mentale, riche… Disons que, même si je peux avoir de l’empathie pour les struggles des autres, moi, je ne vivrai jamais vraiment de discrimination. J’ai donc décidé de créer un recueil qui, justement, servirait de porte-voix à d’autres femmes. Des femmes de tous les milieux, de tous les âges, de toutes les confessions, de toutes les origines, de toutes les orientations sexuelles. J’ai lancé un appel de textes, et j’ai reçu plus de 100 textes et une quarantaine d’illustrations. Visiblement, les femmes étaient aussi fâchées que moi – sinon plus! – et avaient envie de se vider le cœur.

Quels étaient tes critères de sélection pour les textes et les illustrations ? Es-tu plus allée avec tes émotions, avec certaines valeurs ou ligne éditoriale ? 

Dans mon appel de texte, j’avais mentionné qu’il n’y avait pas de ligne éditoriale. Que j’allais en créer une par la suite, en regardant les thèmes abordés par les auteures et les illustratrices. Je voulais qu’elles écrivent ou qu’elles illustrent leur colère, ou leur tristesse, ou leur indignation, ou leur espoir… Je voulais que ça parte de leur cœur, de leurs tripes! Après avoir lu et regardé toutes les soumissions, je me suis rendu compte que le thème, c’était ça : la colère. Une écoeurantite du climat social actuel. Tous les textes étaient poignants, mais j’ai choisi – avec l’aide de mes amies Théo et Gabrielle qui se sont beaucoup impliquées dans le projet – 33 textes  et 17 illustrations qui résonnaient plus fort.

Chacun des textes porte la voix d’une femme unique et pourtant le tout est très rassembleur, on y retrouve une belle unicité dans le message. Comment expliques-tu ce résultat ? Est-ce un travail d’édition ou est-ce que c’est ce qui est ressorti naturellement des textes sélectionnés, sans que ce soit nécessairement conscient ?

C’est ce qui est ressorti naturellement des textes sélectionnés. Comme mentionné plus haut, on a choisi ceux qui résonnaient le plus, qui nous parlaient le plus. Et comme on est nous-même en colère et qu’on a choisi les textes subjectivement, je pense qu’on a gardé les plus fâchés! Reste que, même si de la rage émane des mots et des images du recueil, il n’y a pas que ça. Il y a aussi des messages d’espoir et de solidarité.

C’est un recueil poignant et fort qui contraste avec son visuel plus « doux  » est-ce une métaphore à ne pas sous-estimer les femmes et le pouvoir de leurs paroles, autant de manière individuelle que collective ? 

En fait, je n’y avais pas pensé! Pour moi, féminité n’est pas synonyme de douceur, au contraire. J’ai fait – en fait j’ai rien fait, c’est la merveilleuse Elsa Rigaldies qui a fait tout le graphisme et Valery Lemay qui a illustré la couverture – un recueil que je trouvais beau, tout simplement. Les images qu’on a reçues étaient toutes très pastel, très douces, c’est ce qui a donné le ton au résultat final.

– Nos plumes sont des armes est un recueil qui s’inscrit bien dans les lignés -de plus en plus grandes- des oeuvres qu’on dit « nécessaires ». S’il n’y avait qu’un message à retenir de tous les textes, lequel serait-il, à ton avis ? 

Je pense que c’est que les femmes sont en colère, et que cette colère est légitime.

 

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Curieuse depuis toujours, Marjorie s’intéresse à un peu tout, avec un penchant marqué pour les mots, le féminisme, les phénomènes de culture populaire et les mystères de la vie. Elle est bachelière en littérature et cofondatrice du Fil rouge, à travers duquel elle tente de faire son petit bout de chemin, lire le plus possible et surtout, apprendre et connecter avec les autres. Naviguant tant bien que mal à travers la vingtaine, elle trouve ses assises dans la lecture et l’écriture, cherchant toujours à comprendre un peu mieux les contradictions qui rendent la vie intéressante. Elle croit que la littérature fait partie de ces choses qui peuvent changer une vie, la rendre un peu plus douce et mettre un baume là où il faut.

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