Alors qu’elle se retrouve célibataire à 30 ans, Emily Witt, journaliste pour la prestigieuse revue N+1 à New York, se pose des questions sur l’amour, la sexualité, le couple. La révolution sexuelle est loin, les relations amoureuses ont bien évolué, et elle décide d’enquêter, tant pour comprendre ce qu’est devenu le couple que pour mieux connaître sa propre sexualité. Elle pose ses bagages à San Francisco et dresse le portrait de nouvelles pratiques sexuelles : sites de rencontre virtuels, gigantesques festivals libertaires, castings pornographiques extrêmes, méditation orgasmique, polyamour. Emily Witt les explore tous et va jusqu’à tester elle-même certaines de ces méthodes. Elle met en scène ses doutes, ses fous rires, ses angoisses et ses coups de spleen, et questionne ce qu’est devenu le sexe dans une société ultramoderne.
Divisé en 9 textes mettant en scènes différentes expériences et questionnements, Émily Witt aborde la sexualité, les rapports humains, l’esprit de communauté et certains tabous avec l’esprit ouvert, sans pour autant mettre de côté son sens critique. Alors que certaines des expériences qu’elle expérimente m’ont surprise et ont égayé ma curiosité, c’est véritablement son approche et son ouverture qui m’ont accrochée tout au long de Future Sex.
Une approche à la fois journalistique, pratique et personnelle.
On ne peut passer à côté du fait que, à la base, Emily Witt est journaliste et ça transparaît vraiment à travers ses textes. Comme le dit si bien le quatrième de couverture, ses écrits sont entre parcours initiatique et récit d’investigation. Elle ne parle pas sans connaissance de cause et expérimente ses propres questionnements. Lorsqu’elle parle des applications de dating, elle s’y inscrit. Lorsqu’elle parle de pornographie hardcore et BDSM, elle assiste à un tournage pornographique, discute avec l’actrice, avec la réalisatrice et cherche simplement à comprendre, sans jugements, tout en ne s’enlevant pas le droit de donner son point de vue. On se retrouve donc face à des textes en équilibre entre recherche et perception et ça marche vraiment bien. J’ai véritablement adoré le style de l’auteure, simple, personnel tout en étant recherché et appuyé par des faits, des entrevues, des conversations et des expériences qui la poussent à sortir de sa zone de confort.
Ça prend aussi un grand désir d’authenticité pour se mettre en mots, en action et à nu (dans tous les sens du terme) comme le fait l’auteure. À travers des questionnements qui résonnent en nous, c’est aussi une quête bien personnelle qu’elle offre à tous. C’est inspirant de voir une femme qui se questionne ainsi sur le désir sexuel, sur les pratiques de notre génération, sur l’industrie du sexe et sur l’amour de manière aussi ouverte.
Une approche féministe et assumée.
On retrouve, dans Futur Sex, une approche féministe qui m’a vraiment plu. C’est assumé et bien présent, autant dans ses choix d’expérimentations que d’entrevues. Dans le second chapitre, elle s’intéresse à la méditation orgasmique, une technique inventée par une organisation semi-sectaire qui met de l’avant le désir féminin et l’importance du sexe sans attachement. Lorsqu’elle s’intéresse à la porno, c’est en parlant des préjugés du milieu, en discutant avec des réalisatrices féministes qui proposent aux femmes de se réapproprier leurs désirs, sans censure. Vers la fin, Witt consacre aussi un chapitre entier à la contraception et la reproduction. C’est un chapitre qui, bien qu’il n’ait pas de lien direct avec les autres, est d’une importance capitale, car il fait partie intégrante de son exploration et de ses questionnements sur sa propre sexualité.
Sans équivoque, l’écriture de Witt est féministe, non seulement dans le sujet, mais dans l’approche. C’est, à mon avis, bien conscient et tellement important d’en reconnaître la valeur et l’impact.
Future Sex représente quatre ans de recherche, de travail, d’enquête, de vécu et d’expériences. Alors qu’il serait bien difficile de condenser quatre ans en à peine 300 pages, Witt réussit à ressortir l’essence et l’importance de ses propos et de ses questionnements, tout en laissant une place au quotidien, aux gens, aux peurs et à la mise à nu de soi. C’est déroutant, authentique, drôle et tellement important. C’est un plaidoyer pour l’amour et la sexualité post-moderne, peu importe la forme que cela prend pour vous. Que vous vous questionniez ou non sur notre propre rapport à la sexualité, aux relations dans notre ère post-moderne, vous trouverez certainement quelque chose sur quoi réfléchir dans ce livre de Emily Witt.
Quel livre vous a fait le plus réfléchir sur les relations humaines?
Oh! Ça m’intéresse vraiment de le lire!
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